L’homme aime bien prouver qu’il est le plus fort de bien des manières : en remportant des matchs de foot, en arrivant en premier dans l’espace, en pillant les ressources d’un autre pays, en devenant président de la France, en mettant une amende à un pauvre badaud qui s’était mal garé ou encore en ayant un meilleur téléphone que les autres. Vous l’aurez compris, une guerre, un conflit, une embrouille ou n’importe quel type d’altercation est quand même souvent à l’origine un querelle stupide aux raisons vraiment foireuses, comme les guerres les plus ridicules. Ce qui m’amène à vous parler des guerres basées sur les fruits de mer, parce que c’est une raison comme une autre de se mettre sur la gueule.

Les émeutes d'Amsterdam à cause d'une anguille

Dans les années 1880, les habitants d’Amsterdam se faisaient un peu chier, ils avaient donc inventé le jeu du « paling trekken » qui consistait grossièrement à tendre une corde entre les deux rives d’un canal, y accrocher une anguille vivante et passer en dessous en bateau en essayant de choper le pauvre poisson tout glissant. Évidemment, la somme à remporter en cas de victoire est importante puisqu’elle représente plus d’une semaine de salaire pour un ouvrier de l’époque.

Après quelques heures sans vainqueur lors d’une longue partie du 25 juillet 1886, un policier commence à craindre que la réunion de gens ne dégénère et décide de couper la corde pour mettre fin à la partie. Quelle idée de merde il a eu ce con… S’ensuit une émeute complètement hors de contrôle, le flic se fait lyncher, ses collègues arrivent et un affrontement se poursuit jusqu’au lendemain où l’armée arrive pour contenir la foule. Au total, « la révolte des anguilles » laisse un bilan lourd de vingt-six morts civils et d’encore plus de blessés, sans compter le nombre d’arrestations qui dépasse les 2000. Clairement, c’est allé un peu loin cette partie de jeu à la con.

La guerre de la morue

Avec un nom pareil, vous imaginez bien qu’on parle d’un conflit tout à fait incroyable. Celui-ci a opposé le Royaume-Uni, l’Islande et l’Allemagne et s’est étendu entre 1958 et 1976 même si en réalité le conflit a été actif sur plusieurs siècles. Tout part plus ou moins de l’Islande qui avait désiré aller pécher plus loin en étendant ses zones jusqu’à empiéter sur celles de l’Angleterre. L’exportation du poisson islandais avait alors été interdite au Royaume-Uni en réponse à cet impardonnable affront et les autorités britanniques avaient même envoyé des navires militaires pour protéger leur zone. Un conflit long et houleux qui heureusement n’a jamais dégénéré au delà des interdictions économiques et des menaces même si on compte deux morts accidentelles.

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Le conflit des crevettes de la baie de Galveston

C’est après la guerre du Vietnam que ce conflit a eu lieu entre 1979 et 1981, lorsque des réfugiés asiatiques se sont retrouvés dans la baie de Galveston (Texas) pour travailler sur les bateaux de pêche. Forcément, les locaux du Texas n’étant pas les personnes les plus accueillantes du monde avec les étrangers, il n’était pas rare d’entendre « ils nous volent nos crevettes » dans les tavernes du coin où régnaient les vapeurs de bourbons, les classiques de country et les posters de Ronald Reagan.

Fusillades, bateaux incendiés et Klu Klux Klan ne font généralement pas bon ménage et c’est précisément ce qui est arrivé, les suprémacistes blancs terrorisant les étrangers pour les faire partir, ce qui a quand même pas mal marché puisque le conflit s’est arrêté après la fuite de beaucoup de pêcheurs asiatiques qui assez logiquement préféraient vivre plutôt que de mourir pour des crevettes.

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La guerre du flétan

Si on peut tous dire que les Canadiens sont généralement super cools, faut pas trop les faire chier avec le flétan comme lors de ce conflit arrivé entre 1995 à 1996. Après une surpêche dans les eaux canadiennes, le pays décide de réglementer un peu tout ce bordel pour empêcher les navires européens de continuer à exploiter ses eaux. Mais comme les européens sont généralement peu respectueux des lois quand ils ne sont pas chez eux, on compte des dizaines de violations et de cas de pêche illégale en 1994, ce qui excède le gouvernement canadien.

Un navire espagnol est chopé par les autorités alors qu’il pêche du flétan noir, utilisant des filets jugés illégaux (aux mailles trop petites). Pour répondre à l’arrestation et plutôt que de reconnaitre ses erreurs, l’Espagne envoie sans pression un navire militaire pour aller défendre ses pêcheurs tout en accusant de piraterie le pays du sirop d’érable. Finalement on tombe d’accord et le conflit ouvert est finalement évité, mais de nombreuses tensions ont été observées entre les différents pays à ce moment-là.

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L'incident de Guang Da Xing

En 2013, un bateau de pêche taïwanais est la cible de coups de feu tirés par les autorités des Philippines après avoir été aperçu dans les eaux que se disputent les deux pays, causant la mort d’un pêcheur. L’ambiance entre les deux pays n’était alors clairement pas coolos, une enquête prouvant que plus de 50 impacts de balles avaient été relevés sur le bateau de pêche. Un véritable conflit aurait pu éclater mais heureusement le calme est revenu lorsque les auteurs de la fusillade ont été jugés aux Philippines et inculpés pour homicide, apaisant les tentions et les éventuelles représailles.

