Paru aux éditions du Chêne, le livre de Dominique Foufelle, 365 Expressions parisiennes expliquées, répertorie des expressions plus ou moins oublies de l'argot parisien. Un langage hautement imagé (parfois même un peu trop) que l'on aimerait quand même bien remettre au goût du jour. Ne serait-ce que pour sortir dans un dîner mondain "excusez-moi je suis un peu revêche, j'écrase des tomates depuis le début de la semaine".
- Faire un bœuf
Définition : Organiser un petit concert improvisé avec des copains musiciens. Oui, comme leconnardmec au lycée qui se sentait toujours obligé de prendre sa gratte en soirée pour nous jouer du Tryo.
Origine : Cette expression vient du cabaret parisien Le Bœuf sur le Toit, haut lieu du jazz dans l'entre-deux-guerres où se réunissaient toutes les plus grandes stars de l'époque. Stars qui, une fois alcoolisées, n'hésitaient pas à offrir un petit "boeuf" aux autres clients du lieu. Une initiative bien sympatoche ! - Écraser des tomates
Définition : Avoir ses ragnagnas.
Origine : Comme vous l'aurez sans doute compris, l'expression fait référence à la couleur des menstruations féminines. On décerne aux parisiens la palme de l'expression la plus dégueulasse pour parler de nos Anglais. - Entrer à l’œil
Définition : Entrer, généralement dans un bar ou une boite, sans raquer (puis s'en vanter auprès de tous les moribonds qui ont payé pour être là).
Origine : Créée en 1901, la brigade de la Mondaine s'occupait de surveiller les maisons closes parisiennes. Or les inspecteurs de cette brigade portaient comme insigne un petit oeil sur le revers de leur manteau. Petit oeil qui leur permettait de rentrer sans payer dans tous les bars à putes de la capitale. Et bien sûr, ils n'en profitaient pas du tout pour tremper leur nouille. - Etre un pantre
Définition : Se faire arnaquer, être le dindon de la farce, bref se faire couiller.
Origine : Le terme de pantre vient de Pantin, surnom que les voleurs donnaient autrefois à Paris. Or c'est là, à Paris, que les brigands trouvaient de malheureux bourgeois à arnaquer. - Payer en monnaie de singe
Définition : Autrefois, l'expression voulait dire que l'on payait en nature, c'est-à-dire avec son cul. Elle sert aujourd'hui à désigner un acheteur qui cherche à vous blouser.
Origine : Au XIIIe siècle, Saint Louis avait décidé d'instaurer un droit de passage pour les commerçants qui souhaitaient installer leur échoppe sur l'Ile de la Cité. Seuls les saltimbanques parvenaient à passer gratuitement en faisait faire à leur singe un petit tour de passe-passe devant les douaniers du Petit-Pont. - Etre de Birmingham
Définition : Etre vraiment très très chiant, ou barbant comme dirait sans doute votre douce mémé.
Origine : Depuis le XIXe siècle, on dit de quelqu'un d'ennuyeux qu'il est rasoir. Or, figurez-vous les petits amis que Birmingham était connu à l'époque pour être la capitale de la métallurgie. Capitale où l'on trouvait des rasoirs de particulièrement bonne facture d'où l'expression "être de Birmingham" pour "être rasoir". - Un marronnier
Définition : Il s'agit d'un sujet qui revient chaque année dans la presse - et tout particulièrement dans le JT de Jean-Pierre Pernaut - comme les baïnes de la côte landaise, la rentrée des classes ou la revente des cadeaux de Noël. Merci Jean-Pierre.
Origine : Autrefois, un grand marronnier fleurissait chaque année sur la tombe des Gardes Suisses au Jardin des Tuileries. Et chaque année, les journalistes consacraient à cet événement assez peu important beaucoup plus d'articles qu'il ne le méritait. L'expression est ensuite assez logiquement rentrée dans le langage courant. - Les poulets
Définition : Équivalent légèrement désuet de flic, keuf, condé ou argousin.
Origine : Ce charmant sobriquet date de l'installation, au XIXe siècle, de la police parisienne sur l’Ile de la Cité, à l'emplacement exact (je vous le donne en mille) de l'ancien marché aux volailles de la capitale. Cocasse n'est-ce pas ? - Ne pas avoir découvert la mine de pain à cacheter
Définition : Équivalent vintage de "ne pas avoir inventé le fil à couper le beurre".
Origine : Du temps où tout le monde n'était pas encore obsédé par le "e-courrier" et autres "messages électroniques", on s'envoyait des lettres. A cette époque, le pain à cacheter était un mélange de farine, d'eau et de colorant. Après l'avoir légèrement humidifié, on l'utilisait à la place de la cire pour cacheter des lettres. - Se caresser l'angoulème
Définition : Faire un bon repas et prendre son pied.
Origine : Dérivé de l'ancien Français goule pour "gueule", l'angoulème désigne la bouche. Pour autant, se caresser l'angoulème ne veut pas dire que l'on se caresse la bouche de manière sensuelle, mais que les mets sont tellement doux et exquis qu'ils nous caressent la bouche.
On savait causer autrefois.
Source : Time Out, 365 Expressions parisiennes expliquées de Dominique Foufelle