Vous avez peut-être quelqu’un dans votre entourage qui a commencé à vriller au moment de la crise du covid et de la vaccination, ça arrive. Plein de sujets sont susceptibles de faire développer un peu de complotisme et plusieurs théories expliquent comment on peut en arriver là psychologiquement. Après vous pouvez tout à fait penser que ces théories sont faites pour laver le cerveau des gens et les abrutir mais je vais quand même vous en filer quelques-unes.
Un aspect humain à la base
Le point de départ de la théorie du complot et du complotisme vient à la base du fait que l’humain a tendance à ne pas accorder sa confiance à tout le monde, à remettre en question une information et à ne pas croire tout ce qu’il entend. Ce sont évidemment des traits de pensée plutôt sains tant qu’ils ne deviennent pas systématiques et qu’ils restent pondérés, ce qui ne se vérifie pas chez tout le monde.
En France on compte quand même près de 21% de la population qui adhèrent à des théories du complot, pas loin d’un quart de la population. Évidemment tout ce qu’on appelle « les théories du complot » ne se valent pas, et cela ne veut pas du tout dire que ces 21% de Français croient tous aux reptiliens, on peut parler de gens sceptiques sans pour autant être complètement conspirationnistes.
Des traits psychologiques particuliers
Selon une étude sur la psychologie des personnes complotistes on retrouve certains traits de caractères chez une majorité des personnes : un manque de confiance envers les autres et / ou en soi, des tendances paranoïaques plus ou moins élevées, un besoin de reconnaissance ou de se sentir en marge des autres voire spécial par rapport à la norme.
L'impression d'appartenir à un groupe
Un aspect particulier qu’on peut retenir de cette faculté à devenir complotiste est le besoin d’appartenir à un groupe, peut-être même appartenir davantage à un groupe spécial qu’à la norme, ce que tout le monde peut plus ou moins rechercher dans sa longue quête contre la solitude. Les communautés en ligne par exemple peuvent donner aux gens l’impression d’appartenance à un groupe et ce même s’il reste virtuel.
Un besoin de trouver une explication coûte que coûte
Certaines personnes ressentent un besoin de trouver un sens aux choses ou de combler certaines parties d’une information qui ne leur est pas donnée ou n’existe tout simplement pas. Ils vont alors chercher à voir un schéma quelque part, comme dans ce sondage sur twitter où quelqu’un a demandé si les gens voyaient une suite logique entre les nombres : 55,6% a déclaré que oui alors que ces chiffres décrivaient simplement le résultat d’un pile ou face.
On peut aussi parler du concept la paréidolie, c’est une illusion d’optique qui fait trouver une forme là où il n’y en a pas, ce qui nous pousse par exemple à chercher des formes dans les nuages ou une tâche ou voir des visages partout par exemple. Dans cette forme d’idée on peut prendre les images récentes de la planète Mars partagées par la Nasa où on croit voir des déchets, une porte ou encore un lézard et que certains groupes utilisent pour dire qu’il y a non seulement une vie sur Mars mais que la Nasa est en mission pour en supprimer les traces.
Des bords politiques qui favorisent le terrain
Selon certaines recherches on note que l’idéologie politique des personnes peut jouer un rôle dans la tendance à croire aux théories du complot. Les extrêmes de droite et de gauche par exemple comptent les personnes les plus nombreuses, mais la recherche indique qu’on compte plus de gens d’extrême droite que d’extrême gauche dans les quotas.
L'effet exponentiel de la vérité
Cet effet psychologique veut que si de plus en plus de gens croient à une information on aura tendance à y croire aussi. Soit cela vient d’un besoin de « rejoindre le groupe » en pensant la même chose, soit de prendre le nombre plus ou moins important de personnes qui croient à l’information comme une preuve suffisante de l’authenticité de cette info. Ce principe est même utilisé dans le milieu de la vente avec des slogans à la con comme « 80% des parents recommandent ce produit », ce qui vous fait penser que si 80% des gens interrogés recommandent c’est que c’est forcément bon alors que ce n’est pas du tout une preuve de qualité.
Le rejet en bloc des contradictions et l'absence de besoin de vérifier une information
Pour les gens qui croient à certaines théories du complot on dénote un rejet total des arguments qui contredisent leur pensée, ce qu’on appelle le biais de confirmation : le cerveau va chercher en priorité les choses qui vont confirmer ce qu’il pense et balayer ce qui pourrait le contredire. Ils sont parfois persuadés de ce qu’ils pensent sans avoir besoin de vérifier scrupuleusement la véracité des informations qu’ils avancent et prennent directement les critiques et oppositions pour des attaques infondées et fausses.
Cela peut rejoindre par conséquent un autre aspect de nos vies de tout les jours : les réseaux sociaux. Avec le principe des algorithmes qui s’adaptent à chaque personne on s’habitue à voir exactement ce qu’on a envie de voir, des contenus personnalisés qui vont dans notre sens et ne heurtent jamais vraiment nos envies ou nos réflexions, ce qui habitue encore plus notre pensée à aller dans un sens unique sans jamais être brusquée.
Le normalisation médiatique de théories fumeuses et la fenêtre d'Overton
On vous a déjà parlé du principe de la fenêtre d’Overton, ce qu’on définie comme l’éventail des idées qui peuvent être acceptées par la société. Le principe de cette fenêtre c’est qu’elle peut être « agrandie » par des gens qui balancent des propos odieux ou invraisemblables dans les médias qui font que des choses qui nous paraissent inacceptables avant nous semblent plus acceptables en comparaison.
Cela fait qu’aujourd’hui on normalise des propos conspirationnistes qui pouvaient encore sembler grotesques il y a quelques années comme la théorie du grand remplacement de Renaud Camus qui était complètement loufoque il y a dix ans et dont pas mal de candidats à la présidentielle ont parlé aux dernières élections, oklm.
La sélection de la mémoire en faveur du mythe plutôt que du fait
Cet aspect de la mémoire peut jouer un rôle dans la façon de retenir une information et de conditionner sa pensée. Si on contredit un mythe par les faits, les gens auront plus tendance à retenir les informations du mythe que celles de la vérité, même s’ils ne croient pas directement en ce mythe.
Par exemple : L’homme a marché sur la lune est un fait. Les images de l’homme marchant sur la lune sont mensongères et ont été filmées par Stanley Kubrick est un mythe. Si une majorité des gens croient dans le fait, beaucoup d’entre eux auront plus tendance à retenir des parties du mythe plutôt que des informations liées au fait (exemple le nom et le nombre des différents cosmonautes de l’expédition, la durée du voyage…). De plus, parler du mythe l’installe dans l’inconscient collectif et peut lui ajouter de la crédibilité même si on en parle pour le démonter, sorte d’effet boomerang bien chiant.
On vous conseille d’aller voir les théories du complot débiles et les théories du complot qui étaient en fait vraies, parce que c’est pas toujours des conneries. On vous conseille aussi d’aller écouter Complorama, un podcast qu’il est bien foutu.
Sources : The Conversation (1, 2), Listverse, American Psychological Association, LiveScience, Five Thirty Eight, Le Monde.