L'université : là où les cultures se rencontrent, ou les savoirs se mélangent, ou les classes sociales s'abolissent dans une naturelle cacophonie ethnique et multidisciplinaire. Ouais ouais. Mais le truc c'est que c'est aussi ces clichés d'étudiants, de personnels ou d'enseignants, que quiconque a pu rencontrer durant son parcours (plus ou moins long) universitaire, et qui donnent aux couloirs des facs ces airs de déjà-vu rances et redondants...Petit tour d'horizon.
- L'isolé étudiant étranger en Erasmus
Il est souvent très gentil et très bien élevé, automatiquement attentif à tous les petits signes d'intérêts manifestés par votre personne à son égard. Il est aussi souvent très drôle, bien que ne disposant pas forcément d'une formation initiale de comique (on en trouve en général assez peu à sciences-po...) Mais forcément, parler à un mec qui ne comprend rien à ce qu’on peut lui raconter, se moquer de son accent allogène et de ses fringues tiers-mondistes, lui indiquer spontanément la mauvaise salle de cours…ça fait passer le temps pendant une leçon sur "la rhétorique et la logique sous Aristote"... Il n'y a pas de mal à se faire du bien hein, comme dirait l'autre (ou Kant ? Je sais plus, j'confonds toujours les deux). Et si en plus il est grec, vous touchez le gros lot, et pourrez aisément copier sur lui en cours d'économie, personne ne pensera un instant que l'infâme tricherie vient de votre côté... - Le bibliothécaire taciturne de la BU
Sa fonction consiste principalement, en plus de tirer avec nonchalance un charriot rempli d'encyclopédies de 30 kilos pièces, à décharger sur votre personne tout le mal-être inhérent à son emploi et à vous foudroyer du regard dès lors que vous avez l'idée folklorique de vouloir emprunter un livre, en vous menaçant d'un muet "si tu ne le rapportes pas à temps, je t'arrache la jugulaire, petit con". Exilez-vous en Nouvelle-Zélande, changez de visage et d'identité administrative, plutôt que de rendre ledit bouquin en retard. Le KGB universitaire est déjà à vos trousses, alors, comme le disait Gandalf le Gris, les jambes inopinément dans le vide : "fuyez, pauvres fous !" - La sympathique vendeuse de la cafétéria
Un sandwich jambon-camembert au pain ramolli depuis deux jours, ou un sandwich thon-camembert au pain ramolli depuis deux jours. C'est la sélection du midi de la cafétéria, qui vous laisse devant un choix cornélien qu'il va bien falloir finir par prendre, sous peine d'être tranché net et sur place par la responsable de la cafet', bien décidée à faire défiler au plus vite la masse d'étudiants affamés qui s'acculent derrière vous. Être adulte, c'est avant tout savoir prendre des décisions. ("Bon, tu avances, oui ou merde ?") - L'enseignant (trop) laxiste
Un enseignant-chercheur, ce n'est un secret pour personne, est grassement rémunéré par l'université pour vous donner le privilège immense de profiter de son immense connaissance de la matière enseignée. Il n'est toutefois pas obligé par une quelconque charte morale d'être pédagogue avec les êtres qui lui sont inférieurs et de tailler la bavette avec votre personne. C'est pourquoi certains enseignants vous considéreront spontanément comme quantité négligeable, au mieux, ou comme un être dénué d'un intérêt quelconque pour leur progression personnelle (ce qui, entre nous, n'est pas forcément vide de sens...) Alors, il parlera dans le vide même si personne ne prête attention à ses propos, ignorera majestueusement votre main tendue dans les cieux depuis 2 heures, et n'aura aucune seconde à vous accorder à la fin du cours pour vous orientez sur l'exposé que vous devrez exécuter dans une semaine... Bref, il se branlera complètement de votre pauvre sort de misérable étudiant boursier. Crève si tu veux, mais en silence, s'il te plait. - L'enseignant (trop) concerné
Même profession, autre catégorie. Si certains se foutent littéralement de l'avancée de votre carrière universitaire, d'autres se sentent investis d'une mission à caractère divin par la faculté de laquelle vous dépendez, prophètes en costumes deux-pièces venus prêcher la bonne parole pédagogique dans les amphis et en TD...Les leçons moralisatrices se succèdent ainsi, sans varier profondément de ton ("il faut se mettre au travail maintenant, c'est votre avenir qui est en jeu", "moi je m'en fous hein, je l'ai mon diplôme"), et pourront, le cas échéant, vous démoraliser quelque peu, histoire de dégrossir un peu les rangs bien trop gonflés des amphis... - Le bondissant étudiant syndicaliste
