Le retour des vacances ; teint hâlé, yeux creusés, cœur apaisé, on songe à la reprise sans vraiment aussi y croire : temps suspendu. Si l’on s’en tient à ce que dit l’adage, on reprend vite le pli. Derrière toi, tu as laissé une trace – on ne parle pas de la fois où tu as pissé ivre contre l’arbre du lodge. Et tel un petit poucet, tu as disséminé des petits restes de toi que tu ne reverras jamais.
Ta joie de vivre
Tu sais, ce tout petit supplément d’âme, cet indéfinissable charme, cette petite flamme que tu avais tout au long des vacances quand tu faisais la bombe dans la piscine ou que tu disais « un petit volley ? », ce truc qui s’allumait au fond de tes yeux et qui te donnait envie de te lever le matin, de te coucher tard le soir, de profiter un maximum et de sourire, sourire toujours, sourire dès que tu en avais l’occasion ; oui bah ça s’appelle la joie de vivre. Vu ta gueule maintenant, il semble que tu l’aies laissée derrière toi.
Tes affaires propres
C’est un peu le problème au retour des vacances ; tu as toujours ta valise, certes, mais elle est emplie d’affaires dégueulasse. Faire une lessive te donnerait trop l’impression d’être totalement rentré et tu as bien le droit à cet espace tampon entre la rentrée et la reprise, on te comprend – comme on te comprend ! Résultat, cela fait maintenant 3 jours que tu portes un caleçon sale, et il serait quand même temps de reprendre ta vie en main.
Tes lunettes de soleil
Tu ne t’en es pas encore rendu compte car il pleut désormais sur tes vacances et dans ton cœur, mais tu as oublié ta paire de Persol achetée une bonne centaine d’euros l’an dernier à côté du bar de la pistoche, là où tu t’es mis ta dernière cuite au mojito il y a deux jours. Inutile d’envoyer une lettre à l’hôtel en leur demandant de te les renvoyer, c’est Ramon, le jeune espagnol au regard de braise qui s’est emparé de tes lunettes pour draguer encore plus de filles dans sa vie qui ressemble à d’éternelles vacances scolaires.
Tes espoirs de ne jamais rentrer travailler
Tu l’as fomenté, ce plan, celui où tu resterais éternellement dans ta maison de vacances, doigts de pied en éventail et puis pour l’argent on verrait. Celui où tes amis et toi formeraient une communauté autonome sans les inconvénients du compost et sans toilettes sèches, mais avec de la joie en plus. Tu y as pensé, tu en as même parlé à 4 grammes. Et tout le monde semblait d’accord, alors. Et te voilà de retour à Paris ou ailleurs à te demander pourquoi tu ne vas pas au bout de tes rêves, contrairement à Ramon et à Jean-Jacques Goldman qui y va plutôt cent fois qu’une, lui.
Ton amour de vacances
Comment qu’elle s’appelait, déjà ? Comment qu’elle s’appelait ? Chloé ? Samantha ? Jean-Louis ? Déjà son souvenir s’efface avec lui celui de la merveilleuse semaine que vous avez passée à vous galocher tout nus dans le sable. Déjà tu ne te souviens plus bien de la rondeur de ses épaules ni de la douceur de ses cuisses ; déjà tu as oublié jusqu’au goût de sa langue humide.
Je continue à vous écrire un roman érotique ou on s’en tient là ?
Il faut aller acheter ses petites fournitures scolaires, maintenant !