On ne compte plus les sectes, confréries et autres organisations secrètes autour du monde depuis le début de l’humanité. Aujourd’hui on va s’intéresser à une confrérie d’Inde ayant existé pendant pas loin de 600 ans tout en restant active tout du long. Et en prime, c’est du nom de cette confrérie qu’a découlé le mot « thug » qui veut dire gangster dans le jargon américain, une autre raison d’en apprendre plus à leur sujet.
Un mythe à la base de la secte
C’est le mythe de la déesse Kali qui est à l’origine de la secte des Thugs (rien à voir avec le chanteur). Dans la légende, cette déesse doit affronter un démon immense qui risque de détruire la Terre et menace les hommes. Après avoir réussi à couper le démon avec une épée, elle réalise que les gouttes de son sang font naitre d’autres démons dès qu’elles touchent le sol, du coup elle se retrouve vite encerclée et comprend qu’elle va périr.
Elle décide de créer deux hommes grâce à de la boue et sa sueur et de leur donner pour mission de sauver le monde. Mais comme elle est sympa elle leur file aussi deux morceaux de son vêtement et leur apprend à tuer sans faire couler le sang : en étranglant les cibles (parce que le sang sur le sol fait réapparaitre des démons). Ces deux hommes sont donc maitres dans l’art de l’étranglement et sont appelés les Thugs fondateurs.
Une étymologie discutée
C’est probablement grâce, ou à cause de cette légende que l’origine du mot Thug est discutée. Si on prend le terme indo-européen on peut retomber sur le mot grec ancien « sphiggo » qui veut dire « étrangler », ce qui effectivement fait sens avec la façon de tuer de la secte. Pourtant, la racine sanskrite du mot « sthag » veut elle, dire « dissimuler », ce que les Thugs faisaient énormément vu qu’ils se déplaçaient sans jamais avoir de signes reconnaissables ou de vêtements officiels.
Des marchands ordinaires
Pour se dissimuler, les Thugs se déguisaient en marchands et se déplaçaient par groupes de dizaines de personnes, généralement de dix à quarante, mais parfois ils pouvaient être plus de cent. Ils infiltraient les autres caravanes de marchands et se faisaient des contacts dans diverses classes de la population. Lorsqu’ils attaquaient un groupe de marchands et tuaient leurs cibles, ils adoptaient les orphelins et les élevaient selon leurs coutumes.
Des assassinats longs à préparer
Pour suivre les coutumes de la déesse, les Thugs assassinaient leurs cibles après avoir reçu leurs ordres de la part de leurs supérieurs. Ces victimes pouvaient être sélectionnées pour des raisons stratégiques, financières, politiques ou par le biais de présages envoyés par la déesse. Une fois la cible indiquée, ils pouvaient traverser toute une partie du pays pour la trouver, et ils devaient parfois rester avec elle plusieurs jours avant de trouver un endroit assez calme et discret pour l’assassiner selon les rites.
Voyager et sympathiser avec sa victime
S’il y a un truc qu’on ne peut pas reprocher aux Thugs, c’est leur patience. Comme on le disait plus haut, ils pouvaient passer un long moment aux côtés de leur cible avant de trouver le moment propice à l’assassinat. Comme ils voyageaient sans armes ils ne semblaient pas menaçants pour les autres marchands qui eux étaient généralement armés, ce qui peut expliquer la facilité avec laquelle ils gagnaient leur confiance. Ils passaient parfois des semaines à sillonner les routes avec les personnes qu’ils allaient tuer, passant de compagnons de route à amis avant de devenir assassin. Vraiment pas des bons copains de vacances.
Un mode opératoire long mais préparé
Une fois leurs victimes piégées, les Thugs faisaient d’abord une cérémonie avec plusieurs rites avant de passer à l’assassinat. Ensuite ils étranglaient les cibles soit avec une corde, soit avec un linge dans lequel ils enroulaient des pierres pour leur péter la nuque (assez violent). Ils enterraient ensuite les corps dans des trous creusés pour l’occasion, à l’abri des regards indiscrets. Les assassinats pouvaient parfois être de véritables massacres avec plusieurs dizaines de personnes tuées en une seule matinée. C’était clairement pas des timides.
Une organisation hiérarchisée
Afin d’avoir une organisation fonctionnelle, les Thugs avait une hiérarchie où chacun remplissait son rôle. Il y avait précisément quatre spécialisations dans la secte : Les « Bhurtote » étaient les assassins en chef, ceux qui étranglaient les victimes. Les « Shumseeas » maintenaient les victimes en place en se saisissant de leurs membres, ils pouvaient également les frapper pour les maitriser. Les « Lughas » étaient ceux qui s’occupaient des cadavres, ils les dépeçaient et enlevaient la peau pour accélérer la décomposition avant de les enterrer (ce qui empêchait les animaux de venir les déterrer). Et enfin les « Bykureeas » étaient ceux qui allaient chercher un coin discret pour procéder au meurtre et montaient la garde pendant que celui-ci avait lieu. Ouais, vraiment c’était des gens violents.
Un code d'honneur particulier
Si les Thugs ont quand même pas mal terrorisé l’Inde pendant longtemps, ils se refusaient à tuer certaines catégories de personnes parce qu’ils estimaient que la déesse Kali n’accepteraient pas ces sacrifices. Les enfants, les femmes, les artistes (musiciens, poètes, danseurs), les handicapés, les malades, les blessés ou encore les hommes saints de plusieurs autres religions, comme les fakirs musulmans. D’autre part, les gens des castes les plus basses de la population étaient généralement épargnés, comme les ouvriers du bâtiment, les forgerons, les employés de ménage… Bref, ça faisait pas mal de monde qui ne risquait pas sa peau en les croisant.
Des siècles d'existence sans menaces
La secte a été active pendant plusieurs siècles et a combattu des ennemis assez variés, tenant par exemple tête au sultan de Delhi de nombreuses années et s’inscrivant dans une guerre anti-coloniale contre les armées britanniques. Ce serait d’ailleurs la Reine Victoria qui aurait ordonné l’éradication de la confrérie après avoir lu plusieurs compte-rendus sur la violence de leurs assassinats. Une force de police spéciale a été créée pour combattre les Thugs, des centaines ont été pendus, d’autres emprisonnés à vie et lorsque le chef a été capturé la secte a commencé à disparaitre définitivement.
Des milliers et des milliers de meurtres
Selon le Guinness Book des records et les sources qu’on a pu garder des nombreux siècles d’existence de la confrérie, le nombre de victimes des Thugs pourrait avoir dépassé les deux millions, ce qui en fait quand même une sérieuse confrérie d’assassins en termes de rendement. On note d’ailleurs que l’un des membres de la secte, Behram, avait à lui seul 931 morts à son compte. Clairement ils n’étaient pas là pour déconner.
Et si vous aimez ce genre de trucs on vous conseille d’aller voir les choses à savoir sur l’ordre des Assassins, c’était pas des tendres non plus.
Sources : Mystery of India, Wikipedia, Ancient Origins, History Bits.