Il a le "Contrat social" de Rousseau dans une poche (comme Robespierre), un tract de la CGT dédicacé par Bernard Thibault dans l'autre, une clope roulée par ses soins dans le bec, et une montagne de paperasses séditieuses à distribuer sous le bras. Sous prétexte qu'il pense à ceux qui sont en bas, il vous prend de haut lorsqu'il s'adresse à vous, dans les couloirs de la fac ou en intervenant au début des cours. Mais sa lutte continue contre le côté obscur capitaliste, spoliateur et conspirateur, ne suffit malheureusement pas à lui faire valider son année, puisqu'il passe ses journées dans des manifs place de la République ou dans les locaux poussiéreux de l'UNEF au lieu de réviser ses cours sur Alexis de Tocqueville... En apprenant cette triste nouvelle, vous, modeste étudiant conformiste et consommateur, qui avez créé l'association "Touche pas à mon I-Pod", avez en général cette pensée amicale et consolatrice à l'égard de votre camarade redoublant : "bien fait pour ta gueule, sale bolchévique de mes deux, suppôt de Méluche à la con" etc. etc. - Le relaxé étudiant désinvolte
Il profite des cours de philo pour rouler ses pilons au fond de la classe, lit "France Football" lorsqu'il doit plancher sur "La critique de la raison pure", vous sollicite quotidiennement pour vous échanger une clope contre quelques feuilles de classeur et un stylo quatre-couleurs qui fonctionne... Rien de bien méchant à tout ça, d'autant plus qu'il ne devrait pas dépasser le premier semestre... Rien de mal ouais, s'il n'avait toutefois pas été doté à sa naissance de cordes vocales en parfait état et particulièrement volubiles ! Pourquoi ce besoin permanent de commenter l'intégralité des actions qu'il est en train d'exécuter en même temps que toutes les réflexions du prof ? Et puis, y'a un moment pour parler du départ de Guardiola du Baça, et un autre pour écouter le prof parler des idoles crépusculaires de Nietzsche, non ? Laisse-moi écouter le cours, putain de rmiste gauchiste en puissance ! - Le gentil étudiant studieux
Sagement installé au premier rang avec ses lunettes rectangulaires sur le bout du nez, le dictaphone qui fonctionne, un oeil sur un bouquin de cours, l'autre sur un dictionnaire de 800 pages (pour son plaisir perso), l'étudiant intellectuel (plus que la moyenne) intrigue tout autant qu'il agace. Comment donc cet être étrange et solitaire arrive-t-il à ingurgiter, en si peu de temps, l'intégralité du programme, en plus d'une partie du programme prochain, alors que vous vous êtes tout juste penché sur la signification du titre de la matière ? Plutôt que de vous inspirer de ses remarquables facultés de travail et d'attention, vous songez à l'édification d'un plan machiavélique pour avoir accès, au prochain partiel, à une place non éloignée de ce rat de bibliothèque, afin de pouvoir piocher, le cas échéant, une ou deux petites réponses sur sa copie qui vous assureront à n'en pas douter une carrière magnifiquement dorée. Vous êtes un véritable génie. - Le désespérant employé administratif
Aussi fiable qu'un train de banlieue en provenance de Boissy-Saint-Léger, aussi précis qu'une contrefaçon de Rolex à Barbès, l'employé administratif de la fac est en général une personne que vous parvenez à détester en un temps record. Une ou deux heures suffisent généralement, à force de vous faire balader de service en service, de bureau en bureau, de bâtiment en bâtiment, à vous faire envisager les endroits les plus proches pour se procurer un bidon d'essence de 3 litres et un chalumeau taille XXL... : "Ah non jeune homme, ici c'est le bureau B307, je vous conseille plutôt d'aller voir au bureau C865". "Mais qui vous a dit de venir au bureau C865 ? Si je me souviens bien, c'est plutôt du côté du B307 qu'il faudrait vous diriger...". "Je vous l'ai déjà dit tout à l'heure : bureau C865 !" etc. etc. etc. etc. etc. etc... - La perturbante étudiante canon
Le rétroprojecteur envoie sur le mur blanc de la salle de classe le portrait de Simone de Beauvoir afin d'illustrer le cours sur l'existentialisme au XXe siècle. Devant vous est assise cette minette au regard aussi profond que son décolleté, qui tient naïvement entre ses lèvres charnues et rosées le bout de son stylo, et qui a visiblement oublié d'enfiler ses sous-vêtements ce matin... Vous avez l'excuse de la nature pour légitimer le choix de l'image sur laquelle vous avez préféré vous concentrer. Mais si cette scène est une jouissance inégalable pour les yeux, il reste qu'elle est un véritable désastre pour votre relevé de notes : plus cette espèce est nombreuse dans les cours auxquelles vous assistez, plus vos notes seront basses, irréversiblement...
Et vous, d'autres spécimens de facultés que vous voudriez nous faire partager ?
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