Bonne nouvelle pour les misogynes, les masculinistes et les incels : les inégalités de genre ont encore de beaux jours devant elles pour 2024. Comme le montrent les résultats du baromètre du sexisme de l’institut Viavoice pour le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, publié le 22 janvier 2024, la France n’est pas la dernière en matière de discriminations, de sexisme ordinaire et de violences envers les meufs. Ça fait (vraiment) très froid dans le dos, et surtout, ça donne bien envie de hurler. Bon courage pour avoir encore envie de vivre après votre lecture.
Plus d'une Française sur trois a déjà subi un rapport sexuel sous la contrainte
Eh oui, c’est absolument terrifiant mais dites-vous que dans votre entourage féminin, une meuf sur trois (soit 37 % des Françaises) a déjà subi des rapports non consentis, par exemple en acceptant de coucher avec un mec trop insistant ou en étant trop alcoolisées ou droguées pour pouvoir consentir à quoi que ce soit. On parle souvent de ces situations comme de la « zone grise du consentement » mais si vous aviez un doute, ça s’appelle un viol, by the way. Important goût de vomi dans la bouche.
12 % des Françaises ont déjà subi un "acte sexuel imposé" (viol ou agression sexuelle)
En parlant de viols, ici, on est pile dans sa définition « officielle », c’est-à-dire lorsqu’une personne est forcée à avoir un rapport avec une autre par l’utilisation de la violence. Mais ce chiffre n’est pas si étonnant quand on voit que 11 % des hommes ont déjà insisté pour avoir un rapport sexuel et que 12 % ont déjà eu des doutes sur le consentement de leurs partenaires. Oui, oui, vous avez bien lu, des mecs se disent vraiment « Borf, je suis pas hyper sûr qu’elle soit d’acc mais allons-y gaiment » avant de coucher avec une meuf. Grosse nausée en approche.
25 % des hommes de 25 à 34 ans pensent qu'il faut être violent pour se faire respecter
On entend depuis quelque temps que les jeunes sont hyper ouverts sur les questions d’égalités hommes-femmes, de féminisme et de consentement, mais en réalité, ce n’est pas vraiment le cas. Comme le montrent les résultats de ce sondage, un quart des hommes de 25-34 ans considèrent que la violence est une bonne façon de se faire respecter (contre 10 % en moyenne). 42 % considèrent aussi que ne pas montrer ses émotions permet de gagner le respect des autres (contre 25 % en moyenne). Il semblerait qu’après #MeToo, un mouvement masculiniste se soit lancé dans la Gen Z et chez les Millenials, notamment à cause des mecs qui se sentent « fragilisés » et qui préfèrent réagir par l’agressivité pour prouver leur virilité. Et pour rester dans la bonne ambiance, sachez que 16 % des hommes en France pensent encore qu’une femme agressée peut être responsable de ce qui lui est arrivé. Un plaisir, vraiment.
Moins d'un Français sur deux considère problématique qu'une femme cuisine tous les jours pour toute la famille
Eh oui, seuls 41 % des hommes perçoivent un problème dans le fait de laisser une femme cuisiner quotidiennement. Dans la série clichés, je demande donc la mère qui fait tout dans la baraque. Ce sondage montre que les clichés sexistes ont encore la vie dure : pour 23 % des Français, le barbecue serait une « affaire d’homme » et 34 % des hommes (contre 22 % des femmes) considèrent que les hommes ont naturellement un meilleur sens de l’orientation que les femmes. Pas pour trouver le chemin vers l’égalité en tout cas.
37 % des hommes trouvent que le féminisme menace la place et le rôle des hommes dans la société
Eh oui, le fameux « on peut plus rien dire, on peut plus rien faire » a visiblement bien sa place dans le cœur des hommes. Et c’est pire chez les jeunes car 52 % des 25-34 ans estiment qu’on s’acharne sur les hommes et 59 % des 25-49 ans considèrent qu’on ne peut plus draguer une femme sans passer pour quelqu’un de sexiste. Après si vous draguez les femmes en leur disant qu’elles ont des meules agréables à l’œil, faut pas s’étonner hein !
92 % des Français constatent des inégalités de traitement entre hommes et femmes dans au moins une des sphères de la société
Bon bah là, ne venez pas me dire que ce sont les meufs qui se font des idées, qu’on n’est jamais contentes et que « c’était pire avant » car vous seriez vraiment de très mauvaise foi. Quand on regarde dans le détail, on voit que 77 % de la population trouve aussi que le monde du travail n’est pas égalitaire, que 69 % a le même avis pour la rue et les transports et que 68 % trouvent aussi que le monde politique et le domaine du sport ne le sont pas non plus. Ça fait quand même pas mal d’espace de vie non adapté pour les femmes nan ?? QUAND EST-CE QUE ÇA CHANGE BORDEL DE CUL ????
