L’histoire des espèces disparues c’est souvent triste. Mais ce qu’on oublie c’est que pour qu’une espèce animale disparaisse vraiment, il faut bien qu’il y ait eu à un moment donné un dernier survivant, genre le dernier mec solo sur terre qui ne peut plus communiquer (ni niquer) avec le moindre membre de son espèce. On vous raconte l’histoire de ces tristes survivants.
Célia, le dernier bouquetin des Pyrénées
Cette sous-espèce (non pas qu’elle soit sous considérée mais elle appartenait simplement à une autre espèce de bouquetin d’Espagne) s’est éteinte en 2000. La dernière survivante se nommait Célia. Elle avait 13 ans quand elle mourut tragiquement en tombant d’un arbre. On l’a connait bien parce que des expériences de clonage ont été effectuées sur elle (de son vivant du coup) en 1999, sans grand succès. En effet, on a réalisé que si on l’a clonait ça faisait juste un clone de femelle et que sans clone mâle on pourrait pas en tirer grand chose. Le truc con.
Booming Ben, le dernier Tympanuchus cupido cupido
Cette espèce d’oiseau, sorte de cousin du pigeon, n’a jamais trouvé beaucoup d’égard dans le cœur des hommes qui la considérait comme une viande pauvre (ce qui s’expliquait par le nombre très élevé de ces oiseaux qu’on pouvait alors consommer en grande quantité et pour un moindre coût). Quoiqu’il en soit un ensemble d’événements tragiques ont mené à la perte de l’animal en commençant par décimer toutes ses femelles. Le dernier mâle survivant fut surnommé Booming Ben en référence à ses cris de parades qu’il produisait dans le vide, puisque toutes les femelles étaient mortes… la dernière fois qu’on l’a croisé c’était en 1932 et il y a de fortes chances pour qu’il nous ait quitté depuis.
Toughie ("résistante"), la dernière grenouille Ecnomiohyla rabborum
C’est la dernière grenouille de son espèce. Elle mourut en captivité le 26 septembre 2016. Pile poil le jour où j’ai commencé à travailler à Topito. Je me sens un peu responsable du coup j’en profite pour poser ma démission, ne pouvant plus supporter ce deuil insoutenable.
Benjamin, le dernier tigre de Tasmanie
Appelé aussi le thylacine ou loup de tasmanie, cette espèce s’est éteinte en 1936. Le dernier de son espèce s’appelait Benjamin mais l’ironie du sort c’est qu’on lui a donné ce petit nom seulement une fois qu’il est mort dans son zoo et qu’on a réalisé que c’était le dernier de son espèce. OUSP.
Martha, la dernière des tourtes voyageuses
Elle fut le dernier spécimen d’une espèce qui fut pourtant extrêmement prolifique puisqu’elle servait de messagère pour les humains. Sauf qu’à force de s’en servir comme un service postal on a un peu terrassé toute sa population en à peine quelques décennies. La dernière d’entre eux est morte au zoo de Cincinnati le 1er septembre 1914.
George le solitaire, la dernière tortue Testudinidae
Cette espèce endémique de l’île Pinta dans l’archipel des Galápagos nous a laissé son seul ambassadeur, George le solitaire, qui lui aussi a fini par pousser son dernier soupir en 2012. Faut dire que son nom annonçait bien la couleur de sa solitude.
La dernière Conure de Caroline à tête jaune (on l’appellera Bernadette)
Cette espèce a malheureusement été un jour considérée comme un nuisible qui flinguait les vergers et les champs de maïs. On l’a donc butée massivement. Et c’était assez facile parce que ces oiseaux étaient franchement nuls en défense. Quand un de leurs congénères était blessé, leur réaction était de voler ou de se poser à côté du défunt et de piailler (aaaah arrêtez moi ou je vais chialer) ce qui en faisait des cibles très faciles pour les agriculteurs colériques.
Le dernier escargot Partula turgida (on l’appellera Patrick)
Cet escargot tropical et arboricole est certes moins poilu et donc moins ragoûtant que n’importe quel koala, mais il ne mérite pas toutefois qu’on oublie son existence, et sa disparition. L’espèce s’est probablement éteinte en 1996 à cause d’un parasite. On a tenté de garder son dernier survivant en captivité mais il nous a lui aussi quitté à cause du même parasite. Comme quoi, quand ça veut pas, ça veut pas.
Le dernier Moho de Kauai (on l’appellera Bruno, comme dans Bruno Solo)
Cette espèce endémique de Hawaii n’a a priori pas été recroisée depuis 1987. Ils étaient adorés par les populations locales mais leur espèce s’est vue décimer par la malaria aviaire, l’introduction des rats, des chats et de toute sorte de prédateurs qu’ils n’avaient que trop rarement croisés auparavant. On est parvenu à préserver le tout dernier couple de l’espèce sur une île de l’archipel mais un ouragan a certainement tué la femelle en 1982 (ou peut être que la meuf a juste profité de l’ouragan pour qu’on la croit morte alors qu’elle se cassait avec son amant). Le dernier mâle survivant meurt quelques années plus tard mais continuait de chanter et de faire sa parade pour faire revenir la seule femelle qu’il avait perdu à tout jamais. Vous voulez un mouchoir ?
Le dernier couagga (on l’appellera Balek)
Equus quagga quagga, c’est le petit nom de cette espèce disparue à la fin du XIXème siècle. Faut dire que le truc ressemblait pas à grand chose avec cette gueule de zèbre fini à la pisse. Toujours est-il que le dernier couagga a été photographié en 1870 au zoo de Londres mais le tout dernier spécimen est mort en 1883 au zoo d’Amsterdam. Il ne nous reste du couagga que des peaux, des crânes et quelques spécimens empaillés. Tristesse.