C'est la corvée, à chaque fois. Prendre rendez-vous, passer une demi-heure à se faire bichonner et sortir déçu, ça fait partie de la vie de toute personne un tant soit peu chevelue. Mais quand on est un mec et qu'on tient à l'assumer pleinement, quitte à se forger une image de gros bourrin, le passage chez le coiffeur est une torture à laquelle on se plie uniquement sous la pression des conventions sociales. Encore un truc de gonzesses, tiens, ces "conventions sociales"...
- La tignasse de la honte
Avez-vous remarqué que la plupart des personnes assises autour de vous n'ont aucune raison d'être là ? Personne n'a osé entrer dans ce salon avec une choucroute comme la votre. Ils sont tous coiffés ou ont les cheveux plus courts qu'un Marine ; mais ils sont là dans ce salon et ils doivent passer avant vous. Le coiffeur en rajoutera une couche, avec un "et bien... y'a une belle épaisseur!", vous marmonnerez des excuses, j'ai eu pas mal de boulot ces derniers mois, pardon... je suis désolé... je le ferai plus... - Le double-shampooing
Vous n'avez pas l'impression d'être un goret, mais quand vous lavez vos cheveux chez vous, c'est relativement vite torché. On mouille, on met une giclée de shampooing Marque Repère Cheveux Normaux aux Fruits Rouges, on rince et c'est réglé. Chez le coiffeur, le shampooing ressemble à un chantier pharaonique, on mouille abondamment, on met du produit, on frotte intensément, on rince, et on remet du produit... On a l'impression que votre cuir chevelu est le truc le plus crade qu'a vu votre coiffeur depuis des années. - La question "comment est-ce qu'on les coupe cette fois-ci?"
Comme d'habitude, avec des ciseaux, et le plus vite possible. Vous êtes toujours désarmé face à cette question : est-ce qu'il y a un jargon technique? Est-ce qu'on dit encore "bien dégagé derrière les oreilles"? Du coup, vous répondez "pareil mais en plus court", vous sentez le mépris et la frustration de l'artisan coiffeur qui a l'impression de faire le travail d'un toiletteur canin avec des clients comme vous, sauf que le chien est assez respectueux pour ne pas lire France Football pendant qu'il est tondu. - L'obligation de serrer les dents
Le coiffeur se doute bien que sous vos airs de machine de guerre se cache un être sensible et douillet. Et il vient parfois aux nouvelles : "vous me dites si c'est trop chaud...", "le rasoir, ça va tirer un peu..." mais vous ne pouvez pas décemment admettre que vous en chiez. Vous êtes quand même venu en bermudas pour que le coiffeur voit votre cicatrice sur le mollet après un accident de mobylette, ce n'est pas pour pleurnicher parce que l'eau du shampooing est un peu chaude. Merde! - Le regard des habitués
Votre coiffeur est avant tout un commerçant. Du coup, il prend le temps de saluer les gens de passage, les habitués, le facteur, le mec qui vient livrer la laque dans des cartons... Et tout ce petit monde a la curiosité de vous fixer dans le miroir, les cheveux à moitié coupés, maintenus sur le dessus par un pince, dans une odieuse coupe au bol... Vous essayez bien d'avoir l'air cool, détendu, mais vous n'avez qu'une envie, leur crier : "C'est pas fini, alors foutez moi la paix!" - Une ambiance musicale déplorable
Les "coiffeurs pour homme" ont disparu et il est aujourd'hui difficile de mettre la main sur un salon où l'on voit coiffe "à sec", clope au bec avec Les Grosses Têtes en fond sonore. Aujourd'hui, votre coiffeur a opté pour une compilation lounge qui vous met les nerfs en biseaux : vous n'êtes pas bien dans cette ambiance feutrée, musique d’ascenseur et odeur entêtante de laque. Ce serait vraiment compliqué de mettre un fond de musique irlandaise, des effluves de bière à la pression et un écran avec Eurosport? - Des commentaires qui vous échappent
Le coiffeur pensent que vous vous souciez de "la santé de vos cheveux". Vous avez déjà assez avec la votre, mais apparemment, votre cheveu "n'est pas assez nourri", et il est abimé, ce qui le rend "difficile à coiffer". Etant donné que vous vous coiffez aux doigts, en sortant de la douche, ces remarques vous mettent mal à l'aise et vous avez juste envie de lui dire, ok, restons-en là, nous perdons notre temps tous les deux. - Le risque d'une remarque assassine
« Est-ce que vous voulez une petite coloration pour dissimuler les cheveux gris ? ou "On vend des traitements pour ralentir la chute des cheveux...". Les mauvaises nouvelles, c'est à votre médecin de les annoncer, pas à un type qui a observé votre cuir chevelu 30 secondes! J'ai un boulot stressant, ok? Je vais me refaire! C'est pas des cheveux gris, c'est l'éclairage de ce salon de merde qui donne cette impression. Je ne vous permet pas de juger mes cheveux! - Le miroir pour voir la nuque en fin de séance
Qu'est-ce qu'on bien répondre à "ça va comme ça derrière?" quand on est un homme à la virilité affirmée ? "Ben... c'est une nuque, quoi..." Est-on censé s'enthousiasmer en découvrant pour la première fois ce dégradé impeccable laissant une bande de peau régulière entre le cheveu et le col de votre chemise ? Non, on dit "ça va." puis, quand le miroir a pivoté de quelques degrés "ouioui, ça va très bien"... De toute façon, il ne va pas tout recommencer maintenant. - Le risque de croiser quelqu'un sur le chemin du retour
Vous n'avez jamais compris les gens qui vont chez le coiffeur juste avant une soirée ou un rendez-vous... Pour votre part, il vous faut rentrer, au plus vite, avec une casquette ou une capuche, pour virer le produit fixant et les cheveux qui trainent sur le front, dans la nuque et dans les oreilles. Le scénario catastrophe : vous croisez un pote et il vous dit "tiens... t'as été chez le coiffeur?" Vous préféreriez qu'il vous poignarde en plein cœur. Et dire que dans quelques mois il faudra recommencer.
Et vous, vous aimez aller chez le coiffeur ?
Top écrit par CritiK Man