Les frontières, c’est tout pourri. Mais si, par exemple, le mythe des frontières imposées en Afrique qui aurait nui au développement du continent est en réalité un mythe entretenu par la mémoire colonialiste et n’offrant pas une clé de lecture suffisante, d’autres frontières tracées à la truelle sont manifestement l’oeuvre de petits farceurs.
Quand la Bosnie se fait bien bien niquer
Il suffit de regarder la carte et d’éclater de rire. La Bosnie a l’un des littoraux les plus petits du monde, parce que sa voisine, la Croatie, a tout simplement TOUT raflé. En réalité, la cité indépendante de Dubrovnik avait accordé au ancêtres des Bosniens un tout petit bout de littoral au XVII° et pouf. Quand la Croatie s’est constituée, elle a pris son petit littoral tranquille et a raccroché le territoire de Dubrovnik et c’est comme ça que la Bosnie s’est fait niquer.
La Norvège a construit un mur devant un mur
En 2015, la crise migratoire a frappé et la Norvège n’a pas été épargnée : 23.000 personnes ont formulé une demande d’asile. Du coup, qu’a fait le gouvernement quand il a paniqué de voir des Africains débarquer ? Il a décidé de construire un énorme mur parce que quand même on va pas mettre des Africains qui souffrent en Norvège, ce serait vraiment horrible. Sauf que le mur qu’ils ont construit ne sert strictement à rien : d’abord parce que les demandes d’asile ont reflué, mais surtout parce que la Russie avait déjà construit un mur encore plus grand et encore plus solide à cet endroit là. Et le plus marrant, c’est qu’en construisant leurs murs, les Norvégiens ont fait de la merde et ont envahi le territoire russe. Toujours aussi intelligent le protectionnisme migratoire.
Le Lesotho
Qui, un jour, s’est dit : « Tiens, si on faisait un Etat souverain au milieu de l’Afrique du Sud ? Comme ça, ça serait simple, on n’aurait qu’une seule frontière et elle serait uniquement avec l’Afrique du Sud, non ? » ? On se le demande, parce qu’il faut bien reconnaître que le Lesotho, enclave de la taille de la Belgique en plein milieu d’un Etat plus grand n’a aucun sens. L’intégralité des ressources économiques du pays dépendent de son voisin, ainsi d’ailleurs que la moitié de ses prises de position politiques. En réalité, cette aberration est liée à l’histoire de la colonisation, car le Lesotho est resté plus longtemps que ses voisins sous domination britannique.
La frontière entre le Canada et les Etats-Unis
Il y a parfois des choses étranges dans la vie : par exemple, des villages qui sont situés de part et d’autre d’une frontière. Et figurez-vous que c’est le cas, par exemple, entre les Etats-Unis et le Canada, où un bled proche de Vancouver est situé à cheval sur les deux territoires. Résultat, il y a des rues où l’on ne peut pas passer sans se signaler directement auprès des autorités migratoires américaines. Pas pratique quand on doit aller acheter du pain.
Rebelote entre la Belgique et les Pays-Bas
Eviedemment, c’est moins emmerdant, rapport à Schengen et à l’UE en général. Mais toujours est-il que si tout ça venait à s’effondrer, la ville de Baarle en souffrirait : située aux Pays-Bas, elle compte 26 zones en Belgique. Ce qui est pas hyper pratique quand même, et qui a nécessité l’installation d’indications partout dans la ville pour signaler aux gens où ils se situent, exactement.
Melilla
Héritage de la longue période d’Al Andalus, Melilla est une enclave espagnole sur le territoire africain. Ce qui signifie, concrètement, que si des Marocains réussissent à entrer dans la ville, et bah ils sont entrés en Europe. Alors il va de soi que les flics sont sur leurs gardes, mais faut reconnaître que c’est un défi légèrement plus abordable que celui de traverser la Méditerranée pour accoster peinard. Du coup on a droit aux miradors et aux murs histoire de mettre la bonne ambiance, sans compter sur la statue de Franco qui orne le nord de la ville, pour une ambiance encore meilleure.
L'Oblast de Kaliningrad
On sait que la Pologne n’est pas le pays le plus chanceux de l’histoire. L’Oblast de Kaliningrad en est une nouvelle preuve. Après s’en être pris plein la gueule par les nazis suite à la récupération du corridor de Dantzig, les Polonais ont à nouveau vu leur territoire coupé en deux, cette fois-ci par l’ingérence russe. Pendant la période soviétique, les Russes ont en effet décidé que ces anciens territoires allemands leur appartenaient et que c’était quand même bien pratique pour pouvoir accéder à la mer un peu plus bas. Cette enclave fout un bordel monstre sur l’application de Schengen et la Pologne se retrouve coupée en morceaux, mais les Russes s’en foutent, ils ont Kaliningrad et c’est tout ce qui compte.
Haïti et la République dominicaine
Plouf plouf ce sera toi qui aura la moitié de l’île au bout de trois un deux trois. Et voilà ce qu’on a fait au moment de se partager Haiti avec les Espagnols. On a eu un tiers et eux deux. Et vous savez quoi ? On a tracé une ligne, comme ça, toute droite. Sauf que les ressources de Haiti et de son voisin direct ne sont pas du tout du tout comparables. Résultat, Haiti s’en prend plein la gueule entre séismes et famine quand la République Dominicaine, elle, se porte plutôt bien avec le soutien des Etats-Unis et depuis que ceux-ci ont lâché Trujillo. Un peu comme si la Belgique était Haiti et qu’on trouvait ça tout à fait normal.
L'Arménie
Autre pays qui a pas eu beaucoup de cul, l’Arménie, génocide et tout le toutim, complètement coincé entre des puissances à velléités impérialistes. Ce qui est sûr, c’est que le territoire arménien n’est pas hyper pratique pour vivre : déjà il correspond à peine à un dixième de sa dimension historique, mais surtout il n’a aucun accès à la mer et se retrouve de ce fait totalement coincé entre la Turquie et l’Afghanistan, tout en scindant l’Azerbaïdjan en deux. C’est rassurant.
Dahala Khagrabari
Jusque récemment, Dahala Khagrabari était une enclave indienne au sein d’une enclave bangladaise elle même située dans une enclave indienne entourée de frontières bangladaises.Du coup, les habitants devenaient fous : ils pouvaient pas faire trois pas sans changer de pays et les services d’approvisionnement en eau et en électricité étaient simplement incompréhensibles compte tenu des territoires à traverser. Finalement, pour régler le problème, le Bangladesh et l’Inde se sont dit que, le plus simple, c’était que chacun reprenne les parties du territoire qui étaient chez lui et que les habitants auraient qu’à choisir leur nationalité.
Les frontières, c’est un truc de faibles.
Via : Cracked