Ce n'était pas gagné d'avance. Pour décoller cette tenace étiquette qui accompagnait il y a une petite quinzaine d'année les gens qui se destinaient à faire carrière dans l'informatique, il a fallu que le temps fasse son œuvre et que quelques grandes figures viennent sur le devant de la scène démontrer que les "nouvelles technologies de l'information et de la communication" pouvaient séduire, fasciner et inspirer, même les néophytes. Au delà de ceux qui ont fait avancer la technologie, que ce soit l'inventeur du web ou de l'ordinateur individuel, il y a ceux qui ont certainement suscité des vocations et qui ont fait de l'informaticien une personne tout à fait respectable. Rien que pour ça, merci à eux.

  1. Steve Jobs, le gourou (Apple)
    Sa mort n'a pas aidé à démystifier celui qui a su entretenir un culte autour de sa marque et de sa personne. Il réinvente la "keynote", soigne un look "raëlien" et annonce une "révolution" à peu près aussi souvent que vous passez le contrôle technique de votre bagnole. Son gimmick : "Soyez insatiables. Soyez fous."
  2. Bill Gates, l'étudiant attardé (Microsoft)
    Bill aura joué jusqu'au bout sur cette image, le coup de peigne hasardeux, les pulls en laine douteux et l'air d'être en permanence dépassé par sa propre réussite. Sa présence constante dans les plus colossale fortunes de la planète et les accusations d'entrave à la concurrence auront finalement raison de cette posture d'ultime golden-boy. Mais entre temps, Bill aura rassuré tous les premiers de la classe en leur faisant croire que le monde leur appartenait.
  3. Mark Zuckerberg, le revanchard (Facebook)
    Zuckerberg est ce qu'on appelait autrefois un geek, quand c'était l'exact opposé de la "coolitude". Bon élève, lauréat de prix en astronomie et en maths, capitaine de l'équipe d'escrime, Mark n'était pas exactement le cliché du beau gosse du lycée. Il créé Facebook en optant pour le bleu (parce qu'il est daltonien en plus...) et va au bout de ce qu'on peut appeler un succès : une cotation avec tambours et trompettes et un film de Fincher. C'est pas le fondateur de Copains d'Avant qui peut en dire autant.
  4. Jonathan Blow, le punk (Braid)
    Il est au jeu vidéo ce que le rock indé est à la Star Academy. Derrière le succès critique et public de Braid, il militera activement pour la création indépendante, ce que ne feront pas les créateurs de Limbo ou de Super Meat Boy par exemple. Blow s'en prend aux valeurs immorales de WoW, au pessimisme économique de Farmville et tape sur le Live Arcade de Xbox qui a contribué à sa gloire. Cracher dans la soupe et verser une partie de ses revenus à des oeuvres de charité, voila la mission d'une vraie figure christique du jeu vidéo. Téléchargez, ceci est mon jeu.
  5. Kim DotCom, le cynisme absolu (MegaUpload)
    Un nom digne d'une porn-star, un passé de hacker et quelques séjours en prison pour de sales histoires de détournements de fonds et escroquerie, voila le nouveau profil des nouveaux acteurs d'internet, ceux qui s'engraissent sur les mauvaises habitudes des internautes. Cet Allemand n'est pas un militant ni un idéaliste, c'est un businessman qui n'a pas trop de complexe avec le fric. L'informatique doit avoir un Scarface, que ce soit Kim.
  6. Markus Persson, la rock star (Mojang)
    Celui qui se fait appeler "Notch" savoure son statut de rock-star depuis le succès planétaire de Minecraft. Omniprésent sur les réseau sociaux, le chapeau vissé sur la tête en toute circonstance et une réputation de surdoué qui a commencé à programmer à 7 ans. Ajoutons à ça une légende qui devient un des creepypasta les plus célèbres de l'industrie avec Herobrine, l'apparition qui serait le frère défunt de Notch, et on obtient un créateur charismatique et emblématique, bien loin du discret bidouilleur de l'ombre.
  7. Jimmy Wales, l'idéaliste qui demande des sous (Wikipedia)
    Jimmy Wales vient de temps à autre montrer sa trogne sur Wikipedia, en général pour réclamer des fonds. Preuve que son idéal d'un internet contributif et bon esprit se heurte à quelques limites, et que le nerfs de la guerre, ce n'est pas seulement la bonne volonté. Chaque apparition de Jimmy, c'est un peu un atterrissage dans le monde réel : Vous voulez du gratuit ? Et bien il faut payer.
  8. Andrei Ternovskiy, l'inquiétant surdoué (Chatroulette)
    A 17 ans, ce Russe a accouché d'un monstre. Et affirme n'en retirer ni fierté ni revenu. Andrei est devenu l'icône d'une autre manière de construire internet, celle qui consiste à fabriquer innocemment ce qui permet à des millions de gens d'exhiber leur intimité. Désormais, le web, c'est ce que les gens en font, et c'est pas jolijoli, mais Andrei, il s'en fout.
  9. Shawn Fanning, la terreur des majors (Napster)
    Shawn a pesé sur l'histoire récente de l'informatique par épisodes : en lançant avec conviction le premier service P2P grand public lors des années folles des start-ups, en essuyant le premier gros procès contre les professionnels de la musique et en essayant de rentrer dans le droit chemin en livrant son bébé aux marchands du temple, décidés à en faire un service payant. Shawn Fanning est mentionné dans le film "Braquage à l'Italienne" comme le colocataire d'un des braqueurs à qui il a volé son invention. Braqueur de braqueur. Classe.
  10. Les Anonymous, Mass Effect
    Ils ne sont personne et ils sont tout le monde. Ils sont la force et la détermination de la foule connectée. Capable du meilleur acharnement militant et du pire mauvais goût, les Anonymous n'ont ni tort ni raison. Ils sont la part incontrôlable d'Internet et la preuve que le réseau n'appartient à personne, ni aux censeurs, ni aux marchands. Et désormais, ils ont un joli masque.
  11. (bonus) Steve Ballmer, le contraire de la classe (Microsoft)
    Succéder à Bill Gates n'est pas une mince affaire. Mais faire le choix de sauter comme un taré sur du Gloria Estafan à chaque conférence de presse ne va pas l'aider.

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    "*TUIUIUIUIUIU* Oui allô ? / Oui ce serait pour signaler un lien disparu / Ok on envoie nos équipes d'enquêteurs sur le coup"

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Crédit photo : Joi Ito