Souvent décrié comme trop violent, le cinéma est cette fois-ci mis à l'honneur par le British Film Institute et ses 70 experts, allant du producteur de cinéma au simple enseignant. Ce comité bien pensant a dressé une liste de 50 films à voir avant d'avoir 14 ans. Le but de cette recommandation est d'inspirer les parents et les éducateurs à donner une culture cinématographique sérieuse et pensée à leurs enfants, pour que nos gamins arrête de regarder des conneries, comme nous. En voici les 10 meilleurs.
- Le Voyage de Chihiro - Hayao Miyazaki
Il fallait un Miyazaki dans cette liste, et quitte à en mettre un, autant prendre celui qui a fait des ravages au box-office. Chihiro, une petite fille, bascule dans un univers qui n'accepte pas les humains. Un conte surréaliste dans l'écrin somptueux de la musique de Joe Hisaishi, oui, il faut l'avoir vu avant d'avoir 14 ans, et aussi après.
- E.T. l'extra-terrestre - Steven Spielberg
Si l'amour et la tolérance avaient réalisé un film ensemble, elles auraient certainement accouché d'E.T. Aujourd’hui encore, n’importe quel grand gaillard serait touché par l'histoire de cet extra-terrestre qui débarque chez un enfant ne supportant pas bien la séparation de ses parents, jusqu'à se replier dans le monde qu'il s'est inventé. Un monde où les adultes sont forcément les bad-guys. C'est du Spielberg, on ne se refait pas...
- Fucking Åmål - Lukas Moodysson
L'adolescence est une période à la con pour tout le monde. Et le réalisateur suédois Lukas Moodysson l'a bien compris. Du coup, il nous livre un monument pour une jeunesse remplie de tabous, qui se cherche dans un environnement auquel elle a du mal à s'identifier et qui, ne la comprend pas. Rarement un film n'aura aussi bien décrit la mélancolie propre à cet espace temps que l'on a tous connu, pour notre plus grand bonheur.
- La Nuit du chasseur - Charles Laughton
A sa sortie dans les salles, "La nuit du chasseur" fut ce qu'on appelle un énorme flop. Ce n'est que plusieurs années plus tard que l’œuvre de Charles Laughton, qui n'a réalisé que ce film, sera reconnue à sa juste valeur : un chef d'oeuvre et peut-être l'une des premières grosses tortures psychologiques du cinéma. John et Pearl, orphelins de leur père, voient leur mère rencontrer et tomber amoureuse d'un révérend séducteur au charisme fou, qui n'a pourtant pas d'autre objectif que de la dérober. Évidemment, les enfants sont les seuls à deviner les desseins noirs du méchant beau-père, magistralement interprété par Robert Mitchum, pendant que le monde des adultes, lui, est fasciné par l'homme. L'un des plus grands films de l'histoire.
- Le Magicien d'Oz - Victor Fleming
Dorothy est une jeune fille qui s'emmerde un peu dans sa ferme du fin fond de l'Arkansas. Du coup, quand elle prend connaissance du Pays d'Oz, une contrée qui brille de mille feux et qui n'a, de fait, rien à voir avec sa vie locale sans espoir, l'enfant y voit comme une opportunité à ne pas manquer, et ne peut s'empêcher de fuir sa prison sociale pour ce paradis aux milles promesses toutes plus belles les unes que les autres. Le rêve américain avant l'heure.
- Le Voleur de bicyclette - Vittorio De Sica
"Le voleur de bicyclette" serait, selon Woody Allen, "le meilleur film de l'histoire du cinéma". Rien que ça. Il faut dire que l'oeuvre de Vittorio De Sica est différente des autres. Pas d'acteurs connus, des situations hyper banales qui dérivent sur une histoire alarmante, pointant du doigt par la même occasion, la situation désastreuse d'une Italie ravagée après la Seconde Guerre Mondiale. En fait, ce film est plus qu'un film. C'est un hommage aux personnes découragées et amoindries par la vie. Mais c'est également une invitation à créer une société plus humaine. Un tableau avant-gardiste, en somme. - Les Quatre Cents Coups - François Truffaut
Ca aurait pu être un concurrent de La Guerre des Boutons, c'est en fait l'acte fondateur de la Nouvelle Vague : Premier film de Truffaut, première apparition du personnage Antoine Doinel et premier (et dernier) coup d'éclat de Jean-Pierre Léaud, l'acteur qui ne joue pas un personnage, mais qui joue Jean-Pierre Léaud jouant un personnage. C'est frais, c'est brillant, c'est éternel.
- Kes - Ken Loach
Kes, c'est l'histoire de Casper, un gamin différent de ses camarades du même âge. Lui, il bosse dans les mines à 12 ans, avant et après l'école. En plus, il doit se débrouiller seul pour s'en sortir. Alors, quand il recueille un faucon, sa vie va changer. L'oiseau devient plus qu'un compagnon mais un véritable ami. Au fur et à mesure qu'il le dresse, Casper progresse lui aussi et découvre autre chose que ses bandes dessinées. Évidemment, le faucon décède de manière injuste et Casper l'enterre lui-même, comme l'adulte qu'il est déjà à 12 piges. Ou comme l'enfant qu'il n'a jamais été.
- Où est la maison de mon ami ? - Abbas Kiarostami
A l'école, et surtout en Iran, il faut respecter les ordres du professeur. Et la règle en vigueur dans les classes de Téhéran, c'est de faire ses devoirs dans un cahier prévu à cet effet. Alors, quand une tête de linotte d'écolier s'aperçoit qu'il a rapporté chez lui par erreur le cahier d'un camarade de classe, il part à sa recherche. Mais comme on s'en doute, la route est longue, compliquée et semée d'embuches à chaque coin de rue. En plus, l'adresse de l'autre gamin est imprécise, voire carrément incorrecte. Sauf que pendant ce temps, le temps court et la sanction s'approche. Plus qu'un simple film sur le réglement scolaire, Abbas Kiarostami nous livre un portrait ultra réaliste d'une société iranienne plombée par le poids des interdits. - Toy Story - John Lasseter
Andy est un enfant qui a plein de jouets dans sa chambre. Seulement, son préféré a toujours été Woody, un cowboy avec une banane. Malheureusement, pour ce clone raté de Lucky Lucke, un concurrent de taille débarque pour l'anniversaire du gamin. Il s'agit de Buzz l'éclair, un cosmonaute ultra perfectionné qui a pour lui d'être le petit dernier. Du coup, comme lorsqu'un nouveau né arrive dans la famille, l'ainé devient jaloux et une mini-guerre s'installe entre les deux jouets à l'égo surdimensionné. Mais ça, c'était avant que le voisin d'Andy ne récupère Buzz pour le torturer. Du coup, l'ancien chouchou met de côté sa fierté et mène une escouade pour sauver "son nouveau frère".
Évidemment, on aurait pu coller toute la filmographie de Spielberg, étant donné la lubie du réalisateur américain pour les relations alambiquées entre les parents et les enfants. Mais bon, ce n'est pas nous qui choisissons... D'ailleurs, pas certain qu'un gamin de 14 ans saisisse toutes les subtilités des films cités ci dessus.
Source : les films du BFI à voir avant d'avoir 14 ans