Michèle Alliot-Marie a donc admis avoir utilisé le jet privé d'un homme d'affaires tunisien et ami, à deux reprises. Un jet (d'encre) qui fait tâche sur le curriculum vitae de la ministre des affaires étrangères dans un contexte tunisien compliqué. Et puis François Fillon utilisant celui d'un célèbre égyptien aujourd'hui un peu moins en odeur de sainteté. Avec leurs confessions (forcées), on découvre une pratique presque banale. Faut dire que voyager en jet, c'est quand même autre chose. Une fois que tu as y gouté... 12 bonnes raisons de préférer voyager en jet privé plutôt qu'en avion.
- Ça en "jette", tout simplement: dans "Jet privé", y'a "privé". Alors dès qu'on peut se dire que tout le monde ne peut pas faire ce qu'on est en train de faire, c'est toujours un peu meilleur. Very Important Passager. Suffit juste de se l'avouer, Michèle.
- Un petit avion, c'est moins polluant qu'un gros: excuse un peu bidon, mais dite rapidement, ça peut passer. Si les 525 passagers d'un A-380 avaient chacun leurs jets, il en serait peut-être autrement. Mais ça n'arrivera pas, donc à quoi bon se priver ?
- Tu as moins de contraintes d'horaires : il suffit seulement de croiser par hasard le propriétaire d'un jet à l'aéroport. Ca n'arrive pas qu'aux autres, hein François.
- Tu voyages en comité réduit: pas de risques de tomber sur un Delarue turbulent ou sur un gamin qui fait ses dents. L'avion privé, c'est la zenitude de l'altitude pour tous. Ou pour les plus riches, admettons.
- Tu bénéficies d'une hôtesse de l'air personnelle : derrière laquelle il est impossible de se retrouver coincé dans une allée à cause du mini-bar qu'elle pousse doucement. Une hôtesse rien que pour toi. A partir de là, chacun imagine ce qu'il veut...
- Parce que c'est plus facile de passer dans le "club des 10 000": c'est à dire ceux qui ont niqué en avion, à 10 000 pieds. Attention, avec la baisse du risque de se faire choper peut aussi disparaitre l'excitation. Mais la possibilité d'atteindre 10 000 partenaires, elle, grandit.
- Pas besoin de prendre son billet à l'avance: Pas de e-ticket non plus. En fait, pas besoin de prendre son billet tout court.
- Tu profites de repas qui ressemblent à de la vraie bouffe : et donc pas à choisir entre la peste et le choléra, entre la cuisse de poulet à la texture (et au goût) de semelle de tong et la mousse de saumon plastifiée. Le jet, c'est une affaire de goût.
- Tu n'es pas obligé de te taper "Sex Friends" ou toute autre grosse daube vaguement cinématographique pendant le voyage: nan, le film proposé, tu le choisis. Je dirais même que tu l'imposes. Quitte à refuser de décoller si tu ne peux pas revoir "Casino" ou "Les naufragés du 747" pendant le voyage.
- Parce que ça ne se fait pas de refuser un cadeau d'un ami riche offert de bon coeur: parce que l'ami riche, comme l'ami pas riche, il finit par se vexer. Et ça serait trop bête, on ne sait jamais. A un moment, ça peut servir.
- C'est une manière moderne de dire "merde" aux grèves soudaines des contrôleurs aériens: votre grève ne m'atteint pas, fumiers de plébéiens. Moi je suis au dessus, vous n'êtes pas prêt de me pourrir mes vacances.
- "Parce que tout le monde le fait", dixit Fillon: donc quand tu te fais choper la main dans le bocal de bonbons et qu'on te le reproche, tu te défends en te disant que t'es pas tout seul. Comme quand tu te fais flasher à 160 km/h sur l'autoroute: "mais pourquoi moi ? Et lui là il roule pas trop vite non plus ?". Si, mais ça veut pas dire que c'est bien. Et c'est toi qui prends. La vie est une chienne.
Et vous, vous en voyez d'autres?