L’alcool est pas très bon pour la santé (je ne vous l’apprends pas). Pour autant, se sentir paf – comme disent les vieux – est probablement le sentiment le plus agréable que le monde puisse nous offrir, léger décrochage au niveau du self control, la vie aux couleurs plus vive, on s’amuse plus. Dès lors, comment concilier santé de fer et bonheur ? En se cultivant qui plus est, grâce au cinéma qui est capable de transmettre plein d’émotions, y compris celle de l’ivresse sans ivresse.

Enter the Void

D’emblée, la caméra nous l’affirme en filmant à la première personne : nous sommes lui, nous sommes Oscar. Quand on se sent quelqu’un d’autre, c’est généralement que les réseaux neuronaux sont embourbés par des molécules de sucre qui ont mal tourné. Ensuite c’est la bérézina : mort qu’on est ; mort mais conscient puisqu’on flotte au-dessus de sa propre dépouille tout en faisant défiler les souvenirs. Peut-être aurait-on dû s’abstenir de boire cette dernière lampée de vodka.

L'Homme à la caméra

Bizarrerie permanente de 1929 avec une seule ambition de réalisation : ne rien emprunter au théâtre. Ça signifie donc : pas de scénario, pas de dialogues et des allers-retours bizarres entre l’image, celui qui la tourne et celui qui la voit. Odessa les années 20 façon voyons tout en même temps, omniscience expérimentale. A la fin, on prend un kébab pour se remettre un peu.

Under the Silver Lake

Un néo-néo-noir avec Andrew Garfield en figure errante : ni lui ni nous ne savons vers où tout ça nous mène. Ce n’est pas un film, c’est une promenade alcoolisée, une plongée dans la solitude d’un type flottant qui parle aux autres personnages comme on parle à un inconnu dans la file d’attente des toilettes – inutile de s’être présenté pour se connaître puisqu’on partage la même déconnexion intérieure – et a l’air en permanence de s’encourager face au miroir de la salle de bain. De jour, il est minuit et quart. Une fin de soirée permanente.

Inherent Vice

Rien qu’en voyant le regard de Joaquin Phoenix, on a le sentiment d’être contaminé par l’ivresse. Ensuite, rien ne fait sens : un flic qui se met à parler japonais, des banquiers cocaïnomanes et pornographes, des femmes disparues qui réapparaissent, des musiciens traqués qui se cachent au beau milieu de leur ancien groupe sans que personne ne les reconnaisse, strate après strate, chaque scène comme un shot de plus et jusqu’au coma éthylique. Et dire que certains jugent le film incompréhensible

Zardoz

A partir du moment où l’on voit Sean Connery en slip rouge à bretelles, moustache, munitions en bandoulière et natte solitaire descendant jusqu’au cul malgré la calvitie évidente, on se dit qu’il n’y avait probablement pas que de l’eau dans ce verre d’eau. Ensuite, on essaie de comprendre le film et là on se dit qu’en plus Sean Connery porte des cuissardes.

Ce contenu n'existe plus

Il n'a pas souffert, promis

Profession reporter

Des grands espaces, Nicholson qui prend l’identité d’un autre, une histoire bizarre, des mouvements de caméra amples, l’architecture de Gaudi puis le désert, des dialogues qui ne se répondent pas, des cadavres mais on ne sait pas vraiment qui ils sont, une voiture, de la poussière. Plus qu’un film, on dirait un rêve opiacé.

Les Derniers jours du monde

Apocalypse mondiale et Amalric qui se promène entre plusieurs villes pour faire l’amour plein de fois. Tu fermes les yeux une minute et Amalric est en train de faire l’amour avec une nouvelle femme. Tu clignes les yeux et il y a des bombardements pendant qu’Amalric fait l’amour encore une fois avec une nouvelle femme.

Lost Highway

Rien que le générique donne l’impression de conduire ivre sur une route américaine. Après, ce n’est qu’ambiance poisseuse : Bill Pullman se tait et joue du saxophone, regarde des cassettes vidéo, Rosana Arquette se met nue et se tait aussi, les lumières sont jaunes, Bill Pullman est filmé de très près dans des caves où il fait humide, c’est la nuit, il y a des cigarettes, on conduit… On se prendrait en voyant le film pour un détective privé à qui personne ne voudrait confier d’affaire et qui noierait son ennui dans un whisky bas de gamme.

Ce contenu n'existe plus

Il n'a pas souffert, promis

Rubber

Un genre de réinvention de Duel dans lequel le camion tueur est avantageusement remplacé par un pneu. Si malgré le pitch vous vous dîtes que vous êtes dans votre état normal au moment de regarder Rubber, c’est que votre état normal est inquiétant.

Belgica

Jamais scènes de fête au cinéma n’ont été aussi grisantes (on a plus l’habitude de scènes de fête pourries dans les films) ; quand la première soirée s’ouvre dans le bar, le taux d’alcoolémie du spectateur monte immédiatement de 5 points.

Hips. Si tu te sens bourré, demain tu pourras regarder ces films parfaits pour un lendemain de cuite.