La mafia et le cinéma entretiennent une relation ténue depuis de nombreuses années puisque vous avez probablement vu certains des meilleurs films de mafia. Mais en dehors de ce que vous voyez à l’image et du sujet que traitent ces œuvres, certains films ont véritablement eu des liens avec la vraie mafia et on vous propose d’en découvrir quelques-uns.
"Le Parrain" : l'équipe du film menacée par la mafia pendant la production
Le chef de l’une des familles mafieuses new-yorkaises des années 70 Joe Colombo n’aimait pas du tout la représentation des italo-américains dans la culture populaire. Il avait déjà pesté sur le roman de Mario Puzzo dont est inspiré le film et lorsqu’il a appris qu’une adaptation était en cours, il a demandé à ses hommes d’intimider l’équipe.
Le réalisateur et le producteur ont donc été suivis par des gens, ont reçu des mots de mise en garde et des appels téléphoniques pas vraiment sympathiques. À terme le producteur a accepté de rencontrer Joe Colombo et de procéder aux changements dans le scénario que lui demandait ce dernier, comme retirer les mots « Cosa Nostra » et « Mafia » du script parce que ça faisait mauvais genre. Les deux hommes seraient même devenus amis avec le temps, Colombo ayant apprécié avoir le droit de relire le scénario final avant le tournage.
"Le gang qui ne pouvait pas tirer droit" : une amitié fatale
L’acteur Jerry Orbach avait joué dans ce film des années 70 un rôle qui s’inspirait du boss mafieux Joseph Gallo. Il avait rencontré le gangster à sa demande après la sortie du film et était rapidement devenu ami avec lui. Visiblement les deux hommes étaient en train de manger ensemble un jour lorsque Gallo a été tué par balle, faisant de l’acteur Jerry Orbach un témoin oculaire du meurtre. Pendant l’affaire et jusqu’à sa mort, Orbach n’a jamais donné le nom ou la moindre information sur le tueur, comme s’il avait véritablement fait vœu d’omerta comme le font les vrais mafieux. Troublant.
"Scarface" (1932) : Al Capone qui vient "conseiller" l'équipe
Al Capone n’aimait pas vraiment les films de gangsters, il jugeait leur vision négative et trouvait que c’était globalement de la merde. Lorsqu’il a appris que Howard Hawks travaillait sur un film qui s’inspirait un peu de lui (et utilisait son célèbre surnom) il a donc décidé de s’impliquer dans le film sans qu’on lui demande.
Il a envoyé deux hommes de main qu’on n’a pas envie d’emmerder directement au studio pour vérifier le scénario, et c’est le scénariste Ben Hecht qui a répondu aux mafieux : « si on appelle ce film Scarface c’est uniquement pour que le public croit qu’on va parler de Capone alors que pas du tout. C’est notre forme de racket qu’on appelle le show business ». Finalement, Capone a apprécié l’honnêteté de Hecht et le film vu qu’il a même acheté une copie pour le regarder chez lui.
"Massacre à la tronçonneuse" : un film produit avec de l'argent sale
Vous ne le saviez peut-être pas, mais si vous avez vu ce film c’est complètement grâce à la mafia qui voulait blanchir du pognon en le produisant. D’ailleurs les bénéfices ont permis de créer une boîte de production dirigée par Louis Peraino, associé de la famille Colombo (rien à voir avec ce Colombo, on parle d’une des plus grosses familles mafieuses).
À l’époque, beaucoup d’argent sale était blanchi dans le cinéma, notamment le porno, et autant vous le dire l’équipe était très mal payée même si le film faisait de gros bénéfices. Les acteurs par exemple n’avaient touché que très peu de thunes et John Larroquette, qui faisait la voix du narrateur dans l’introduction du film, a été payé avec un joint roulé par le réalisateur Tobe Hooper.
"Les Affranchis" : un acteur du milieu
L’acteur Tony Darrow, de son vrai nom Anthony Borgese (que vous avez également vu dans Les Sopranos) n’était pas exactement acteur, il était mafieux. Après quelques années à rendre service aux bonnes personnes et à se lier d’amitié avec des haut placés du crime organisé, on l’avait placé à la tête d’un établissement de nuit fréquenté par des mafieux. Lorsque Martin Scorsese a fait son fameux film, il a décidé de caster Tony Borgese pour le rôle d’un gérant d’établissement de nuit mafieux, ça ne s’invente pas.
"Les Sopranos" : Un acteur qui a plus d'arrestations à son actif que de rôles dans des films
Si vous avez regardé l’excellente série Les Sopranos vous savez peut-être que certains acteurs baignaient plus ou moins dans le milieu du crime avant d’apparaître à l’écran. C’est le cas de Tony Sirico que vous connaissez sous le nom de Paulie Gualtieri, un personnage secondaire extrêmement important de la série.
Avant de devenir acteur le monsieur cumulait près de 30 arrestations pour des chefs d’accusations divers, et il avait travaillé avec la famille Colombo. Sa seule condition pour faire le rôle lorsqu’on l’a approché était que son personnage ne devienne jamais une balance. Un homme droit, enfin selon son propre code.
"Mafia Blues" : De Niro qui s'implique un peu trop dans son rôle
Afin de jouer un parrain de la mafia dépressif dans cette comédie, Robert De Niro avait décidé de s’impliquer énormément dans la création de son personnage, et pour lui ça passait principalement par la rencontre de véritables mafieux. Il a donc commencé à trainer avec Anthony Ruggiano, un homme surtout connu pour ses nombreux meurtres au service de la mafia, genre vraiment beaucoup de meurtres. Alors d’accord, il y a eu des morts, mais grâce à cette rencontre, De Niro était excellent dans le film, donc l’un dans l’autre ça s’équilibre…
Vous pouvez aller voir les clichés sur la mafia dans les films et les mafias les plus flippantes du monde, mais ça c’est pas du cinéma.
Sources : The Time, Paste magazine, Grunge, The Guardian, The John Flemming.