Si l’on dépense 20 euros dans un film à la FNAC plutôt que de le dépenser dans la consommation de stupéfiants ou de clopes bas-prix à Barbès, ce n’est, en général, pas pour se taper un décalage immonde entre le son et l’image ou pour ingurgiter un doublage digne d’un TPE potache de lycéen. Voici quelques types de profils à éviter afin de pouvoir envoyer votre chef d’œuvre cinématographique au Festival de Cannes ou à celui de Pontault-Combault, et afin de ne pas se le voir renvoyer à l’intérieur d’un colis rempli d’anthrax et d’engins explosifs en tout genre.
Le mec qui, selon lui, peut tout jouer
Pour jouer un mercenaire bodybuildé et soldatesque, effigie mouvante d’une virilité à toute épreuve, il est préférable d’engager un gaillard du même genre pour le doubler. Et d’éviter un doubleur dont la voix sonne plus terroir rustique auvergnat que caserne masculine texane.
Le traducteur qui bosse plus au feeling qu'au dictionnaire
Avant la phase du doublage en studio, vient celle de la traduction érudite par un spécialiste de sémantique et de linguistique dans les deux langues concernées. C’est ici que la magie opère. Ou n’opère pas. Pas du tout (c’est un point de vue). Le choix du vocabulaire, légèrement en décalage avec le contexte, peut alors paraitre discutable.
Le traducteur de plus de 80 ans
Restriction d’âge qui permettra sans doute l’absence de prénoms traduits de manière anachronique et qui ne paraitraient pas issus d’une ballade obsolète de Charles Trénet.
Le doubleur qui s'est laissé surprendre par l'hiver
Un rhume, c’est méga chiant : le nez coule, les éternuements s’accumulent, les yeux piquent parfois légèrement. La voix, elle, ressemble de plus en plus à celle d’un canard, sonorité baroque qui se marie assez mal avec l’intrigue d’un thriller policier.
Le monteur qui doit finir tôt pour aller chercher son gamin au foot
On insistera jamais assez sur l’importance de la synchronisation dans le doublage d’un film, et sur l’importance d’engager un monteur qui ne donne pas l’impression d’évoluer dans une dimension parallèle au film qu’il met en forme. Toute trace de Jean Dujardin ne saurait être que fortuite.
Un doubleur qui a eu une nuit trop courte
Et qui est concerné un minimum sur son texte et sur le petit écran qui défile devant lui afin de l’aider à réciter sa composition…
Un doubleur qui a un petit talent d'imitateur
Ce n’est pas parce que vous doublez un acteur chinois qu’il faut vous lancer dans une piteuse imitation de sa langue maternelle, qui n’est manifestement pas la vôtre. Vous risquez, en plus de heurter dangereusement une communauté qui compte presque deux milliards de membres (attitude risquée) et de rendre incompréhensibles certains passages-clés de l’intrigue de votre film.
Un doubleur qui n'a pas définitivement réglé ses problèmes d'alcool
Ce qui est tolérable pour un poète, à la limite pour une rock star, est inacceptable dans une cabine de doublage. Doubler un film, même un film super con, après avoir avalé quelques litres de bière tiède, ce n’est jamais concluant.
Un doubleur qui n'a pas pris espagnol en première langue au collège
Afin de ne pas renforcer les clichés habituellement véhiculés sur la communauté hispanique, dont les membres, en plus de tous s’appeler « Rico » ou « José », ne sont décidément pas capables dé prrrononcer oune phrase correctement.
Un doubleur ayant un lien de parenté avec Jean-Pierre Raffarin
Parce que, tout de même, l’accent anglais français est déjà suffisamment raillé à l’étranger comme ça…
Et vous, d’autres idées pour que vos frais de production soient intégralement remboursés ?