Dans le vaste univers des films d’action et d’espionnage, on retrouve souvent ce fantasme ultime : le détecteur de mensonge, cette petite merveille de machinerie qui débusque les menteurs aussi adroitement qu’une maman démasque les mythos de ses gosses. Faut avouer que ça claque, ce truc. Mais finalement, si on s’en tient aux films, ben on n’en sait pas grand-chose, du détecteur de mensonge. Ça fait quoi exactement ? Est-ce que ça marche vraiment ? Est-ce qu’il peut savoir si je mens quand je dis que non, c’est pas moi qui ai vomi dans tes plants de tomate maman ? Nous allons étudier la question attentivement.
Le détecteur de mensonge (ou polygraphe) c'est une machine qui mesure l'activité physiologique de la personne interrogée
En gros, elle est équipée de capteurs qui mesurent diverses réponses corporelles telles que la fréquence cardiaque, la pression artérielle, la respiration et la conductivité de la peau lorsqu’une personne répond à des questions. Tout ça est retranscrit en courbes observables par le polygraphiste.
Le but, c'est de détecter le stress
Le concept du détecteur de mensonge repose sur l’idée que mentir provoque un stress qui génère des changements physiologiques (des changements du corps, en gros) détectables par l’appareil. Le mec ment ? Du coup il stresse. Du coup son corps le trahit. Du coup on le détecte. Une idée a priori pas si bête, mais, comme vous allez le voir, pas géniale non plus.
Il n'y a pas de preuves scientifiques selon lesquelles ça marche
Avant de rentrer dans des exemples concrets, il faut être clair sur ce point : il n’existe pas de preuves scientifiques qu’un changement dans les réponses physiologiques soit le signe d’un mensonge. Désolé pour ceux qui y croyaient dur comme fer : la réalité est plus complexe.
Le truc n'est pas fiable
Si on écoute le lobby du polygraphe, le taux de fiabilité du détecteur de mensonge est de 90%. Si on écoute des gens un peu plus objectif, le vrai chiffre serait plutôt entre 64% et 85%. On pourrait se dire que c’est pas mal, mais 85% c’est déjà trop hasardeux. Imaginez si on foutait systématiquement 15% d’innocents en prison sous prétexte que le détecteur les a incriminés ? Ça serait légèrement ennuyeux.
En fait, les possibilités d'erreurs sont trop nombreuses
Les gens ne réagissent pas tous de la même manière face au détecteur de mensonge et, surtout, la détection d’une émotion par le polygraphe ne signifie pas que cette émotion est associée à un mensonge. Du coup, l’appareil peut s’emballer et accuser quelqu’un qui était juste stressé ou surpris par une question. À l’inverse, certains pourront mentir sans que leurs émotions ne les trahissent. À la fin, on se retrouve avec une machine capable de délivrer des faux positifs qui déterminent que quelqu’un a menti alors qu’il était sincère, ou qu’un autre est sincère alors qu’il avait menti. C’est pas trop ce qu’on attend d’un détecteur de mensonge.
Certains ont trompé l'appareil avec succès
Il y a plusieurs techniques pour tromper la machine. Par exemple, certains se foutent une punaise dans la chaussure pour se piquer au moment de répondre et créer une réaction corporelle qui fausse les résultats. Sinon, il suffit simplement de ne pas croire en la fiabilité du détecteur de mensonge et de rester tranquille. C’est à peu près la technique qu’a utilisé Aldrich Ames, espion de la CIA arrêté en 1994 : il avait réussi plusieurs fois à passer le test sans se faire prendre. Quand on lui a demandé comment il avait fait, il a expliqué que ses contacts en URSS lui avaient dit de rester détendu, ce qu’il a fait. Une preuve de plus que c’est pas très sérieux, ce polygraphe.
Le détecteur de mensonge tel qu'on le connaît est arrivé en plusieurs étapes
Vers 1885, un premier gars nommé Cesare Lombroso a inventé un détecteur qui mesurait la pression sanguine. C’était assez rudimentaire. Ensuite, en 1921, un certain John Augustus Larson a amélioré le truc en y ajoutant un outil pour détecter la fréquence respiratoire et le rythme cardiaque. Puis c’est William Moulton Marston, créateur du comics Wonder Woman (oui oui), qui en 1922 rend le truc encore plus précis en inventant le détecteur de pression sanguine systolique, proche de ceux qu’on utilise aujourd’hui. Bref, c’est un beau travail d’équipe. Un travail qui a continué d’être perfectionné par la suite, même si, comme on l’a dit plus tôt, le truc n’est toujours pas fiable aujourd’hui.
Certains pays l'utilisent encore
Si en France le test du polygraphe n’a aucune valeur juridique et n’est donc pas utilisé, certains pays l’ont gardé. La Belgique, le Canada et les États-Unis s’en servent régulièrement, et les résultats du détecteur de mensonge peuvent aider à appuyer la culpabilité ou à disculper certains prévenus. Des services secrets, comme le FBI, l’utilisent aussi dans leur processus de recrutement. Ça doit être à peine stressant.
Le détecteur de mensonges est une vieille idée
Bien avant l’apparition du polygraphe, d’autres ont eu l’idée de chercher une méthode pour différencier ceux qui mentaient de ceux qui étaient honnêtes. Et on peut dire que c’était rudimentaire. Par exemple, au Moyen Âge, il arrivait parfois que des juges foutent de la farine dans la bouche des accusés ; ceux dont la bouche s’asséchait étaient censés être des menteurs. En Chine, ils faisaient pareil avec du riz. Vous imaginez bien qu’avec des méthodes à la con comme ça, beaucoup d’innocents ont pris cher pour rien.
D'autres types de détecteurs de mensonges ont été étudiés
En plus du détecteur de mensonges classique, des chercheurs explorent de nouvelles méthodes pour griller les mythos. Par exemple, ils examinent les micro-expressions du visage, les tremblements dans la voix et même l’activité cérébrale à l’aide d’images spéciales. Mais comme on pouvait s’y attendre, les méthodes ne sont pas encore très fiables pour tout le monde puisque chaque personne y réagit différemment. A priori, le détecteur de mensonge ultime n’est pas encore arrivé.
Du coup comment on fait pour détecter un mensonge ?
Ben on peut pas toujours le détecter, et c’est une idée assez rassurante finalement. Mais nos enquêteurs ont quand même des méthodes assez efficaces pour choper les mythos. Ils ont des techniques d’interrogatoires qui permettent de déterminer la crédibilité d’un témoignage, de coincer ceux qui changent de version et ceux qui inventent des gros bobards. Il restera toujours une marge d’erreur, mais au moins on ne se repose pas entièrement sur une machine qui peut totalement se planter.
Sinon on a toujours des techniques pour détecter si quelqu’un vous ment. Ça peut marcher.
Sources : RadioFrance, Slate, Wikipedia