Certaines entreprises ont tout pour plaire au moment d'ouvrir leur capital aux investisseurs : une bonne image, une excellente communication et un buzz qui ne faiblit pas. Mais si l'entreprise n'affiche pas encore de rentabilité dans le monde réel, il faut s'attendre à ce que la bulle éclate un jour. Certaines introductions en bourse n'ont ainsi eu d'égal à l'enthousiame qu'elles ont généré que la brutalité de la chute qui a suivi. 10 bonnes raisons de se renseigner avant d'acheter, et de lire les petites lignes.
- Omeros Corp. (-42 % après un petit mois): Omeros accède au marché le 7 octobre 2009 avec l'image d'une entreprise de biotechnologie prometteuse. C'est pourtant le gadin de l'année, 42% de la valeur du titre dans la nature en quelques semaines. L'accusation par un ancien employé de falsification de dossiers de subventions n'aura certainement pas aidé. L'enthousiasme pour les entreprises de biotechnologie en prend un coup.
- The Blackstone Group (-42 % pour les actionnaires, +2,6 milliards pour les deux fondateurs) : on s'interrogeait sur la pertinence d'une entrée en bourse en 2007 d'un fonds d'investissement spécialisé dans les OPA hostiles particulièrement rentable. Renseignement pris, le titre était en fait celui de la société de gestion de ces fonds, mais en aucun cas les fonds eux-même. Subtil. Résultat : après un début en fanfare, le titre dégringole durablement. Belle opération en revanche pour les deux fondateurs qui ont vendu au bon moment.
- eToys.com (+300 % à la première séance, puis chute de 70 %) : la fin de siècle fut une douche froide pour les start-up et pour les investisseurs qui s'étaient un peu vite emballés pour tout ce qui s'appelait "eQuelqueChose.com". eToys.com et ses jouets en ligne fait vite la démonstration de sa logistique désastreuse et de son incapacité à livrer en temps et en heure. Le titre part en fumée et eToys dépose le bilan en 2001 après un très coûteux conflit avec un collectif d'artistes, propriétaire du nom "etoy.com". Classe.
- Kozmo.com (IPO annulée au dernier moment) : l'illusion d'Internet à l'époque bénie du 56k. Kozmo.com livrait dans une dizaine de villes américaines des livres, des DVD, des magazines, de quoi grignoter, le tout en une heure, pas de frais de livraison, pas de minimum d'achat (donc vous pouviez demander à un livreur de traverser la ville pour un paquet de chewing gum ou une canette de Pepsi), ce qui est, même pour le néophite, un modèle d'affaire douteux. Kozmo a fait les démarches pour entrer en Bourse, mais a du renoncer avant de s'effondrer comme un chateau de cartes. Le documentaire "e-dreams" est consacré à ce bel exemple de la bulle internet.
- Webvan (-99,8% en moins de deux ans) : Webvan est le grand frère de Kozmo, mais assure une livraison de vos courses en 30 minutes. Quand le concurrent direct de Webvan, HomeGrocer.com, perd des montagnes d'argent dans son activité, Webvan le rachète, au lieu de se méfier. Finalement, après deux années d'activité, Webvan se rend à l'évidence : on ne gagne pas d'argent en faisant les courses des gens. 10 ans plus tard apparaît AmazonFresh, filiale "épicerie" du géant de la vente de produits culturels. L'idée n'était peut être pas si mauvaise...
- Pets.com (de 14$ à 22 cents) : le marché très concurrentiel des produits pour animaux domestiques vendus en ligne. Pour se démarquer, Pets.com a attrapé le meilleur nom de domaine, s'est armé d'un slogan en béton ("Pets.com, parce que vos animaux ne savent pas conduire!") et d'une mascotte charismatique. Les investisseurs se jettent sur le titre avant de réaliser la fragilité de l'édifice. Le titre dégringole rapidement et l'entreprise disparaît en 9 mois dans les limbes de la mémoire des premiers internautes. Chienne de vie.
- Wired Ventures (IPO annulée) : extension online de Wired, magazine de référence des nouvelles technologies, Wired Ventures se voulait un refuge d'insiders capables d'assurer une chronique quelque peu alternative de la naissante économie numérique. Avec un budget constitué pour salarier 22 personnes, il a très vite été compliqué de nourrir les 338 collaborateurs qui s'étaient greffés sur le projet. Mais l'enthousiame de 1996 suffira à estimer l'entreprise à 447 millions de dollars, malgré les pertes de 8 millions chaque année. Face à une catastrophe annoncée, la direction de l'entreprise préferera renoncer.
- Vonage (-13% en une séance, et une class-action) : au moment de son introduction en bourse en 2006, Vonage détenait la moitié du marché des appels vocaux sur IP (VoIP) en Amérique du Nord. Son secret ? Renoncer à toute rentabilité. Après avoir flambé 310 millions de dollars en 5 ans, Vonage en appelle aux investisseurs, notamment en sollicitant ses clients. Le titre enregistre logiquement une sérieuse correction dès les premières séances et doit rapidement faire face à une class-action émanant d'actionnaires floués. Chronique d'un flop annoncé.
- Shanda Games (-14% dès la première séance) : Shanda Games est une belle enseigne en Chine. L'entreprise profite à plein du marché chinois du jeu vidéo et distribue des jeux en ligne qui font fureur. Shanda est accueilli de pied ferme à New York au moment de plonger dans le grand bain financier. Les souscripteurs du titre entendent faire un coup et mettent la barre le plus haut possible, 12,5$. Le lendemain, cette gourmandise sera punie par une belle indigestion, le titre perd 14%.
- TheGlobe.com (de 97$ à 9 cents) : à la préhistoire d'internet, la concurrence pour les noms de domaine n'existe pas, il est donc aisé de s'emparer d'un intitulé aussi élégant que "TheGlobe.com", vague première expérience de réseau social un peu fourre-tout. Ils tentent leur chance sur les marchés en 1998, après quelques hésitations sur la viabilité du projet. Inquiétudes vérifiées puisqu'après avoir fait une entrée fracassante (+ 606% !) le titre accompagne l'entreprise dans la tombe... Pas tout à fait, une page subsiste, comme une épitaphe relatant ces temps tourmentés des premiers pas maladroits des technologies de l'information.
Et vous, vous avez mis vos économies dans ce genre de sociétés ?
Source : HowStuffWorks