Qui a dit que la guerre, c’était uniquement pour les brutes ? Non : chez les conscrits comme chez les militaires de métier, on trouve de tout, y compris de gros déconneurs. Que ce soit pour faire marrer ses copains ou pour tenter un coup, les guerres sont émaillées d’exploits individuels qui ressemblent à des blagues. Des blagues dont on peut mourir, mais des blagues quand même.
Quand Ken Gatward volait au-dessus de Paris pour le seul plaisir d'emmerder la Gestapo
En 42, les Nazis étaient au top de leur forme et pensaient raisonnablement gagner la guerre rapidement. À Paris, ils défilaient peinards sur les Champs tous les jours pour montrer qu’ils dominaient tandis que des hordes les acclamaient avec des fusils dans le dos. Côté anglais, c’était pas la forme entre les bombardements, le statu quo territorial et la guerre de manière générale. C’est alors que le haut commandement a décidé d’organiser une opération dont le seul et unique objectif était de faire chier les nazis. Ken Gatward, un aviateur anglais, a ainsi été envoyé avec son copilote au-dessus d’une parade quotidienne dans le but de jeter un immense drapeau français sur l’Arc de triomphe dans le seul et unique but d’énerver la Gestapo. Une fois l’opération réalisée (rappelons que c’était pas facile facile), Gatward a eu envie de plus : canarder l’immeuble occupé par la Gestapo à Paris. Ceci fait, il a dû échapper aux missiles anti-aériens pour regagner sa maison tranquillement sans demander son reste. Bien ouej.
Gabriele d'Annunzio a tout risqué pour se foutre de la gueule des Autrichiens
En 1917, d’Annunzio, nationaliste italien devant l’éternel, n’était pas à la fête : les Autrichiens dominaient les débats dans les combats qui les opposaient aux Italiens et ces derniers pouvaient déjà renoncer à récupérer les territoires qu’ils avaient dans le viseur lors de leur entrée en guerre surprise contre leurs anciens alliés en 1915. Sous les ordres du Lt Luigi Rizzo, d’Annunzio a participé à ce qu’on a appelé le raid de Baccari, du nom de ce petit port aujourd’hui situé en Croatie et qui était alors dominé par les Autrichiens. Bombardés par les ennemis dans la baie, ils sont parvenus à aller lâcher leur torpilles sur les navires ennemis – mais les torpilles n’ont malheureusement pas explosé. Une fois échappés (il fallait le faire), nos amis sont rentrés tranquilles. Mais plusieurs mois plus tard, d’Annunzio a réitéré l’opération en pilotant un avion chargé de prospectus de propagande, lesquels ont été lâchés sur Vienne. Ces flyers se foutaient ouvertement de la gueule des Autrichiens.
Le soldat qui voulait détourner les voitures piégées en Afghanistan
On le sait, les guerres américaines des années 2000 n’ont rien donné de bon – en Afghanistan comme en Iraq. En plus d’avoir déstabilisé des pays entiers sans permettre le retour de la démocratie et d’avoir favorisé l’explosion de l’islamisme radical à la faveur du chaos institutionnel, les Américains ont envoyé des milliers de soldats au casse-pipe sans véritable plan d’action. Je vous conseille le visionnage de Jarhead, sorte d’adaptation irakienne de Full Metal Jacket à la sauce Mendes pour vous en rendre compte. Loin de chez eux, mal préparés à ce type de guerre qui devait durer, les Marines en ont chié. Mais certains ont bien ri, comme ce soldat probablement assez cynique.
Le soldat qui avait vraiment envie de donner des bières à tout le monde
En 1967, John « Chickie » Donohue était un vétéran qui n’était pas censé partir au Vietnam – à part pour accompagner une campagne de ravitaillement en munitions pour les Marines américain. Donohue savait bien que les munitions, c’est sympa, mais que les gens préfèrent des bières de manière générale. Il s’est donc mis en tête de retrouver tous ses potes mobilisés au Vietnam pour leur apporter des bières. Il a donc commencé dès son arrivée au port, prenant une cuite avec un pote sur lequel il était tombé par hasard. En gueule de bois, il a continué sa mission salvatrice en parcourant la jungle vietnamienne à la recherche de ses autres potes, accompagnant des bataillons par-ci, en rejoignant d’autres par-là.
Le Major Allison Digby Tatham-Warter et son parapluie magique
Incorporé parmi les parachutistes anglais en 1942, Digby avait une petite particularité très anglaise, elle aussi : il ne se séparait jamais de son putain de parapluie. Dit comme ça, ça semble complètement stupide. Et ça l’est ; pour autant, le parapluie du Major lui a permis de réaliser des tours de passe-passe aussi classes qu’anglais : lors de la première bataille d’Arnhem, Digby a mené la charge parapluie au poing avant de sauver l’un de ses soldats en le protégeant des balles grâce à son parapluie, avant de saboter un tank allemand en crevant les yeux d’un chauffeur allemand avec… son parapluie. Arrêté par les Allemands, Digby est parvenu à s’échapper et à se rapprocher d’un groupe de résistants anti-nazis qui l’ont aidé à trouver de faux papiers.
