Un film, c’est une grande aventure humaine. Mais c’est surtout un produit culturel qui implique généralement pas mal de monde, depuis le scénariste jusqu’à la presse en passant par les producteurs et l’équipe technique, et tout ça représente un IMMENSE PAQUET DE THUNES. Entre la vision artistique et la réalisation finale, il existe parfois un écart conséquent lié à ce risque financier ; et parfois, le créateur est trop malin et réussit à tromper son monde en faisant exactement ce qu’il veut. Dans ce cas, il ment comme il respire et on ne lui en veut pas.
Coppola a menti des semaines à la prod à propos de Pacino dans "le Parrain"
La Paramount ne voulait absolument d’Al Pacino, alors quasi inconnu, pour incarner Michael Corleone. D’autant que le choix de Marlon Brando, semi-sur le retour et connu pour être incontrôlable sur les tournages, ne les ravissait pas. Pour imposer son choix, Coppola donc fait croire pendant des semaines qu’il travaillait avec un autre acteur tout en bousculant le plan de tournage pour montrer toute l’étendue du talent de Pacino dans des scènes au long cours et ainsi surprendre les producteurs par la qualité des scènes tournées lors des premiers visionnages. Pari gagnant.
Pendant son tournage, "Le Retour du Jedi" était annoncé comme un film d'horreur intitulé "Blue Harvest"
Histoire d’éloigner journalistes et curieux qui auraient aussitôt éventé la présence des ewoks et ainsi foutu en l’air la sortie du film, personne n’allant jamais le voir.
Pour avoir le rôle dans "Apocalypse Now", Lawrence Fishburne a menti sur son âge
Encore une histoire de Coppola. Pour avoir le rôle du soldat qui accompagne Martin Sheen sur son bateau vers la folie, Lawrence Fishburne a prétendu être âgé de 16 ans (le personnage était censé en avoir 17). Il n’avait pourtant que 14 ans, ce qui est vraiment jeune pour aller à la guerre, fût-elle au Vietnam. Mais cela ne fait que partie de la multitudes de trucs dingues qui se sont passés sur le tournage de Apocalypse Now.
Madonna n'aurait pas eu le rôle d'Eva Peron sans mentir
Elle ne s’est pas fait passer pour Michelle Pfeiffer, qui était pressentie, mais a menti sur sa grossesse vu qu’elle devait porter une foule de costume sans jamais être enceinte. On ignore si le gosse connaît l’histoire de sa mère qui a préféré nier son existence pour avoir un rôle dans un film nul ou pas.
Robert Pattinson a menti sur son CV pour le rôle de Cedric Diggory
Comme il était pas connu connu, Pattinson n’était pas spécialement censé décrocher le rôle de Cedric dans Harry Potter et la Coupe de feu. Mais il a bien joué son coup, en se présentant comme un comédien issu de la Royal Academy of Dramatic Art et comme un diplômé de l’université d’Oxford. Le truc a tellement impressionné tout le monde qu’il a rekdi obtenu le rôle.
George Lazenby, qui joue James Bond dans "Au service secret de sa majesté", a raconté n'imp' pour avoir le rôle
Lazenby a commencé par se déguiser en Sean Connery pour lui succéder : il est allé chez son tailleur, chez son coiffeur et tout le toutim pour se présenter au casting en véritable James Bond. Ensuite, il a raconté aux directeurs de casting qu’il était HYPER connu en Australie, ce qui lui a permis de rencontrer le producteur, Harry Saltzman, à qui il a tendu un CV bidonné.
Bref, le James Bond le plus dingue de toute la saga n’aurait pas été le même sans ce gros mensonge et Lazenbu aurait pu rempiler avec le rôle (si son agent ne lui avait pas conseillé bêtement de ne pas s’enfermer dans un rôle : on ne l’a plus jamais revu).
