Partout dans le monde et à toutes les époques, il y a eu des comités plus ou moins publics chargés de vérifier la conformité des oeuvres cinématographiques avec les valeurs à la con prônées par la société. Pendant longtemps, la nudité, le sexe, l’homosexualité étaient des sujets tabous, de même que la violence extrême. Dès lors, comment pouvait-on en parler au ciné ? En contournant la censure intelligemment.

Stanley Kubrick a réussi à faire passer sa bande-annonce de Shining en mentant comme un arracheur de dents

Foutre du sang à mort dans les films, c’est pas easy easy aux Etats-Unis. Mais si y’a bien un endroit où tu peux pas foutre du sang partout, c’est dans les bande-annonces. Parce que les bande-annonces, il faut les faire approuver par un organisme indépendant très très chiant. Et autant dire que le trailer de Shining est peu avare en sang puisqu’on voit un torrent de sang se déverser dans un couloir d’hôtel. Alors est-ce que ça a pu passer ? Parce que Kubrick a raconté n’importe quoi. Il a dit aux mecs du bureau de censure que c’était pas du sang, mais de l’eau stagnante. Et les mecs ont marché.

Hitchcock a réussi à contourner le code Hays qui interdisait les longs baisers

Dans Les Enchaînés, Hitchcock voulait une scène dans laquelle Cary Grant et Ingrid Bergman s’embrassait hyper longtemps. Sauf que c’était interdit par la censure américaine de l’époque (rappelons qu’on est en 1946 à la sortie du film). Que fait Hitchcock ? Il transforme ce long baiser en plein (plein !) de petits baisers à la suite. Pendant 3 minutes.

Le bureau de la censure américaine a rendu South Park encore plus dégueulasse

Au moment de réaliser leur film, les créateurs de South Park ont été emmerdés non stop par le MPAA, le bureau de la censure américain. Sauf que, pour chaque truc qui leur était refusé, ils mettaient un point d’honneur à proposer une solution encore plus trash. Et généralement, ça finissait par marcher. Par exemple, quand les gosses découvrent la vidéo porno dans laquelle la mère de Cartman joue, ils voyaient au départ des images d’accouplement d’une femme avec un cheval. Après la censure du bureau, les créateurs ont rajouté une scène où les deux mangeaient du caca humain. Et c’est passé. Allez savoir, allez comprendre.

Le Faucon Maltais évoque clairement l'homosexualité à une période où c'était interdit

Dan le chef d’oeuvre de Howard Hawks, il y a Bogart, bien sûr, mais aussi Peter Lorre qui joue un méchant gay. Et ouvertement gay. Et quand il lui parle, Bogart fait clairement référence à son homosexualité, mais il en parle en argot. Et l’argot, ça, les mecs du Code Hays ne connaissaient pas. Du genre : « Tu joues au golf par tous les trous, c’est ça ? » Et tout le toutim.

Taxi Driver ou le comique de répétition

Vue la violence générale de Taxi Driver, Scorcese et ses producteurs avaient extrêmement peur de se retrouver avec une sortie interdite aux moins de 18 ans. Et pour éviter ça, bah ils ont tout simplement rien fait. Chaque fois que le MPAA leur faisait des reproches sur le films, ils attendaient un peu et renvoyaient le film tel quel, sans y avoir rien changé. Peu à peu, les censeurs se sont habitués à la violence du film et ont commencé à se dire que ça allait, c’était ok.

Betty Boop la tête de fesses qui doit se rhabiller

Lors de sa création, en 1931, Betty Boop était tout le temps en porte-jarretelles et dentelles. Les méchants qu’elle fréquente font des remarques très clairement sexuelles et tout ça finit par interpeller les censeurs américains qui imposent un relooking plus sage à Betty Boop et des activités moins tendancieuses, comme cueillir des fraises. Sauf que ce qu’ils n’ont pas vu depuis le début, c’est que Betty Boop, ce sont des fesses qui parlent, bordel de merde.

Crédits photo (Domaine Public) : Dave Fleischer

Montrer du sexe sans en montrer : la spécialité d'Hitchock

Le train couchette qui pénètre dans un tunnel juste après le moment où Cary Grant et Eva Marie Saint ont commencé à s’embrasser ; « ils sont beaux mes diamants, tiens-les » comme le dit Grace Kelly à ce même Cary Grant dans La main au collet… Sans compter sur les feux d’artifice en formes d’éjaculation qui succèdent à la scène. Bref, il fallait être con comme un censeur pour ne pas voir où Hitchcock voulait en venir.

Lubitsch contournait la censure en respectant les règles

Les censeurs étaient tellement dégoûtés par le sexe qu’ils ne pouvaient pas même le citer. Donc, plutôt que de dire « tout suggestion sexuelle est interdite au cinéma », le Code Hays précisait que, si l’on voyait un lit à l’écran, l’un des protagonistes de la scène devait avoir un pied par terre. C’est comme ça que dans Sérénade à 3, Lubitsch décrit la vie d’un ménage à trois et en montre les ébats, mais l’un des deux hommes du trouple a systématiquement le pied par terre.

Dans Shaun of the Dead, personne ne dit Fuck

Non. Les mecs disent « Funk ». Tous. Adultes, enfants, zombies ou pas. Funk. Un million de fois. Putain de bordel de funk.

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"*TUIUIUIUIUIU* Oui allô ? / Oui ce serait pour signaler un lien disparu / Ok on envoie nos équipes d'enquêteurs sur le coup"

Clouzot ou le mec qui fait croire aux nazis qu'il fait pas un film antinazi

Le Corbeau d’Henri-Georges Clouzot est probablement l’un des meilleurs films des années 40. Tourné en France occupée et produit par la compagnie allemande la Continentale, il raconte les déboire d’un médecin de campagne qui fait l’objet d’une campagne de calomnies via des lettres anonymes. En réalité, le film est une claire métaphore de la France occupée, de la délation et des pauvres gens, mais les Allemands adhèrent totalement à l’idée parce que, dans leur tête, ça dit juste du mal de la France. Le film sort donc et déplaît énormément à Goebbels. Clouzot aura ensuite des problèmes avec les nazis jusqu’à la fin de la guerre, puis avec ses pairs à la libération en raison de ses liens avec la boîte de production allemande.

La censure, c’est mal.