Vous avez profité de ce printemps tout pourri pour vous enfiler les meilleures productions cinématographiques en Hindi (oui sans Megaupload, on fait des trucs bizarres). Vous avez donc dû noter, à moins d'avoir dormi pendant tout le DVD, qu'il y a quelques grosses ficelles qu'on retrouve dans presque tous les films. Petit florilège.
- Une histoire d'amour, compliquée de préférence
Et cet amour impossible donne lieu à des scènes de larmes et à un peu d'action. On ne change pas une équipe qui gagne. - Des personnages très beaux
D'anciens mannequins en guise d'acteurs, quand ce n'est pas des Miss Monde. Mais être beau n'empêche pas d'avoir des soucis. C'est comme si il y avait une justice : vous pouvez être trop beaux, vous serez toujours tourmentés, comme les moches. - Des chansons, longues de préférence
5 titres minimum, souvent de plus de dix minutes chacune, ça nous fait une bonne heure du film consacrées à des chorégraphies certes élaborées, mais filmées acrobatiquement, plongées, contre-plongées, traveling à 100 à l'heure. Un bon film de Bollywood doit être, avant tout, épuisant. - Une durée "raisonnable"
C'est à dire qui justifie le prix de la place (ou du DVD). 3 bonnes heures de films, sachant qu'un tiers au moins sera consacré à la partie musicale, vous en avez pour votre argent. Regarder un film de Bollywood, c'est d'abord investir dans du solide. - Du vent. Plein
L'Inde, on l'ignore trop souvent, est un pays venteux. Les personnages des films ont en permanence à déclamer leurs répliques les cheveux dans les embruns, la chemise ouverte par un courant d'air soutenu, même en intérieur. - Un idiot de service / souffre-douleur / type avec une tronche marrante (les 3 étant compatibles)
Pour ne pas verser que dans le pathos, un des acteurs se dévouera pour amuser la galerie. En général, les grimaces surjouées associées à des dialogues sensés être drôles (là on peut parfois blâmer le sous-titrage, mais pas toujours) prouvent que nos cerveaux occidentaux décryptent mal l’humour hindi. Ceci dit, dans Premiers Baisers on avait Aristide et Screech dans Sauvé par le Gong - Énormément de retenue
Follement amoureux, les héros s’empêcheront tout de même de fricoter ouvertement. Ils préfèreront à la place d’enlacer tendrement et se regarder langoureusement, les plus téméraires oseront à peine un bisou d’ado prépubère. Il faut avouer que supporter ça durant 3H, ça rend dingue même la spectatrice la plus fleur bleue… - Des personnages qui ont plus d’un tour dans leur sac
Le héros et/ou l’héroïne se révèleront, à leur grand étonnement, être des musiciens hors pair alors qu’ils n’avaient jamais touché une guitare de leur vie. De même pour tout autre obstacle rencontré : si le business familial coule, le héros redressera la situation en 2 coups de cuillère à pot. La voiture tombe en panne ? Elle se transforme en mécano-sexy-comme-tout-avec-son-marcel-échancré. Costaud, l'indien. - Peu de cohérence géographique. Voire pas du tout
L'Inde est un beau pays, mais ça n'empêche pas de varier les décors. Pour donner lieu à des envolées lyriques, il faut parfois ne pas mégoter : Alpes Suisses, plages de sable fin, désert avec en arrière plan les Pyramides, la grande classe quoi ! - L'interdiction formelle d'admettre que vous avez vu un navet
C'est peut-être la caractéristique essentielle des films de Bollywood : même si la plupart de ces productions regroupent tous les ingrédients qui font, objectivement, un bonne grosse merde, vous serez tenus de dire que vous avez passé 3h20 délicieuse ou que vous avez trouvé, au pire, "énormément de charme à ce marathon cinématographique. Dévier de cette posture vous vaudra d'être taxé de spectateur abruti par les productions américaines et peu ouvert aux autres cultures. Et vous ne l'aurez pas volé.
Et vous, vous pensez que vous en avez vu un, vous les avez tous vus?