Calculé par le Global Footprint Network, un institut de recherche californien qui base ses travaux sur les données des Nations unies, le jour du dépassement de la Terre correspond à la date, chaque année, à laquelle l’homme a consommé toutes les ressources que la Terre est en mesure de reconstituer d’ici à l’année suivante. En 2017, l’homme aura consommé selon les projections 70% de ressources en plus de celles que la Terre est en mesure de reconstituer. Bref, on vit à crédit.
Il arrive plus tôt d'année en année
Ce jour intervient de plus en plus tôt dans l’année depuis la fin des années 1960. En 1970, il coïncidait avec le 1er janvier, en 1991 au 15 octobre et cette année au 1er août. Autant dire qu’on consomme de plus en plus de ressources, de plus en plus vite.
En 2030, on consommera deux fois les ressources dont on dispose sur une année
Ce qui signifie qu’il faudrait qu’on ait une deuxième planète pour satisfaire tous nos besoins. Or, on a bien essayé de faire ctrl+A, ctrl+C, ctrl+V pour dupliquer la Terre dans l’espace, mais on n’a pas réussi.
Qu'est-ce que ça veut dire dépasser les ressources de la Terre ?
Pour faire simple, cela signifie que l’on consomme trop : en gros, on coupe plus d’arbres qu’il n’y a d’arbres qui poussent, on tue plus d’animaux qu’il n’en naît et nous rejetons davantage de carbone que la Terre ne peut en absorber. Bref, on fait n’importe quoi.
Les Australiens sont ceux qui consomment le plus comme des dingues
Il nous faudrait 5 planètes si tout le monde consommait comme les Australiens. Les Américains consomment dans des proportions très équivalentes. Pour tenir le rythme des Français, il faudrait quand même 3 planètes. Si nous étions tous Indiens, en revanche, nous ne consommerions en moyenne que 60% des ressources de la Terre régénérées annuellement. C’est pas la même limonade.
L'indicateur minimise la réalité
Cet indicateur est souvent critiqué, non parce qu’il est alarmiste, mais parce qu’il tend à minimiser la réalité de la crise que nous traversons. En effet, le jour du dépassement ne prend pas en compte l’épuisement des sous-sols ni la consommation d’eau ; mais cela signifie que, si le calcul était plus précis, le jour du dépassement interviendrait encore plus tôt. Il y a alerte, les amis.
Les émissions de gaz à effet de serre représentent 60 % de l’empreinte écologique mondiale
C’est donc bien sur ces émissions qu’il faut bosser si l’on veut inverser la tendance, car elles constituent le gros de notre surconsommation. D’où la place prépondérante qu’elles occupent dans les discussions sur la planète.
La réduction des émissions de gaz à effet de serre cache bien souvent une délocalisation de ces mêmes émissions
Les accords successifs passés par les pays riches ont un effet trompe-l’oeil : les pays riches ont en effet engagé une politique de réduction des émissions sur leur sol, mais cette tendance cache une délocalisation des émissions vers des pays pauvres via un déplacement notamment des moyens de production. Selon les experts, la France dégage ainsi 40% d’émissions en plus de ce qu’elle déclare sur son sol.
Les pays développés s'améliorent, mais moins vite que les pays émergents n'augmentent leur empreinte écologique
L’enjeu est de réduire les émissions dans les pays riches à un rythme plus soutenu de façon à ce que la baisse s’équilibre malgré la montée en puissance industrielle des pays émergents qui sont de gros émetteurs de carbone. Pour faire simple, les pays riches limitent de plus en plus leurs émissions, mais cette baisse n’est pas suffisante pour compenser l’augmentation des émissions dans les pays émergents. C’est la course.
Il suffirait de gagner 4 jours et demi chaque année pour arriver à l'équilibre en 2030
C’est pas énorme, en soi, mais c’est une mission presque impossible si l’on observe les tendances actuelles.
L'humanité doit s'affranchir des énergies fossiles d'ici à 2050 pour respecter l'accord de Paris
Les plus optimistes espèrent plutôt que le renversement interviendra autour de l’année 2050. À cet horizon, si l’on veut respecter l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 2 degrés Celsius, il faudra avoir fait totalement le deuil des énergies fossiles. C’est un défi immense.
Joyeux jour du dépassement à tous.
Source : Le Monde