Le commandant américain plus malin que les Nord-Coréens
Capturé par les Nord-Coréens à la fin des années 60, le commandant Bucher s’est vu appliquer un joli petit canon de revoler sur la tête pour signer un genre de confession valant allégeance à la grande Corée du Nord et son leader Kim Il-sung. Après avoir refusé pendant plusieurs jours, il a fini par céder sous la menace de voir l’intégralité de son équipage fusillé. Mais Bucher a fait les choses à sa manière : pour exprimer son allégeance au grand leader, il a utilisé le verbe « paean », lequel signifie « louer » en anglais très très châtié. Et quand les Nord-Coréens lui ont demandé de lire cette déclaration à la radio, le mot « paean » ressemblait étrangement au verbe « pee », qui signifie pisser. Il a donc déclaré avec l’aval de ses bourreaux qu’il « pissait » sur Kim Il-sung.
Le mec de MASH et ses facéties
Chirurgien envoyé au Vietnam avec d’autres de ses confrères, Dr. H. Richard Hornberger a sorti un récit romancé de ses années de guerre, MASH, lequel a donné par la suite lieu à une série et à un film inoubliable signé Altman. Si l’on ne peut toujours différencier la fiction de la réalité, il est clair qu’un épisode semble clairement inspiré par un moment vécu par le chirurgien pendant la guerre. Alors qu’il passait son temps à se bourrer la gueule avec ses collègues (sauf bien sûr quand il fallait tout à trac soigner 200 personnes), il a « aidé » un de ceux-ci à se suicider – le collègue en question, dentiste, était particulièrement dépressif en raison de ses problèmes d’impuissance. A la suite d’un bon repas empruntant à la Cène, il lui a distribué une pilule de cyanure qui était en fait un somnifère, avant de le positionner dans un cercueil et de prendre des photos. Qui dit guerre dit humour sournois.
L'Etat-major anglais, des héros parmi les héros
En 1942, au moment où la Seconde guerre mondiale était en train de basculer, les Nazis ont eu une idée pour continuer à faire flipper des Alliés qui n’ignoraient pas qu’ils arrivaient au bout de leurs forces : envoyer des faux avions en bois au-dessus des camps alliés pour créer la panique et faire croire à ceux-ci que l’arsenal militaire nazi recelait de merveilles qu’ils ne soupçonnaient pas. Sauf que le truc na pas duré longtemps : rapidement, les Anglais se sont rendu compte que ces avions en bois ne menaçaient personne. Pour bien le faire comprendre aux Nazis, ils se sont alors livré à un petit plaisir coupable : bombarder les rangs ennemis avec… des bombes en bois. Pas d’explosion, rien, mais une petite blague sur les bombes : « wood for wood », comprenez « bois pour bois ». J’aime les Anglais.
Quand les Nazis se travestissaient
Les soldats nazis avaient beau être envoyés au feu pour défendre un régime raciste, homophobe et autoritaire, ils n’étaient pas tous racistes, homophobes et autoritaires. Et de fait, c’est parmi les rangs nazis que l’on a retrouvé le plus de traces de moments de travestissement, souvent à l’arrière mais parfois au front. Plusieurs études ont montré que ces rituels avaient différents fondements : il y avait bien sûr l’idée de la fête et du divertissement qui passait par là en l’absence totale de meuf, des spectacles organisés, mais aussi des genre de soirées déguisées qui étaient montées de toutes pièces par des mecs qui se déguisaient. Des soirées qui devaient mettre la bonne ambiance je pense.
Quand les armées nord-vietnamiennes montrent leur cul à un pilote américain
Durant la guerre du Vietnam, les Marines avaient pour ordre de ne tirer que si l’ennemi ouvraient le feu sur eux. C’était comme ça et il fallait s’y plier. Or, en 1971, un lieutenant d’aviation se retrouve à survoler tout un bataillon nord-vietnamien : il peut le canarder, mais il n’a pas le droit. A moins que… Gordon Evans, c’est son nom, décide alors de faire une approche en rase-mottes pour inciter les soldats ennemis à le canarder. Mais les soldats ne bougent pas. Evans recommence, encore plus près, cette fois-ci ; toujours aucune réaction. A sa troisième tentative, Evans a eu droit à une réaction intéressante. Les Nord-Vietnamiens lui ont montré leur cul pour lui signifier qu’ils savaient très bien à quoi il jouait. Bonne réponse.