Barry Sonnenfeld a raconté n'imp' pour avoir Will Smith dans "Men in black"
Spielberg, le producteur du film, voulait absolument Chris O’Donnell pour jouer le rôle de l’agent J, finalement revenu à Will Smith. Parce que Sonnenfeld, lui, voulait ABSOLUMENT Will Smith. Du coup quand Spielberg lui a demandé de dîner avec O’Donnell, Sonnenfeld a mis en route l’opération autosabotage : il a expliqué à l’acteur que le film était mal produit, mal écrit et que lui, en tant que réalisateur, ne valait pas un clou. O’Donnell a donc fait savoir qu’il n’était pas spécialement intéressé et Sonnenfeld a pu ensuite embrayer avec le démarchage de Will Smith, son premier choix.
Drew Barrymore a fait son intéressante pour jouer dans "E.T."
Pour convaincre Spielberg de lui donner le rôle, elle a raconté n’im-por-te-quoi. Elle a expliqué au réalisateur qu’elle était super intéressante parce qu’elle jouait dans un groupe de rock et adorait faire la popote et… Une petite fille prodige comme ça ? Spielberg lui a bien sûr filé le rôle.
Quand Audiard et Cotillard inventent des dates de tournage fantaisistes...
Marion Cotillard, engagée sur le dernier Batman de Nolan, avait signé une clause de non-concurrence lui interdisant de participer à tout autre tournage le temps de la production du film. Sauf qu’entre-temps, Jacques Audiard l’a approchée pour De rouille et d’os. Cotillard a donc profité d’un mois de pause sur le tournage de Batman aux US pour s’engager avec le réalisateur français et, une fois le film produit, Audiard et Cotillard ont inventé de fausses dates de tournage afin de ne pas foutre l’actrice en porte-à-faux avec Nolan. Un casse-tête bordélique mais qui n’a finalement pas posé de problème.
Quand Henri-Georges Clouzot faisait tourner La Continental en bourrique
Scénariste de renom, Henri-George Clouzot a décidé de continuer son métier pendant l’occupation allemande. Après avoir sorti L’Assassin habite au 21, carton au box office, il s’est vu remettre une carte blanche par la société de production allemande La Continental qui espérait produire du cinéma français favorable aux alliés. En enfumant totalement le référent français de la boîte de prod’, il a donc tourné Le Corbeau, un film anti-tout : anti-collabo, anti-délation, anti-médiocrité, anti-haine de l’autre. Un film profondément anti-nazi qui s’est immédiatement attiré les foudres de Goebbels. Il a été interdit et Clouzot mis à pied… Avant d’être à nouveau interdit de tournage pour collaboration à la Libération. Et de recouvrer le droit de faire des chefs d’œuvre une fois l’hystérie collective passée, à la faveur d’un comité de soutien bien garni.
"Fargo", d'après une histoire vraie
Le film n’aurait pas la même saveur s’il ne s’ouvrait par la mention « Basé sur une histoire vraie », laquelle est absolument fausse puisque le film n’est en aucun cas basé sur une histoire vraie.
Les faux documents d'Herzog
Werner Herzog voulait tourner Aguirre au Pérou, mais il ne disposait pas du tout des autorisations officielles pour pouvoir installer les plateaux dans les réserves où il le souhaitait. Qu’à cela ne tienne : plutôt que de se lancer dans une grande opération administrative de graissage de patte, il a fait des faux. Des faux suffisamment bien réalisés pour tromper les autorités locales et lui permettre d’obtenir une paix totale.
Quand le réalisateur de "Harold et Maude" sentait que son histoire n'attirerait pas les producteurs...
Hal Ashby, qui sentait le marché, se doutait qu’une histoire d’amour entre un mec de 20 ans et une vieille de 80 avait tout pour rebuter à la fois les producteurs et les investisseurs. Il a donc présenté à ceux-ci une version de son film façon pure comédie romantique sans jamais préciser l’âge des personnages : et ça lui a réussi, comme on le sait.
Mentir c’est cool.