Les psychologues et les chercheurs mènent depuis plusieurs siècles des études sur l’influence des couleurs. Un champ à part entière, la chromothérapie, s’est développé pour prodiguer des soins par l’usage des couleurs, mais celui-ci échappe à la sphère purement médicale. La question est de savoir si l’émotion que nous associons aux couleurs est acquise ou innée. Quoiqu’il en soit, les couleurs ne sont pas simplement des outils de décoration.
Rouge
Le rouge est traditionnellement associé au danger et au refus. Cette acception universelle pourrait bien avoir des origines neurologiques. C’est en tous les cas la conclusion d’une étude menée à Dartmouth College, laquelle montre que, confrontés à des humains habillés en rouge, en bleu ou en vert, les primates tendent à éviter le contact des personnes vêtues de rouge. Cette conclusion, qui gonfle les arguments du parti de l’inné, souligne à quel point la signification des couleurs pourraient être ancrées en nous. Ce qui expliquerait pourquoi vraiment, un sens interdit, on ne le prend pas.
Orange
D’après une étude de 1979, la couleur orange a un effet d’affaiblissement sur le fonctionnement de nos muscles. Entendez là que le corps associerait naturellement le orange avec une idée de décontraction. La faute à son association naturelle avec la chaleur qui nous laisse penser, en présence d’orange, que la température est plus élevée qu’elle ne l’est vraiment. Et c’est vrai que quand j’ai une couille de téléphone et qu’il faut que je passe à la boutique Orange, je suis ultra-détente.
Jaune
Pour Goethe qui, dès 1823, avait mené des études sur les couleurs, le jaune : « quand il est dans sa plus grande pureté, entraîne avec lui une idée de brillance. Il présente un caractère serein, gai, d’excitation douce. » A noter que Goethe sera contredit par Newton qui expliquera plus précisément le spectre physique des couleurs. Les psychologues de la couleur confirment en tous les cas la théorie de Goethe, suivis en ce sens par les promoteurs de feel good movies qui ne lésinent pas sur le jaune pour peinturlurer leurs affiches.
Vert
Attention scoop : on associe le vert à l’idée de nature. Bon, oui, on s’en doutait. Mais les psychologues ont aussi montré que l’on associait le vert à la pensée complexe. Ce qui est marrant, c’est que de toutes les couleurs primaires, le vert est celle que l’œil humain perçoit le plus intensément. L’omniprésence du vert aux tous débuts de l’évolution explique sans doute notre capacité à percevoir davantage de nuances de cette couleur. Ce qui est sûr, c’est que les psychologues du management incitent les patrons à peindre leurs murs en vert pour obtenir davantage de leurs employés ainsi relaxés. Ce qui est bizarre, puisque d’autres études indiquent que la lumière verte est propice à l’endormissement.
Bleu ciel
La lumière bleue est associée dans notre esprit avec le soleil de midi. Le bleu ciel est une couleur que nous associons à la fois à la vigilance et à la douceur, ce qui est un peu paradoxal. Le bleu interagit avec notre cerveau via un neuropigment de la rétine qui intervient dans la régulation de notre rythme circadien. Des chercheurs ont montré que la lumière bleu clair permettait d’augmenter les performances et d’éloigner le sommeil. Par ailleurs, dans une étude impliquant 600 personnes dans des tests visuels face à des environnements colorés, il a été prouvé empiriquement que le bleu est également propice à stimuler la créativité.
Bleu marine
Le bleu marine est censé nous mettre les idées au clair. Au Japon, des lumières bleues ont été installées dans des rues mal famées dans l’espoir d’y faire baisser la criminalité, ainsi que dans des stations de métro où les suicides étaient courants, de façon à décourager les poussées suicidaires. Et ça a marché : la criminalité a baissé de 10% dans ces rues et aucune tentative de suicide n’a eu lieu dans les stations concernées depuis l’installation des lumières bleues.
Violet
Vu que le bleu et le rouge sont souvent considérées comme des couleurs antagonistes dont les effets s’annulent, le violet est une couleur un peu bâtarde. Les études ne sont pas nombreuses en la matière. Il y’en a bien une qui indique que les pièces peintes en violet sont perçues comme plus froides qu’elles ne le sont et que le violet tendait à forcer la bandaison des muscles plutôt que leur relâchement.
Voilà voilà. Sinon, la pluie violette, ça donne l’impression d’appartenir à la famille royale.
Rose
Le rose a un effet direct sur les comportements. En 1979, une étude menée sur des prisonniers placés dans une cellule repeinte en rose bonbon a montré des résultats immédiats. Les muscles des prisonniers se relâchaient et leur attitude perdait en agressivité. Les prisons suisses ont aujourd’hui au moins une cellule rose réservée aux détenus difficiles. Cette expérience a été étendue aux enfants agressifs. Le département de probation du Comté de San Bernardino a ainsi constaté que les enfants agressifs ne mettaient pas plus de 10 minutes pour se calmer une fois placés dans une pièce rose. La plupart allaient jusqu’à s’endormir.
Pourtant, quand je regarde Peppa Pig, moi, je suis tendu.
Blanc
Le blanc est associé à la propreté et à la beauté. Les études montrent ainsi que les hommes qui portent du blanc sont considérés comme plus attirants par les femmes (enfin un panel de femmes, hein). En revanche, d’autres études prouvent que des personnes placées dans des pièces monochromatiques blanches s’ennuient beaucoup plus vite et tendent à se replier sur eux-mêmes.
D’où l’idée de ne pas habiter dans un appartement témoin.
Noir
Bin : c’est pas tout à fait une couleur, puisque c’est l’absence de couleur. Une étude de 1988 a mis en lumière l’agressivité induite par la présence de noir devant les êtres humains. No Future.
J’en ai vu de toutes les couleurs.
Sources : Listverse, Sobusygirls, Designshack