Vous connaissez sûrement le dicton « on déteste toujours ses voisins », eh bien c’est vrai. Que ce soit parce qu’ils vous saluent à toquer chez vous tous les samedis soirs pour vous demandez un tir-bouchon, ou simplement parce qu’on est rivaux avec ses voisins comme on peut l’être avec un frère ou une soeur, on voit bien dans le foot que souvent, les pays (ou les villes) qui sont voisins se détestent.
Voici quelques exemples d’équipes qui préféreraient vendre leur mère plutôt que de voir leur rivaux gagner.
Le Brésil et l'Argentine
On le sait, les Brésiliens et les Argentins ne peuvent pas se blairer (en tout cas en terme de foot).
Lorsqu’en 2014, l’Argentine était en finale de Coupe du Monde au Brésil, les Brésiliens étaient en pleurs et ont littéralement prié pour que Messi et les siens perdent face aux Allemands. Ces mêmes Allemands qui leur avaient pourtant infligé le fameux 7-1, chez eux, seulement quelques jours avant. C’est dire à quel point la rivalité entre les deux pays est grande (même si Messi et Neymar ont l’air d’être de bons potes).
Le Brésil et l'Uruguay
Vous allez penser que le Brésil est le rival de tous les pays en Amérique du Sud, et c’est pas totalement faux, mais par dessus tout, il y aussi l’Uruguay. L’histoire remonte un peu, elle remonte à la première Coupe du monde organisée au Brésil, celle de 1950.
Les Brésiliens se souviennent de cette Coupe du Monde comme un drame national, car ils ont perdu la finale dans un Maracana rempli face à l’Uruguay. Les Brésiliens ne s’en sont jamais remis, certain pensent même être maudit : la malédiction de toujours perdre à domicile, pas simple.
L'Allemagne et les Pays-Bas
Cette haine a disparu avec le temps, les Néerlandais et les Allemands se sont un peu calmés la dessus. En même temps, ils reviennent de loin, il y avait un temps ou les matchs Pays-Bas vs Allemagne ressemblaient totalement à une boucherie chevaline. Et cette rivalité a une origine politique et pas vraiment sportive, elle remonte en fait à la seconde guerre mondiale, lorsque les Néerlandais étaient occupés par l’Allemagne nazie. Cette haine a mis du temps a disparaître parce que dans les années 70 à 90, ça se ressentait bien sur les terrains de foot. En 1970 dans un match qui opposait l’Ajax Amsterdam au Bayern de Munich et que les Néerlandais avaient perdus 1-0, le milieu de terrain Wim van Hanegem avaient dit en pleurs dans une interview: « je me fichais pas mal du score, 1-0 suffisait tant que nous pouvions les humilier. Je les hais. Ils ont assassiné ma famille. Mon père, mon frère et plusieurs membres de la famille. J’étais angoissé à chaque fois, j’ai affronté l’Allemagne. » Pas très bonne ambiance, heureusement 30 ans plus tard les tensions se sont largement apaisées entre les deux nations.
Boca Juniors et Rivers Plate
On parle ici du Superclasico Argentin, sûrement l’un des matchs les plus en tensions que l’on connaisse. Boca et River sont deux clubs de la même ville, Buenos Aires, mais aussi du même quartier, le quartier de la Boca, ce qui fait que la rivalité du territoire entre les deux clubs va très rapidement naitre. C’est le 24 aout 1913 que les deux équipes s’affrontent pour la première fois. Au cours de la rencontre, les rivalités se font ressentir et vont rapidement dépasser le cadre du terrain. Quelques temps plus tard, le club de River Plate quitte le quartier de la Boca pour s’implanter dans celui de Nunez. Le quartier de Nunez étant un quartier plus riche que Boca, les joueurs vont être considérés comme des « millionarios » (millionnaires) et cela va d’autant plus creuser la différence avec les joueurs de Boca Juniors, devenant le symbole des classes populaires, et ainsi alimenter la rivalité entre les deux clubs. Cette rencontre devient donc rapidement un choc des classes avec des enjeux dépassant le cadre sportif. Le premier Superclasico professionnel a lieu en 1931, et une bagarre générale explose entre les joueurs après que trois joueurs de River Plate aient été expulsé pour avoir contesté un but de leur adversaire. Le match est arrêté en plein milieu, et bien sûr, il y eut ensuite des bagarres entre les supporters qui ont été dispersés violemment avec du gaz lacrymogène
La tension entre les clubs est donc déjà bien instaurée, quand en 1968 River Plate reçoit le Boca Juniors. Les supporters visiteurs étaient placés dans une tribune spécifique du stade et devaient descendre une centaine de marches pour atteindre la porte qui menait à l’extérieur. Néanmoins cette porte est fermée ce qui provoque des mouvements de foule. 150 supporters sont blessés et près de 70 supporters trouvent la mort dans cet épisode tragique. Evidemment, cela ne faire que grandir la haine déjà présente, des supporters de Boca envers ceux de River Plate. Depuis la rivalité entre les clubs est l’une des plus importantes au monde, si ça n’est la plus importante.
