Il arrive que Topito parte complètement en sucette, comme lorsqu’un inconscient classa la Place Bellecour parmi les 10 plus moches de France. Un blasphème alors que c’est pour tous les Lyonnais, un lieu chargé d’histoires. Et pas toujours les plus connues.

La malédiction des statues de la Place Bellecour

La première, prévue initialement en 1628, fut annulée à cause d’une épidémie de peste. Quelques décennies plus tard en 1688, la ville passe une nouvelle commande auprès d’un sculpteur parisien (Martin Desjardins) qui n’achèvera son œuvre qu’en 1694. Faute de moyens, la municipalité repoussa son transport à Lyon jusqu’en 1700, date à laquelle la statue embarqua sur un bateau, contourna la France, remonta par le Rhône et se retrouva enfin à Oullins en banlieue lyonnaise. Elle y restera enfermée 12 ans dans un hangar, faute de fonds suffisants pour l’installer sur la Place Bellecour. Elle sera finalement inaugurée en décembre 1713, avant d’être détruite pendant la révolution française en août 1792. Reconstruite en 1825 à la demande de Napoléon, la légende raconte que le sculpteur se serait suicidé en se rendant compte qu’il avait oublié les étriers. Une fake news historique puisque le Roi Soleil est ici immortalisé montant sur son cheval à la romaine, c’est-à-dire à cru.

Une ancienne zone marécageuse et une décharge publique

A l’époque romaine, la Place Bellecour n’existe pas en tant que telle, son emplacement est recouvert d’entrepôts d’amphores appartenant aux négociants en vin. Mais d’importantes crues vont au fil des siècles transformer la zone en marécages où les lyonnais viennent régulièrement jeter leurs ordures. Il faut attendre la fin du 9ème siècle pour que l’Archevêché d’Ainay décide de racheter le terrain, de le nettoyer et de l’entourer de clôtures, transformant cette ancienne décharge en immense pré équipée de bergeries. De cette époque vient le nom de Belle court ou « Pré de Belle Court » lui-même hérité du latin Bella curtis qui voulait dire « beau jardin ».

La première Ambassade extra-terrestre place Bellecour

Et si la Place Bellecour était en réalité un parking à OVNI ? En 832, 4 lyonnais auraient été vus sortant d’un vaisseau volant à l’emplacement actuel de la place. Remis de leurs émotions, ils déclarèrent avoir été enlevés et transportés à travers les nuages jusqu’à une planète composée de paysages de glace, mais aussi de déserts. Les 4 rescapés furent accusés de sorcellerie par la population et n’échappèrent au bûcher que grâce à l’intervention de l’évêque de Lyon. Huit siècles plus tard, dans la nuit du 12 octobre 1621, le ciel illuminé laissa apparaître un château de forme arrondi, qui se déplaçait en faisant des bonds et en lançant des éclairs. Autant de manifestations extraterrestres qui décidèrent les Raéliens en 2015, de proposer d’installer la première ambassade extraterrestre Place Bellecour.

Un projet de gare avorté

En 1845, le conseil municipal propose d’implanter une gigantesque gare ferroviaire pile au niveau de la Place Bellecour. Les riverains font la gueule et le Maire doit lui-même monter au front pour empêcher que le projet ne sorte de terre. Finalement, la gare sera construite en novembre 1845 dans le quartier de Perrache à un petit kilomètre au sud de Bellecour. Elle était à l’époque beaucoup moins moche que ce qu’elle est devenue dans les années 60.

Elle fut renommée Place du Maréchal Pétain pendant la Seconde Guerre Mondiale

Lorsque le chef du régime de Vichy passe dans le coin en novembre 1940, Lyon est encore en zone libre (elle le restera pendant deux ans). Pour honorer son illustre visiteur, les élus décidèrent de baptiser la Place Bellecour, Place du Maréchal-Pétain. Une vilaine tâche qui disparaîtra heureusement dès la Libération.

Le Rhône et la Saône au pied de Louis XIV

La statue du Roi Soleil qui trône depuis 1825 au centre de la Place Bellecour est accompagnée de deux autres sculptures qui se prélassent à ses pieds. Celles-ci sont des allégories censées représenter le Rhône (un vieux barbu) et la Saône (sa concubine).

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Il est parti à la ferme des liens cassés pour prendre des petites vacances, il est avec tous ses copains, ne t'inquiète pas.

Des facteurs au chômage qui pédalent pour produire de l’électricité

A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, les Lyonnais ont fait avec les moyens du bord pour reprendre une vie normale. Pendant quelques temps, la ville a même réquisitionné des dizaines de facteurs au chômage qui pédalaient sur des vélos délabrés pour activer des dynamos et produire l’électricité censée illuminer la Place Bellecour.

Le Veilleur de pierre

Une statue se dresse à l’endroit de l’explosion d’une bombe posée par la résistance lyonnaise le 26 juillet 1944, qui visait des officiers allemands et membres de la Gestapo installés à la terrasse d’un café. Si l’attentat ne fit aucune victime, elle fut suivie dès le lendemain de l’exécution de cinq résistants, fusillés sur les lieux même de l’explosion. Cette sculpture dite du Veilleur de pierre rappelle cet épisode et les multiples massacres commis dans le Rhône pendant la Seconde Guerre Mondiale.

La Place de tous les records

Oui enfin d’un seul, et c’est déjà pas mal. La Place Bellecour n’est peut être pas celle qui possède la plus grande superficie (celle des Quinconces à Bordeaux et celle de la Concorde à Paris lui volent la vedette), mais elle est de loin la plus grande place piétonne de toute l’Europe ! (On peut même faire des courses de Segway tellement c’est grand)

Le point kilométrique zéro de Lyon

La Place Bellecour est à Lyon, ce que la Cathédrale Notre-Dame est à Paris : le point précis à partir duquel sont calculées les distances qui mènent à Lyon. Quand cet été vous serez bloqué sur la A6 en plein embouteillage et que vous verrez un panneau vous indiquant Lyon, 230 km, vous repenserez à ce top et pourrez animer votre périple (de galérien) d’une magnifique anecdote.

Il parait que certains Lyonnais militeraient en sous-marin pour que la Place Bellecour soit à terme renommée Place Jean-Michel Aulas…

Source : lyon-france.net