Depuis plusieurs jours, les médias font leurs titres sur « un mystérieux virus » venu de Chine déjà responsable d’une dizaine de décès. Entre impression de fin du monde et discours faux-cul des autorités chinoises, on ne sait plus trop s’il faut s’alarmer ou non, ni d’ailleurs pourquoi on appelle ce type de virus un coronavirus alors que ça n’a aucun rapport avec la bière. On vous donne quelques explications.
De quoi on parle ?
D’une saleté de virus, baptisé 2019-nCov, et dont on ne savait rien jusqu’à sa soudaine apparition sur un marché de Wuhan, au centre de la Chine. Ce virus provoque des pneumonies graves qui peuvent être mortelles. C’est donc un type de coronavirus spécifique dont la contraction peut être grave – ce qui n’est pas le cas de tous les coronavirus.
D'où ça vient ?
L’épicentre de la propagation a été identifié sur un marché aux poissons de Wuhan. On pense donc que la première contamination viendrait de l’animal et que le virus aurait possiblement muté en se transmettant à l’homme. Les autorités chinoises ont tardé à reconnaître le processus de transmission entre humains et l’épidémie s’est depuis déplacée dans une bonne partie de la Chine et vers d’autres pays, dont l’Australie.
Combien y'a-t-il de cas ?
A ce jour, la Chine annonce avoir dénombré 440 cas dont 9 morts, mais certains scientifiques hong-kongais sont beaucoup plus alarmistes, évaluant à plus de 1500 le nombre de personnes probablement touchées par le virus – et c’est une estimation basse. Pour l’heure, les autres pays touchés ont réagi rapidement et la pandémie est pour l’instant essentiellement circonscrite à la Chine.
La Chine agit-elle pour contrer l'épidémie ?
C’est tout le problème. La Chine a une légère tendance censurer tout un tas de trucs. En tardant à reconnaître l’épidémie, les autorités chinoises ont laissé le virus se propager à de très grandes villes-monde, comme Shanghai, Pékin et Canton. Depuis, les services sanitaires opèrent d’immenses campagnes de désinfection, recommandent à tous le port d’un masque et envisagent de reporter les vacances scolaires afin de limiter les déplacements de population. A l’aéroport de Hong Kong, un contrôle thermique systématique des passagers a été mis en oeuvre. La Thaïlande a aussitôt imité la manœuvre. La Chine s’est donc mise à agir, mais très tardivement et le risque d’épidémie reste élevé.
Y'a-t-il des précédents ?
En 2002 et 2003, un autre coronavirus, le SRAS, avait ravagé l’Asie, causant la mort de 800 personnes. Déjà à l’époque, le coeur de l’épidémie était situé en Chine et déjà à l’époque les autorités chinoises avaient mis beaucoup de temps à réagir, minimisant l’importance de la crise avant de finalement déployer des mesures sanitaires préventives (et de limoger le ministre de la santé). Aujourd’hui, l’OMS s’inquiète d’un scénario similaire, même si on est loin de s’attendre à une épidémie meurtrière.
Risque-t-on d'être tous infectés et de mourir ?
Pour l’instant, non. Un seul cas a été détecté en Australie, 2 en Thaïlande, 1 en Corée du Sud, 1 au Japon et 1 à Taïwan. En dehors de la Chine, l’épidémie semble donc potentiellement contrôlable ; à moins bien sûr que des cas se déclarent après une plus longue période d’incubation et que ces chiffres soient revus à la hausse dans chaque pays concerné. Mais les autorités semblent décidées à réagir vite pour circonscrire le virus.
Est-ce que ça se soigne ?
Oui. Enfin on est capable de soigner une pneumonie même si elle est sévère à condition qu’elle soit détectée et soignée tôt. Mais une pneumonie sévère peut quand même s’avérer mortelle si elle n’est pas soignée. Quant au virus, il s’agit essentiellement d’en éviter la propagation.
Y a-t-il un risque en France ?
En France, les risques de propagation sont pour l’heure considérés comme faibles. Mais si vous revenez de Chine, les autorités conseillent de mettre un masque, de consulter un médecin spécialisé pour lever tout doute, de se laver régulièrement les mains et d’éviter le contact avec la foule. La Direction générale de la Santé a aussi mis à disposition des médecins un guide des bonnes pratiques pour identifier d’éventuels cas.
Que faut-il faire pour éviter la contagion ?
Evitez d’aller à Wuhan, si vous voulez mon avis.
Quel rapport avec la Corona ?
Aucun. Les coronavirus forment une grande famille de virus (on explique ce qu’est un virus ici) pour certains identifiés et pour d’autres non dont la source primaire est souvent animale. Leurs effets sur l’homme sont très très variables : ils peuvent engendrer des petits rhumes ou la mort – paye ta roulette russe. La Corona, elle, est une bière que Chirac aimait bien. Vous voyez bien : aucun rapport.
Ouais, non, vraiment, n’allez pas à Wuhan.