Celtic Glasgow vs Glasgow Rangers
Le Old Firm game, comme on appelle le derby entre les deux équipes, remonte au début du XXe siècle.
La rivalité tient d’une différence religieuse : on a d’un coté le club catholique du Celtic Glasgow, et de l’autre celui du Ranger, d’appartenance protestante. Le Celtic Glasgow a été créé par des migrants Irlandais (qui fuyaient la famine) en 1887. A la différence des Rangers qui sont proches de la communauté protestante de la ville, les Celtics sont proches de la communauté irlandaise catholique. De plus les Ecossais sont en majorité loyaux envers la couronne d’Angleterre, alors que les Irlandais sont plutôt hostiles au royaume.
La rivalité est donc née de cette différence, et a été accentuée par plusieurs faits marquants, notamment l’arrivée du gardien polonais Arthur Boruc au Celtic Glasgow en 2005. Il alimente rapidement une vraie rivalité avec les Rangers, en se signant par exemple d’une croix catholique en face des fans des Rangers (en 2006). Bref, vous l’aurez compris, les deux clubs n’ont pas fini de se détester.
L'OL et St-Etienne
Cette rivalité est vielle comme Hérode, c’est peut-être l’une des plus anciennes parmi les clubs français. La haine entre Lyon et St-Etienne date de plus de 70 ans et les derbys sont toujours aussi fous. Et une fois encore il s’agit de rivalités politiques et /ou sociologiques qui se sont manifestées ensuite dans le foot. On a d’un côté Lyon la bourgeoise qui s’est développée dans la fin du 19e siècle de manière exponentielle et vers des métiers de plus en plus éloignés de l’industrie, face à St-Etienne la prolétaire, plus ancrée dans une appartenance ouvrière. Mais malgré les différences économiques, sur le plan footbalistique, pendant de longues années, c’est St-Etienne qui domine, au niveau national comme européen. L’ancien président Stéphanois Roger Rocher (président de 1961 à 1982) avait même osé déclarer « En football, Lyon a toujours été la banlieue de Saint-Etienne ». Aujourd’hui la tendance s’est peu à peu inversée, mais la tension existe encore bel et bien.
L'OM et le PSG
La rivalité entre l’OM et le PSG est moins historique que celle entre l’OL et St-Etienne. Il s’agit plus d’une histoire de premier et de deuxième toute bête étant donné que Paris est la capitale et l’OM la deuxième ville de France. C’est aussi une question de « culture », vous remarquerez les Parisiens sont peu appréciés dans le reste de la France car on leur reproche d’être condescendants, forcément ça se ressent aussi dans le foot. Et depuis quelques années, la rivalité s’est exacerbée avec la montée en puissance du PSG. Historiquement, l’OM dominait le PSG en terme de palmarès, et ils peuvent toujours se vanter d’avoir une ligue des champions d’avance. Néanmoins depuis les 10 dernières années (depuis le Qatar quoi), Paris domine le championnat et c’est la seule équipe française qui a une potentielle chance d’être couronnée au niveau européen, même s’ils prennent bien soin de la gâcher systématiquement chaque année.