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La guerre des huitres

Si vous voulez mon avis (dont tout le monde se fout), non seulement les huitres c’est dégueulasse, mais en plus ça provoque des guerres, deux raisons suffisantes pour arrêter d’en manger. Les conflits se sont multipliés entre 1865 et 1959 entre les états du Maryland et de la Virginie aux États-Unis. Après l’application d’une loi du Maryland qui n’autorisait que les locaux à pêcher sur ses terres, de nombreux « pirates » continuaient à exploiter la pêche des huitres illégalement, ce qui avait causé une surpêche dans la région et mis le feu aux poudres jusqu’à la mort d’un pêcheur, ce qui avait forcé les deux états à s’entendre pour terminer une longue bataille de près d’un siècle.

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Les émeutes de Newlyn

La ville anglaise de Newlyn avait pour activité principale la pêche pratiquée par de nombreux marins aux religions différentes. En 1896, alors que de nombreux pêcheurs observaient le Shabbat, les habitants de la ville avaient décidé de ne plus pêcher le dimanche. Mais d’autres profitaient de ce jour pour venir vendre le poisson à des prix exorbitants. Forcément, l’idée n’était pas très bien reçue et le lundi 18 mai, une quarantaine de pêcheurs de Newlyn avaient alors accosté les bateaux qui ne respectaient pas l’accord pour balancer leurs prises par dessus bord et opérer un blocus maritime en appelant des alliés à l’aide.

La police locale avait alors été dépêchée pour cesser les affrontements qui s’envenimaient et les émeutes qui commençaient. Ensuite on avait envoyé les militaires parce que les conneries ça va bien cinq minutes, et là on avait réussi à trouver un arrangement pour autoriser les bateaux à pêcher le dimanche tout en respectant les prix de vente en vigueur le reste de la semaine.

La guerre des langoustes

Avant le légendaire France-Brésil de 1998, les deux pays s’étaient opposés dans la non moins légendaire guerre des langoustes au cours des années 60. Tout partait de la question existentielle qui consistait à déterminer si les langoustes nagent ou rampent, parce que selon la réponse leur pêche dans les côtes brésiliennes pouvait devenir illégale pour la France.

Le Brésil avait finalement statué sur le fait que les animaux rampaient, en donnant à la France 48h pour dégager ses bateaux, ce que notre beau pays avait refusé de faire parce que bon, on est français donc partout où on va c’est un peu chez nous. Le gouvernement brésilien a alors décidé de capturer un navire de pêche bien de chez nous et d’interdire à tous les navires français l’accès à leurs côtes, ce à quoi la France avait répondu en envoyant des navires militaires pour protéger ses pêcheurs. Après l’escalade des tensions et une série d’affrontements stratégiques, on avait trouvé un terrain d’entente en limitant la pêche des navires français dans le territoire.

Crédits photo (Domaine Public) : Marine brésilienne

La guerre de la coquille

En 2012, des navires de pêches français arrivent dans les eaux de la baie de Normandie où se trouvent déjà plusieurs navires anglais. Histoire de dire bonjour, les pêcheurs français balancent des pierres à leurs voisins anglais et tirent des fusées de détresse dans leur direction parce que la pêche de la coquille Saint-Jacques n’est autorisée que d’octobre à mai en France alors qu’elle l’est toute l’année en Angleterre. On décide donc de donner les mêmes dates de pêche aux deux pays, sauf qu’en Angleterre on donne le droit aux navires de moins de 15 mètres à continuer la pêche toute l’année, ce qui n’arrange rien.

Forcément, en 2018 ça part de nouveau en couille puisque le traitement de faveur injustifié aux Anglais ne satisfait pas les pêcheurs français. Des navires de plusieurs ports de l’hexagone encerclent cinq bateaux anglais et on recommence à se balancer dans la gueule tout ce qui passe sous la main. On trouve alors un accord pour que tout le monde soit à égalité et finalement les dates de pêche correspondent entre les deux pays.

Crédits photo (CC BY-SA 3.0) : Idarvol (d · contributions)

La dispute des homards de Nova Scotia

Cette guerre du homard est encore en cours en ce moment même et a débuté en 2020 au Canada, opposant les membres indigènes Mi’kmaq aux habitants non indigènes locaux. En gros, une loi permet aux Mi’kmaq de pêcher le homard toute l’année, contrairement aux autres habitants, et le fait que ceux-ci puissent également en vendre a commencé à foutre sérieusement en rogne les autres pêcheurs. Du coup ils ont commencé à leur balancer des pierres et casser leurs magasins, histoire de faire entendre leur colère en engageant le dialogue. Ensuite ils ont cramé des établissements indigènes et empoisonné les réserves de homards, ce qu’on fait généralement quand on a les glandes. Du coup, le conflit n’est pas terminé et y’a une ambiance de dingue à Nova Scotia.

Crédits photo (CC BY-SA 2.0) : Dennis G. Jarvis

Peuvent pas manger du poulet comme tout le monde ces cons là ?

Sources : Ça m’intéresse, Listverse.