Il y a des acteurs de comédies, façon Dany Boon qui serait peu crédible en tueur à gages ; il y a les acteurs de films d’action, façon Dwayne Johnson qu’on n’imaginerait pas trop pédiatre ; il y a les acteurs de policiers, façon Clint Eastwood qu’on n’imaginerait pas trop puériculteur ; et puis il y a les acteurs de films malaisants, qu’on n’imaginerait pas trop inviter à bouffer chez soi.
Isabelle Huppert
Première apparition à l’écran dans les Valseuses, à moitié violée à 15 ans par Depardieu et Dewaere. Ensuite, on connaît : Pialat, Chabrol, Haneke, Ozon, Jacquot, Verhoeven, entre autres. Pas la fête, quoi.
Son rôle malsain marquant : La pianiste.
Dominique Pinon
Jean-Michel Drôledetête. Abonné aux films de Jeunet, y compris les bizarres quand Jeunet était jeune, il joue dans Roman de gare, un bon Lelouch, un rôle lui aussi très bizarre. Bon d’accord, il joue aussi dans Quasimodo del Paris, mais c’est pas ça qu’on retient.
Son rôle malsain marquant : Louison, dans Delicatessen.
Laurent Lucas
Habitué des films de Bonello et Leos Carax, vu récemment dans Grave, révélé par Harry, un ami qui vous veut du bien, Laurent Lucas promène son menton prognathe sur un cinéma de genre, de genre malaisant.
Son rôle malsain marquant : Michel, dans Harry, un ami qui vous veut du bien.
Philippe Nahon
En atteignant la cinquantaine, Philippe Nahon s’est vu atteint d’un mal étrange : il s’est mis à ressembler à la fois à un parrain du banditisme, à un flic en bout de course et à un beauf qui tape sa femme. Il a de ce fait commencé à jouer chez Kassovitz, Gaspard Noé, Delépine et Kervern et dans la quasi-totalité de la production thrillero-fantastico-horreur française. Il sait pas dire Nahon.
Son rôle malsain marquant : Tous les seconds rôles de l’histoire.
Sergi Lopez
Militaire psychopathe dans Le labyrinthe de Pan, ami qui veut pas que du bien dans Harry et tutti quanti, aveugle partouzard dans Peindre ou faire l’amour, père d’un gosse qui a des ailes dans le dos dans Ricky, Lopez joue dans tout ce qui se fait de bizarre et fait, de temps en temps, une comédie où il traîne son accent espagnol.
Son rôle malsain marquant : Harry, dans Harry, un ami qui vous veut du bien.
Patrick Dewaere
Dewaere a aussi fait pas mal de comédies, mais il est quand même dans Les Valseuses, Préparez vos mouchoirs, Coup de tête, Série noire (le film le plus malaisant de toute l’histoire) ou encore Un mauvais fils de Sautet.
Son rôle malsain marquant : Franck Poupart dans Série noire.
Kyle MacLachlan
C’est sa collaboration avec Lynch qui a bâti la carrière de Kyle MacLahan, dans Twin Peaks ou encore Blue Velvet. MacLahan ne s’en est jamais vraiment affranchi et, si la deuxième partie de sa carrière est moins riche sur le plan cinématographique, il reste à jamais associé au crincrin malaisant des nains qui se dandinent devant des rideaux rouges.
Son rôle malsain marquant : Jeffrey Beaumont dans Blue Velvet.
Lars Mikkelsen
Le frère aîné de Mads Mikkelsen ne joue que des rôles un peu pervers, dans The Killing, Sherlock ou House of Cards. Au cinéma aussi, il est spécialisé dans le thriller psychologique.
Son rôle malsain marquant : Le Président russe dans House of Cards.
Cillian Murphy
Coucou j’ai l’air tellement bcbg que j’en deviens inquiétant. C’est ce qui arrive à Cilian Murphy, méchant dans la trilogie Batman de Nolan, premier rôle dans Le vent se lève, type instable dans Breakfast on Pluto, survivant emmerdé dans 28 jours plus tard. Ce sont les yeux bleus, les responsables.
Son rôle malsain marquant : L’épouvantail dans Batman Begins.
Bette Davis
La deuxième partie de carrière de l’immense actrice Bette Davis s’est entièrement bâti sur le fait que, vieillissante, elle avait l’air totale dingo. Le syndrome s’abat sur elle à partir de Eve, de Mankiewicz, tourné en 50, et continue ensuite avec Qu’est-il arrivé à Baby Jane ?, Confession à un cadavre ou encore Chut… Chut, chère Charlotte.
Son rôle malsain marquant : Margo Channing dans Eve.
Si vous les croisez dans la rue la nuit, changez de trottoir.