Le Barça et le Real
La classique des classiques : le Barça et le Real. La rivalité entre les deux clubs est bien plus ancienne qu’on ne pourrait le croire, et pour une fois, ses origines sont purement sportives (évidemment les choses se compliquent par la suite). Tout commence en 1916 en demi finale de la Coupe du Roi (équivalent de la Coupe de France), les deux équipes se rencontrent et les matchs (aller et retour) suscitent de vives critiques concernant l’arbitrage qui aurait sifflé plusieurs penaltys injustifiés en faveur des joueurs du Real. S’ajoute à tout ça une part historique : dans les années 30 Franco accède au pouvoir en Espagne et divise le pays entre les nationalistes (ceux dirigés par Franco) et les républicains dont les Catalans font partie. En 1936 le président du Barça est fusillé par les troupes de Franco, car il est accusé d’être un opposant au régime. Tout cela va alimenter le sentiment nationaliste catalan et attiser la haine envers le club de la capitale, symbole du pouvoir en place.
Évidemment toutes ces histoires sont bien loin de nous aujourd’hui, mais la haine que se vouent les deux clubs n’a jamais disparu, même si elle bien sûr redevenue purement sportive plutôt que politique.
Fenerbahçe et Galatasaray
Là on est parfaitement dans le modèle pauvres contre riches. Les deux clubs de la ville d’Istanbul nourrissent une rivalité historique, le Galatasaray est l’un, si ce n’est le, plus grand club de Turquie, il a été fondé par l’élite de la ville, quand le deuxième est plutôt d’origine populaire.
Les riches contre les pauvres, un classique, et on voit bien même à travers le foot que ce sont les riches qui gagent.
La Pologne et l'Allemagne
Exactement dans le même esprit que les Pays-Bas les Polonais avaient un profond seum contre les Allemands à cause de l’occupation nazie, on peut comprendre. Cette haine s’est ressentie durant de nombreuses années après dans le foot, ce qui a créé des derbys acharnés entre les deux équipes. Le petit problème pour les Polonais, c’est que même s’ils ont compté de très bons joueurs dans leurs rangs, ils n’ont jamais prétendu être au niveau des Allemands, ce qui a toujours créé des derbys un peu déséquilibrés.
Ah et bien sûr, les Polonais ont une rivalité similaire envers les Russes, on comprend assez bien pourquoi aussi.
Le Stade Rennais et le FC Nantes
Histoire classique entre frères ennemis, les deux clubs voisins ne peuvent pas se blairer uniquement parce qu’ils font partie de la même zone géographique. Qui bouffera le plus de beurre salé ? La rivalité s’est basée sur ça…
Pour terminer, la Serbie et la Croatie
Et là, il s’agit purement de tensions politiques qui se sont retranscrites dans le foot et qui donnent lieu à des matchs de folies ou les supporters se tapent clairement sur la gueule. Cette rivalité découle bien sûr d’un contexte historique hyper complexe qui remonte déjà à l’époque de l’Empire Austro-Hongrois. En effet, les Serbes avaient reçu des avantages sociaux que n’avaient pas les Croates, car ces derniers étaient moins « investis » dans la lutte contre les Ottomans. Puis dans la seconde guerre mondiale, pour la faire courte, la Croatie avait très peu d’indépendance dans le régime Yougoslave, ce qui a favorisé l’apparition de mouvements séparatistes croates souvent fasciste (comme le Parti Croate du Droit), et a amené à l’extermination et/ou la persécution du peuple serbe ou de descendance serbe encore présent en Croatie. Le camp de concentration de Jasenovac, créé pour exterminer le peuple serbe de Croatie est d’ailleurs le seul camp qui n’a pas été construit et dirigé par les nazis.
Cet héritage entre les deux peuples se traduit aussi dans le sport, où chaque rencontre (encore aujourd’hui) créer un engouement énorme et surtout de fortes tensions entre les équipes, pas très bonne ambiance.
Après tout c’est normal, on tous au moins quelqu’un ou quelque chose dans notre entourage qu’on ne peut pas blairer.