On adore ou on déteste, mais on doit admettre que Rolland Courbis est un personnage. De géniales intuitions sur les terrains, des transferts rondement menés, des passages devant le juge, des potes un peu douteux, des montées héroïques en Ligue 1 et surtout des déclarations à l'emporte-pièce. Fort de sa carrière qu'on qualifiera de "rock'n'roll", Rolland nous a habitués à des coups de gueules improbables, des colères pagnolesques et des pensées débordantes de bon sens sur ce qui va mal dans le foot. Petit florilège.
- Les victoires à 3 points : quand deux équipes font match nul, elles prennent chacun un point, et le troisième est dans la nature. Une démonstration mathématique implacable qui ne nous dit pas en quoi c'est un problème. Mais pour Rolland le comptable, c'est une anomalie de la Nature.
- Les maillots verts sur une pelouse verte : comment peut-on tolérer l'avantage évident conféré à Saint-Etienne qui joue avec des maillots passe-muraille. Si le Stéphanois est insaisissable, si Sainté met des raclées à tout le monde, c'est évidemment grâce à leur tenue camouflage. Bien vu Rolland.
- Les "Pingouins" : « La pelouse de Bollaert à cette époque doit ressembler tellement à une banquise que je ne serais pas surpris d'y voir des pingouins ! ». Rolland craint que ses joueurs marseillais ne chopent une fluxion de poitrine et le fait savoir, quelques mois avant de devenir l'entraîneur des Sang et Or. Et ça, c'est la signature d'un mec qui assume.
- Le calendrier : une finale de Coupe entre deux journées de championnat, des matchs en semaine, des différences entre les périodes de récupération... les mecs de la Ligue ont tout fait pour le mettre en boule notre Rolland. De toute façon, un championnat qui n'est pas remporté par Marseille est forcément organisé n'importe comment. CQFD
- Les épouses de joueurs : quand Mesdames ont débarqué en Afrique du Sud pour le repos du guerrier après le match des Bleus contre l'Uruguay, Rolland était colère. Une préparation de match, ce n'est pas la gaudriole. Les faits lui ont donné raison, et ça a coûté 240 000 euros à la Fédé.
- Les règlements trop pointilleux : Courbis n'a pas les diplômes pour être entraîneur et doit toujours utiliser un prête-nom, mais il a un mot du médecin : «J'ai eu le premier degré, mais je ne peux pas aller plus loin. Je n'ai plus le droit de courir depuis que j'ai reçu une balle dans le bide». Le haut niveau, c'est aussi une affaire de fréquentations.
- Les lourdeurs administratives : gros contrat à l'Olympiakos en 1973. Petit souci, il faut de la famille grecque pour jouer dans ce championnat. Le préposé à la Mairie de Marseille ne trouve rien d'hélénique dans l'arbre généalogique des Courbis : "Putain, Courbis, c'est grec! Mets-moi un coup de tampon et on n'en parle plus!".
- Les commentaires sur sa vie privée : Rolland a rencontré en 1980 ce qu'on peut appeler un bon parti en la personne de la comtesse Marie-Luisa Rizzoli. « Que veut-on ? Que je m'excuse ? Bien! Je m'excuse. Oui, j'ai rencontré une jeune fille belle, riche, intelligente, célèbre. C'est promis, la prochaine, je la choisirai moche, conne et fauchée. OK, je m'excuse. »
- Les casinos : "Le problème au casino, c'est que quand on perd on a des ennuis avec son banquier, et quand on gagne, on a des ennuis avec la police". C'est ça le problème de Courbis : on n'aime pas la réussite en France. On n'aime pas les malversations financières non plus, remarque...
- Les opinions tranchées : chez Courbis, on n'aime pas se mouiller. On joue le "1N" au Loto Sportif, on introduit chaque phrase par "peut-être que je me trompe, mais..." et on insiste sur le jugement de l'arbitre: "ça peut se siffler" comme "ça peut ne pas se siffler". Idéal pour ne se fâcher avec personne.
Et vous, quelle pensée de Courbis méditez-vous chaque matin en avalant vos biscottes?