"Vous écrivez ? Oui enfin comme tout le monde en fait. Ah pour de vrai ? Genre des romans, du théâtre, des trucs comme ça ? Mais c'est pas promeneur de chiens que vous étiez la semaine dernière ? Ah vous écrivez, mais à côté de votre job ! D'accord ! Ben comme ça c'est plus clair..." Ne renoncez pas, surtout. D'autres ont réussi avant vous :
- Louis-Ferdinand Céline, médecin
Après la première guerre mondiale, à laquelle il participe avec véhémence, Céline entame des études médicales en Bretagne, avant de devenir médecin, à Genève. Il entame alors pour son travail des voyages en Afrique et en Amérique, et corrélera ses expériences professionnelles et humaines dans sa littérature, et notamment dans son premier roman Voyage au bout de la nuit, best-seller immédiat dans lequel il dissèque la condition humaine comme il le ferait avec un corps mutilé sur un bloc opératoire. Pour le reste de son oeuvre, c'est essentiellement son côté anarchiste ordurier et antisémite de droite qui ressortira. Comme quoi, on peut être un génie littéraire, exercer l'un des plus beaux métiers du monde et être un enculé quand même. - Alphonse de Lamartine, garde du corps
On peut être l'un des plus grands poètes de la littérature romantique française et avoir fait ses débuts dans le milieu des armes. On peut, oui. En 1814, Lamartine devient l'un des gardes du corps de Louis XVIII, qui revient au pouvoir après 20 ans d'absence de la monarchie en France. C'est quelques années plus tard qu'il publiera les fameuse Méditations poétiques. Y'a des parfois que l'on ne comprend pas trop, parfois... - Franz Kafka, inspecteur d'assurances
Des études de droit à l'université de Prague, un poste au service d'une compagnie d'assurance commerciale, puis un autre auprès d'une institution d'assurance pour les accidents des travailleurs : la vie de Kafka aura pu se résumer à celle d'un modeste employé semblable à tous les autres. Son existence ne ressembla en réalité à aucune autre, tous comme les contours de son œuvre, qu'il exerça à côté de sa profession d'assureur, gagne-pain qui déteint conséquemment sur ses romans ainsi que sur la philosophie globale de sa littérature. Dans le Procès ou dans le Château, K., le personnage récurrent de Kafka, est confronté aux absurdités accablantes des rouages et des arcanes administratifs, qu'il paraît impossible à contourner et à comprendre. Comme pour se faire rembourser lorsqu'on se fait casser sa bagnole en fait. - Antoine de Saint-Exupéry, aviateur
D'abord affecté au 37e régiment de Casabalanca, l'auteur de Vol de nuit et de Terre des hommes est mobilisé dans l'armée de l'air durant la Guerre Mondiale, avant d'être abattu lors d'une mission de reconnaissance, en 1944. C'est donc l'aviation qui aura eu raison de Saint-Exupéry. Et non la littérature. Il est vrai qu'il y avait quand même a priori plus de risques avec la première fonction qu'avec la seconde. - Colette, danseuse de music-hall
Audacieuse danseuse au Bataclan et au Moulin-Rouge, Colette puise dans l'hédonisme et dans le vent de liberté qui souffle sur son existence l'essence littéraire de la Vagabonde ou de Tournée. Femme libérée avant l'heure, elle présentera six années durant son corps largement dénudé à un public conquis. Avant de lui présenter son âme, par le biais de sa littérature, et ce pendant bien plus longtemps. - Stendhal, officier de cavalerie
Avant de raconter la guerre, dans certains passages de la Chartreuse de Parme ou de la Vie de Henry Brulard, Stendhal l'a vécue, cette guerre. Engagée à 16 ans dans l'armée qui accompagnera Napoléon Bonaparte dans les Alpes, l'auteur du Rouge et le Noir sera nommé sous-lieutenant au sein du régiment de dragons, avant d'intégrer l'administration militaire. C'est la chute de l'empereur en 1814 qui précipitera la fin de sa carrière dans l'armée. Et qui l'obligera à échanger son fusil contre une plume encrée. Bien lui en a pris. - Herman Melville, chasseur de baleines
Quoi de moins surprenant que l’auteur de Moby Dick soit passé par la case du baleinier avant d’écrire le plus grand bouquin jamais paru, et dieu sait qu’il y en a beaucoup, sur le monde des cachalots ? Pas grand chose, me direz-vous. Et vous aurez raison, sans doute. - José Saramago, serrurier
Issue d'un milieu extrêmement modeste, Saramago obtient un diplôme de serrurier à 18 ans, avant d'embrasser une carrière dans ce domaine durant dix ans. Plus tard, il deviendra dessinateur technique en métallurgie, puis typographe dans une maison d'éditions. Reconnu sur le talent par le monde littéraire tout autant que par lui-même, son parcours l'a rendu excessivement modeste. Son l'oeuvre, elle, l'est beaucoup moins. - Mary Higgins Clark, hôtesse de l'air
Trois ans dans une agence de pub, un en tant qu'hôtesse de l'air, et le reste de son existence passé à faire frissonner son lectorat par le biais des enquêtes les plus rocambolesques et les plus décousues. Mary Higgins Clark avait sans doute besoin de passer pour le ciel pour y envoyer plus efficacement les dizaines de personnages qui ont rejoint le lieu sous son règne littéraire. - Jack London, ouvrier et chercheur d'or
Avant de devenir le fameux auteur de Croc blanc et de L'appel de la forêt, Jack London a dû dépasser la misère dans lequel il a vu le jour, et exercer successivement les professions de balayeur, de menuisier, d'éleveur de poules, de pilleur d'huîtres, et même de chasseur de phoques au Japon...Et puis, il y a la ruée vers l'or, le vagabondage, et puis le métier d'écrivain. Sacré CV, au final.
Mais aussi Apollinaire employé de banques, Bukowski postier, Gary diplomate...Et vous, vous en connaissez d'autres ?
Source : L'Internaute