On passe des années à préparer un truc et puis, quelques jours avant la sortie, tout s’accélère : sous la pression du studio ou de ses propres exigences, on décide de tout changer. On change les acteurs, le montage, la musique, le scénario, la fin… Sans forcément prévenir les perdants. Et après, l’aigreur pointe.

Her et la voix de Scarlett Johansson

Vous savez, Her, ce film de Spike Jonze où Joaquin Phoenix tombe amoureux de la voix de ses appareils électroniques ? Et bah cette voix, c’était celle de Samantha Morton, une actrice connue à 65% qui avait fait toute les voix et ça marchait très bien et le film allait sortir. Mais au moment de finaliser le montage, Jonze a eu un doute : la voix ne marchait pas. Il fallait autre chose. Et il a donc pris son tel et appelé la fille qui a la voix la plus sexy du monde, c’est-à-dire Scarlett Johansson, qui est venue enregistrer les voix le weekend entre juin et la sortie du film, en octobre. C’est pas rien.

Superman II, ou quand un réalisateur peut en cacher un autre

Réalisateur du premier Superman, Richard Donner avait immédiatement enchaîné avec le 2 histoire que le studio lui dise pas « Heeeeeeu nân finalement on le fait pas ». Sauf que Donner voulait faire de Superman un personnage complexe, emmerdé par ses parents et qui choisit de vivre sur terre en abandonnant ses pouvoirs gnagnagna… Et que ça ne plaisait pas du tout du tout du tout aux producteurs. Alors que le film était tourné à 75%, voilà Donner qui se taille, emmenant avec lui Gene Hackman, un des personnages principaux. Et là les producteurs appellent Richard Lester, qui rajoute de la comédie ridicule et fait très plaisir aux producteurs. Voilou.

Annie Halle ou quand Woody Allen change tout

Avant d’être cette comédie romantique version noire et névrotique, Annie Hall devait d’abord se pencher sur l’histoire du personnage joué par Woody Allen à la recherche de lui-même entre meurtre, Allemagne nazie et autres trucs absurdes. Ce n’est qu’au montage que Woody Allen et son monteur ont réalisé que ça ne marchait pas et qu’il fallait davantage insister sur le personnage joué par Diane Keaton, alors totalement mineur. Le film a ainsi été amputé d’une bonne heure et une voix off a permis de combler les blancs.

Halloween 6

Alors que le sixième volet de la saga avait été tourné, monté et était prêt à être diffusé, il s’est passé un véritable cauchemar de producteurs : le public test a détesté le film qu’il trouvait zarbi et boursouflé. Seul hic, Donald Pleasence, héros gentil, était mort entre temps. Que faire ? Remonter tout en coupant tout ce qui sortait de l’ordinaire, embaucher un mec qui ressemblait vaguement à Donald Pleasence de dos et surtout faire mourir ce même Donald Pleasence assez rapidement et sans le montrer parce que c’est compliqué de tuer un mort.

Tout l'argent du monde, bye-bye Kevin

Kevin Spacey est accusé de viol ? Qu’à cela ne tienne ! Ridley Scott et sa prod’ le dégagent d’un film déjà tourné au dernier moment et le remplacent au pied levé par Christopher Plummer. Au final, un film totalement bizarre, au découpage foiré et où Plummer a l’air de flotter dans l’air. Pas forcément la meilleure solution que d’agir dans l’urgence.

E.T. ou comment éviter un suicide collectif

Le tournage et le montage de E.T. étaient terminés quand les projections test ont convaincu les producteurs (et Spielberg) de changer la fin. C’est que la première fin de E.T. prévoyait que l’extraterrestre mourrait seul et abandonné par tout le monde, y compris Elliot, sans jamais pouvoir retourner chez lui. Bref, dans les salles, tous les gosses étaient en larmes : Spielberg a donc récrit entièrement la fin du film et retourné toutes les scènes que l’on connait.

La Ligne rouge : quand Terrence Malick décide la veille de l'avant-première de changer son premier rôle

Parmi les principaux personnages de La Ligne rouge, il y avait celui interprété par un jeune acteur de 25 ans, Adrien Brody. Premier grand rôle, excitation. Présent le soir de la projection, celui-ci a eu la surprise de découvrir qu’au dernier moment Malick avait décidé de couper les trois-quarts de ses scènes au profit de Jim Caviezel. Tout le concept, tout l’équilibre du film était changé. Ca doit faire un Confochoc.

Changements de dernière minute pour Justice League

Le départ de Zack Snyder, remplacé par Joss Whedon alors que le film était presque entièrement tourné, a foutu une merde noire. Parce que Whedon avait sa propre vision des choses : en plus de retourner la moitié des scènes à la va-vite, il s’est amusé en post prod à faire effacer la moustache de Henry Cavill, ce qui fait que ce pauvre Henry avait une vraiment drôle de tête.

Alien 3, le calvaire de Fincher

Alien 3 était terminé, emballé c’est pesé, quand les producteurs se sont dit que ça allait pas du tout du tout. Sans en informer Fincher, ils ont décidé de faire remonter le film à peine quelques semaines avant la sortie : le problème, c’est que si le film n’était déjà pas très bon au départ en raison d’un scénario couci-couça, le remontage n’a fait qu’accentuer ces défauts et le film est conséquemment la merde que l’on sait.

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"*TUIUIUIUIUIU* Oui allô ? / Oui ce serait pour signaler un lien disparu / Ok on envoie nos équipes d'enquêteurs sur le coup"

Pretty Woman la fin qui change tout

Le film devait au départ être une fausse comédie romantique dans laquelle Richard Gere se comportait comme un salopard, jetant à la fin Julia Roberts par la portière de sa bagnole en lui balançant du fric à la gueule et la poussant ainsi à se suicider plus tard chez elle. Comme prévu, Disney n’a pas apprécié et a tenu à ce qu’une fin alternative soit tournée. Avant de l’imposer comme référence après les premières projections test.

Ca tient à rien, un film, quelques millions de dollars à peine.

Sources : Cracked, Sens critique, Slate