Quatre femmes sur cinq ont vécu une situation sexiste
D’après les résultats du sondage, plus de quatre femmes sur cinq (86 % des femmes) disent avoir vécu une situation sexiste : 60 % d’entre elles se sont mangées des blagues ou des remarques sexistes, 42 % ont eu droit à des sifflements ou à des gestes déplacés de la part d’hommes et 31 % ont déjà subi des remarques sur leur tenue ou leur physique. Men are big big trash.
Neuf femmes sur dix adoptent des "conduites d'évitement" pour éviter des actes sexistes
Voilà ce que ça fait de ne pas se sentir en sécurité dans l’espace public, dans la rue ou dans les transports. Ça fait que 90 % des meufs doivent anticiper et adapter leur comportement et leurs habitudes pour ne pas avoir à subir le sexisme de gros connards qui n’ont toujours pas compris que c’était punissable par la loi. Parmi les chiffres les plus choquants, on peut noter que 79 % d’entre elles ont peur de sortir seule le soir, que 58 % ont déjà renoncé à le faire et que 54 % ont déjà renoncé à s’habiller comme elles le souhaitaient. 37 % auraient même refusé de prendre les transports seules, je sais pas si vous imaginez. Alors vos « ouin, ouin, on se sent plus virils », vous pouvez vous les foutre là où je pense.
Seul un Français sur cinq estime que le monde professionnel est égalitaire
On le disait plus haut, 77 % des Français trouvent que le monde du travail n’est pas un espace d’égalité entre les hommes et les femmes. Mais ces inégalités sont en réalité visibles durant la scolarité, puisque 62 % des femmes de 15 à 24 ans estiment que les hommes manquent de respect envers les filles à l’école. 39 % des femmes ont d’ailleurs déclaré avoir été « moins bien traitées » en raison de leur genre durant leur scolarité ou leurs stages. Et pour vous foutre encore plus la chienne, notez que 41 % des Français estiment que les questions relatives aux inégalités entre les filles et les garçons sont évoquées par le personnel scolaire. Bienvenue dans le monde des meufs, un monde plein de joie et de sérénité (c’est totalement faux).
Chez les 15-24 ans, quatre jeunes femmes sur cinq considèrent qu'il est difficile d'être une femme dans la société actuelle
Évidemment, quand on prend la population en général, on voit que 57 % des Français estiment qu’il est plutôt facile d’être une femme (merci les zommes qui pensent que vraiment, c’est la belle vie tous les jours). 22 % des Français considèrent d’ailleurs qu’il est « difficile d’être un homme » dans notre société. Bon, bon, bon…
16 % des femmes ont déjà subi des coups portés par leur partenaire
Niveau violences conjugales, la France n’est pas en reste : plus d’une femme sur dix a déjà subi des gifles, des bousculades ou d’autres coups de la part de son conjoint. Quant au nombre de féminicides conjugaux, il a, selon les chiffres du gouvernement, baissé de 20 % par rapport à 2O23 (94 féminicides en 2023 contre 118 en 2022). Mais selon les associations féministes, ce chiffre serait en deça de la réalité car elles ont, elles, recensé dans la presse pas moins de 102 féminicides en 2023.
Les signalements pour viol conjugal ont bondi de 73 % en un an entre 2020 et 2021
Un chiffre qui ne date pas de cette étude, mais de la journée internationale contre les violences faites aux femmes du 25 novembre 2022. Si le chiffre a bondi, c’est notamment parce que les femmes osent plus dénoncer ces viols qu’avant, et c’est une excellente chose. Mais cela signifie aussi que bon nombre de viols conjugaux ont été passés sous silence pendant des années et qu’ils sont en réalité beaucoup plus fréquents que l’on ne le croit. N’oublions pas, d’ailleurs, que le viol conjugal n’est reconnu par la justice que depuis une trentaine d’année et que c’est encore extrêmement compliqué, voire impossible pour une femme de voir son violeur condamné s’il s’agit de son conjoint, tant la justice en France est mal faite pour les femmes.
Je pose ici les chiffres alarmants sur le harcèlement de rue, juste au cas où vous n’auriez pas bien compris à quel point les femmes sont victimes de sexisme au quotidien et de l’enfer que c’est. Si après ça, vous avez envie de vous ouvrir la joue au couteau à beurre, c’est normal.
Source : Haut Conseil à l’Égalité entre les Femmes et les Hommes.