Les Français voyagent beaucoup. En conséquence, les Français sont souvent détestés à l’étranger, car, dans le nombre, il y’a forcément des brebis galeuses. Lesquelles ne viennent donc pas du pays de Galles, puisqu’elles sont françaises, entendons-nous. Quoi qu’il en soi, on peut les reconnaître à condition de posséder le lexique.
Le type qui s'émerveille de tout
« Oh un pigeon ! Ils en ont ici aussi ! C’est incroyable ! Regarde comme cette femme porte une robe semblable à celles que l’on voit dans les rues de chez nous ! Et ce petit garçon qui part à l’école avec un cartable tout ce qu’il y a de plus normal ! Mais attends… Ce sont des platanes ? Ce sont des platanes que je vois ? Et ces façades d’immeubles tout à fait lambda ! C’est merveilleux. C’est merveilleux ».
Le comparateur officiel étranger-France
« L’Amazonie, c’est Rambouillet en plus grand » « Oh bah la grande muraille de Chine, ça vaut pas la ligne Maginot ! » « La Death Valley ? Un genre de dune du Pilat ! »
Et tutti quanti.
Le type qui pense que le monde entier parle français
« Bonjour je voudrais le truc, là, les eggs, comme vous dîtes. Oui. Il comprend pas. Il comprend pas. Je-vou-drais-les-eggs-s’il-vous-plaît. Mais l’animal, il comprend rien ! »
Le spécialiste du "Quand même, ils sont pas bien efficaces, les Chinois"
« Quand même, ils sont pas bien efficaces les Chinois. 3 heures pour poster un colis, je te jure. Ca me rappelle quand j’étais au Pérou ; les Péruviens, d’une lenteur ! D’une lenteur ! Et puis arnaqueurs avec ça, façon ni vu ni connu je t’embrouille. Et alors les pires, ce sont les Espagnols, ils… Mais OUI MADAME LA CHINOISE DOUBLEZ-MOI DANS LA QUEUE ALLEZ-Y ! »
L'expat à tuer
Où qu’il aille, il est expat’. Où qu’il aille. Il vit habituellement à Bangkok, mais là il est allé visiter la Birmanie avec sa famille. Il a un chapeau de colon, un chewing-gum permanent, il est bronzé. Il travaille dans le tourisme. Il connaît tout le monde. Même les gens qu’il ne connaît pas. Il te connaît d’ailleurs. En tous les cas, il est déjà allé partout où tu comptes aller et il a des conseils à te donner. Et comme il te connaît, il sait ce qui va te plaire.
Le mec qui jouit dès qu'il entend parler d'une randonnée
Et sa tête se dressa comme celle d’un chien ayant décelé dans le bruit environnant l’appel de son nom. « Une randonnée ? C’est beau ? File-moi une carte attends montre-moi. Combien de temps pour gravir le sommet ? C’est beau, dis, c’est beau ? Attends. » Il fourre dans son sac The North Face à la recherche d’un bloc-note rempli de commentaires sur des randonnées. « Combien de temps de bus d’ici ? »
Celui qui a décidé de traverser le pays à vélo
Il a le bronzage cycliste. Il sent le bouc. Il dort chez l’habitant. Il a fait « plein de rencontres enrichissantes ». Il dit des choses comme : « Si j’avais un compteur, j’en aurais, des kilomètres, au compteur. » Ou « la frontière Estonienne ? Pas facile à passer, mais ça se fait, ça se fait, en passant par la plaine. » Il n’est toujours pas reparti.
L'atome de la molécule CE
« Ça c’est un beau voyage qu’on a pu avoir avec la boîte. J’ai dû payer plein pot pour ma femme, mais ça valait le coup. Le chauffeur du car est très sympa. Il nous emmène de ville en ville, puis on profite une petite heure dans chaque ville. C’est sympa. C’est vraiment sympa. Et puis c’est aussi l’occasion de partager autre chose avec les collègues qu’un déjeuner au RIE, quoi. Beau voyage. »
Le touriste gastronomique
« On a bouffé de ces clam’s, mais de ces clam’s ! Des clam’s ! Même à Quimper ils n’en ont pas des comme ça ! ET PUIS LA SAUCE ! LA SAUCE ! MAIS QUELLE SAUCE ! C’EST PHENOMENAL CE QU’ON MANGE BIEN ! »
Le conservateur de musée qui a raté sa vocation
Patrick est manutentionnaire, mais son kiff, c’est la muséographie. D’ailleurs, Josy n’en peut plus : ils ont visité TOUS les musées de La Paz. Patrick les classe dans un petit carnet selon leur niveau de pédagogie et de didactique. Josy a songé au suicide, hier.
Le mieux, c’est parfois de rester chez soi au chaud.