Le mot « flygskam » ne vous dit rien ? C’est pourtant un mouvement né depuis peu en Suède et qui signifie « la honte de prendre l’avion ». Moyen de transport de loin le plus polluant sur terre, les écolos en herbe qui souhaitent fondamentalement changer leurs habitudes commencent à ne plus vouloir grimper dans ce réservoir à gaz à effets de serre. Et c’est bien ça le problème. Vivre en accord avec ses valeurs écologiques, c’est chouette mais ça nécessite de nombreux sacrifices. Quitte à ne plus voyager… du tout. Parce que le tourisme, dans toutes ces formes, n’est malheureusement jamais bon pour la planète.
Le tourisme au niveau planétaire génère 8 % des gaz à effets de serre
En 2009, nos vacances représentaient un impact annuel 3.9 gigatonnes d’émissions de CO2. On prévoit 6.5 gigatonnes d’émissions pour l’année 2025. Et je peux vous dire que ces émissions-là ne seront pas présentées par Ruquier ou Ardisson. MDR. Oui bon bah c’est pas parce que c’est la fin du monde qu’on n’a pas le droit de rire aussi.
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, les autochtones bénéficient très faiblement des profits tirés du tourisme
30 % en Thaïlande, 20 % aux Caraïbes, 15 % en Afrique Subsaharienne (chiffres cités dans la vidéo de Data Gueule à retrouver en conclusion). Pas lourd dans le porte-monnaie.
De base, il faut arrêter de prendre l’avion
Les Suédois ont bien raison finalement ! Même s’il n’est pas évident de faire abstraction de ce moyen de transport, on peut commencer par en limiter l’usage en privilégiant le train quand c’est possible.
Pour ce qui est des billets qu’on paye que dalle pour aller profiter d’un bungalow à l’autre bout du monde chez les pauvres qui eux, ne pourront jamais se le payer (parce qu’en gros, c’est bien de ça qu’il s’agit), c’est du grand n’importe quoi. Certes ça fait plaisir au porte-monnaie mais c’est un drame écologique. C’est pourquoi certaines plateformes proposent même aux voyageurs de s’acheter une bonne conscience en indiquant le trajet qu’ils vont parcourir en avion ; la plateforme leur indique l’impact carbone que ça représente et son coût réel (par exemple un aller-retour Paris/ Los Angeles coûte plus ou moins 150 €), tu peux alors payer cette somme (qui n’est affichée qu’à titre indicatif, tu peux choisir le montant que tu veux) afin de la reverser dans le projet écologique de ton choix. Même si sur le fond c’est plutôt louable, il va sans dire que ce type de démarches ne rencontre pas un grand succès.
On compte en moyenne 1,3 milliards de touristes à l'heure actuelle contre 25 millions en 1950 (soit 2 % de la population mondiale)
Problème numéro 1 : c’est trop. Trop de monde. Rien de bon ne peut en sortir.
Problème numéro 2 : certes cette évolution de la masse touristique est du à l’accessibilité nouvelle du tourisme aux classes moyennes, mais ce tourisme mondial continue de se faire au détriment des plus pauvres. Vous la voyez venir cette bonne grosse injustice sociale ?
Les stations de ski sont mauvaises pour la planète
Attention, les responsables ne sont pas les gens qui nous accueillent en stations, eux c’est leur gagne-pain le tourisme ! Le problème c’est que les stations de ski sont de véritables désastres écologiques dont seuls les riches peuvent profiter. En France par exemple on a perdu à peu près 25 jours de neige par an depuis les années 80. Or une station de ski sans neige ça fout une sale ambiance. Heureusement, il existe des canons de neige pour régler ce drame ! 1 mètre cube d’eau pour 2 mètres cube de neige, franchement ça le fait. On est prêt à tout pour le portefeuille bien garni des touristes en quête de peuf.
Dans une ville comme Venise, il y a 145 fois plus de touristes que d'habitants
C’est pour cette raison que la ville a commencé à prendre des mesures en interdisant par exemple les paquebots géants ou en limitant l’accès de la ville aux voyageurs. De la même façon l’île Boracay aux Philippines a été interdite d’accès au touristes pendant 6 mois en avril 2018 après un afflux beaucoup trop élevé. Barcelone n’en peut plus non plus des touristes (32 millions chaque année) qui entraînent bien souvent une dégradation des lieux et commence à réclamer une régulation du flux de voyageurs. Pareil à Amsterdam avec ses 18 millions de touristes annuels (qui écrasent un peu les 17 millions d’habitants du pays). Bref les victimes du tourisme commencent à se rebeller.
Parce que vraiment on n'en peut plus des selfies de citoyens du monde sur Instagram
Les baroudeurs armés de leur sac à dos, les influenceurs en quêtes de paysage Instagrammable sur lequel afficher leurs courbes, c’est vraiment plus possible. De la même façon que les habitants de la rue Crémieux a Paris se plaignent de l’invasion quotidienne d’instagrammeuses, certains spots du monde sont littéralement dévastés par leur potentiel instagrammable… Ou comme le raconte cet article, ce village paumé qui s’est vu envahi de touristes hystériques après le partage d’une photo remplissant tous les critères du bonheur du Instagram.
Le tourisme éthique c’est sympa mais concrètement ça change rien
Certaines structures peuvent tenter de limiter les impacts de la présence humaine mais pas l’annuler. Sans compter que le mot « écotourisme » n’est pas protégé et qu’un paquet d’agences se revendiquent de cette éthique sans qu’on en voit les résultats.
En gros, faire du tourisme, voyager c’est forcément antinomique avec la protection de la planète. Alors bien sûr, difficile d’expliquer aux 1.2 milliards de touristes annuels qu’ils feraient mieux de rester chez eux… mais disons qu’on peut limiter les dégâts en ne prenant pas l’avion quand c’est possible, en privilégiant les voyages long qui permettent d’accorder plus de temps aux déplacements
Parce qu'à qu'on a déjà tout vu sur Instagram
Que signifie vraiment le mot « voyage » aujourd’hui quand on connaît déjà à peu près tous les recoins de la planète en photo ? Qu’est-ce qu’on cherche de plus que ce qu’on a déjà vu puisque tous les chemins sont balisés ? Vous trouvez que je suis déprimante ? Ouais bon bah c’est parce que je suis pas partie en vacances depuis longtemps et les stories de mes potes sur Insta me donnent trop envie #lesboules.
Il existe même un tourisme ultra paradoxal qui profite de la crise écologique
Par exemple on peut payer 50 000 € une croisière en Arctique pour apprécier en live la fonte des glaces ou 400 $ la nuit pour pioncer chez les derniers inuits. Sans compter les safaris illégaux qui proposent pour des sommes exorbitantes de buter les animaux en voix de disparition (comme cet Américain vraiment trop stylé qui a le le droit de buter un Markhor au Pakistan pour 110 000 $)
Et on ne saurait trop vous recommander cette vidéo tristement instructive de Data Gueule qui a servi de source principale pour ce top.
« Ce que le touriste photographie d’une main, il l’empoisonne de l’autre… »
Autres sources : Usbek & Rica, Magazine La Ruche Qui Dit Oui, France TV Info, France Culture, Du Grain à Moudre : « Y-a-t’il trop de touristes dans le monde ?