Tous les jours, nous réalisons mécaniquement des gestes qui, pour naturels qu’ils nous paraissent, n’en sont pas moins des rituels. Comme tous les rituels, ils sont l’évolution de pratiques païennes ou religieuses qui faisaient sens dans un contexte aujourd’hui complètement oublié parce qu’on ne passe plus son temps à faire la guerre et à prier des dieux. Mais on continue à les reproduire.

Se serrer la main

Tendre une main sans arme dedans était dans les temps anciens un moyen pratique de signaler aux gens qu’on ne comptait pas les tuer. Depuis, c’est resté, même si, de manière générale, on n’a assez peu peur d’être assassiné brutalement par des gens qu’on rencontre dans un cadre professionnel ou amical.

Trinquer

L’origine de la pratique est à chercher du côté des hommages rendus aux dieux et aux morts. On offrait un breuvage sacré aux divinités en formulant un voeu. D’où le « A ta santé », qui est resté. Par la suite, au Moyen-âge, trinquer est devenu une action de confiance. On trinquait fortement pour échanger un peu de sa boisson avec son interlocuteur, manière de lui prouver que l’on n’avait pas empoisonné son verre.

Se choisir un témoin de mariage

En Germanie médiévale, il était de coutume pour les hommes d’épouser des femmes issues de leur communauté. Cette tradition limitait le nombre de candidates possibles ainsi que l’intérêt qu’on pouvait leur porter. Pour élargir le champ des possibles, les hommes kidnappaient donc des femmes des communautés environnantes pour les ramener dans la leur. Et c’est là que le témoin avait son importance, puisqu’il aidait à réaliser le rapt. C’était aussi à lui de garder la porte pendant que la famille (ou le village entier) de la mariée de force venait la réclamer avec des arbalètes.

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Il n'a pas souffert, promis

L'âge de la majorité

Jusqu’à Giscard, c’est-à-dire jusqu’à il n’y a pas si longtemps, l’âge de la majorité, en France comme aux Etats-Unis, était fixé à 21 ans. Si les Etats-Unis n’ont pas touché à cette mesure, les Français ont eu l’intelligence de baisser cet âge à 18 ans de manière à maximiser la consommation d’alcool de leurs petits ressortissants. Toujours est-il que le choix de cet âge, 21 ans, n’était pas simplement random. Il correspondait à l’acquisition par le jeune homme de sa pleine forme physique et donc à sa capacité à porter l’armure. Or, on le sait, la guerre, c’était une activité assez prenante, hein, à l’époque. Et puis, 21, c’était 3×7 et 7 comme 3 étaient des chiffres divins. Bref. L’armure.

Dire "à tes souhaits" quand quelqu'un éternue ou bâille

Le geste de se couvrir le nez ou la bouche lors de l’éternuement ou du bâillement consistait autrefois à se prémunir contre l’invasion intempestive d’esprits malins qui profitaient selon la croyance du moment fatidique pour s’immiscer dans le corps de l’enrhumé. Sans compter que le bâillement, en tant que tel, laissait filer, pour les hindous, une part de l’âme de celui qui bâillait. On se couvrait donc la bouche pour éviter tous ces désagréments. Quant au rituel consistant à souhaiter des choses à quelqu’un qui éternue, il vient de la grande peste. Les éternuements étant des signes d’infection, on souhaitait le meilleur à ceux qui éternuaient pour les prémunir contre l’enfer qui les attendait.

Les accolades

En Amérique du Sud entre amis et parfois en Europe en famille, on se fait des câlinous quand on se voit. Mais les câlinous, ce n’est pas seulement de l’amour ; c’est surtout une manière de bien tâter les flancs de son interlocuteur pour savoir s’il est armé. Les agents de sécurité, en fait, ils veulent juste nous faire des câlinous dans les aéroports. C’est de l’amour.

Le fait de rouler à droite

Bon. C’est contre-intuitif, car, au départ, on roulait à gauche. Et on ne roulait pas à gauche pour rien. On roulait à gauche, car on était droitier. Or, sur les routes romaines, les agressions étaient légion (légion romaine, hahahahahaha). Pour se défendre en cas de mauvaise rencontre venant dans l’autre sens, il fallait donc que la main forte puisse trancher des têtes sans mal. On décida donc de rouler à gauche et le pape Boniface VIII inscrivit même la règle dans le marbre.

Puis, avec le développement des armes à feu, tout ça tomba en désuétude, et on se rendit compte que c’était aussi simple de rouler à droite et de tenir son flingue dans la main gauche.

La bise

Dans le cadre familial, au Moyen-âge, la bise visait essentiellement à tester la santé des siens. La pratique permettait ainsi de sentir l’odeur et l’haleine de ses enfants ou de ses parents pour évaluer leur hygiène et l’éventuelle présence de germes chez eux. Ensuite, on a commencé à en faire beaucoup, et pas le même nombre partout, mais ça personne n’a d’explication.

Un jour, on vous racontera pourquoi les gens font la roue.

Allez, on va encore vous apprendre plein de trucs avec les symboles qu’on interprète mal, les gestes qu’il ne faut pas faire à l’étranger et les gestes d’hygiène inefficaces.

Source : Cracked