Ça ne sert à rien de renier notre passé. On a aimé des trucs bofs, moralement limites, et puis on a changé depuis, c’est tout. Les œuvres sexistes de notre enfance ont mal vieilli, certes, mais ce n’est pas une raison pour tout cramer et tout foutre à la poubelle. Certains personnages ne pourraient plus exister aujourd’hui, mais on ne va pas commencer à foutre des gens en taule pour ça. Du coup, aujourd’hui, je vous invite à la demi-mesure : on va voir que les séries qu’on matait quand on était jeunes n’étaient vraiment pas géniales sur certains points, mais ça ne veut pas dire qu’elles étaient complètement à chier (sauf une ou deux, peut-être). L’important c’est de pouvoir en parler aujourd’hui.

Les séries AB Productions étaient ultra sexistes

Allez on commence tout de suite avec des séries qui seront quand même assez difficiles à sauver, parce que Salut les Musclés, Premier Baiser, Hélène et les garçons ou Les filles d’à côté, c’était quand même bien de la merde. Mais c’était surtout rempli de sexisme bien lourd. Les persos masculins de ces sitcoms étaient des gros forceurs, et dès qu’une jolie fille arrivait dans une scène, on pouvait être sûr que tout allait tourner autour de sa plastique. Ça nous faisait rire avant (et encore), mais dans l’ère post #MeToo, c’est sûr que ça ne passe plus.

Le fat shaming

Dans nos vieilles séries, se moquer des personnes en surpoids était un ressort comique largement utilisé. Par exemple, dans Les Frères Scott, quand ils apprennent que Rachel est une ancienne grosse, tout le monde la regarde différemment et se fout de sa gueule. La même situation existe dans Friends avec Monica. Et dans les séries qui se passent au collège/lycée, s’il y a un ado qui brutalise les autres élèves, il y a une chance sur deux pour qu’il soit gros. C’est le cas par exemple dans Malcolm, quand Dewey se fait emmerder par un gars de son école. Donc les gros sont considérés soit comme ridicules, soit comme méchants dans les séries de notre enfance. Ils ne peuvent pas être comme les autres en fait ?

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Il est parti à la ferme des liens cassés pour prendre des petites vacances, il est avec tous ses copains, ne t'inquiète pas.

L'homophobie ordinaire

Si aujourd’hui les scénaristes ont bien compris qu’il pouvait y avoir des gays dans les séries sans que tout ne tourne autour de leur homosexualité, c’était beaucoup plus compliqué avant. Et puis certaines sitcoms ne se faisaient pas prier pour alimenter les clichés sur les homos, comme quand, dans Friends, Ross raconte qu’il aurait dû se douter que son ex Carol était lesbienne puisqu’elle buvait sa bière directement à la canette. Mais la palme de l’homophobie revient aux Filles d’à côté où le personnage de Gérard était une accumulation de clichés, et quand on revoit les images, ça fait très mal. Je vous mets la vidéo pour que vous vous fassiez une idée.

Le racisme ordinaire

C’est difficile de se souvenir d’une série qui ait été frontalement raciste, par contre il y en avait pas mal qui n’hésitaient pas à jouer avec les stéréotypes sur les étrangers. Même les Simpson qu’on adore sont passés par là avec le personnage d’Apu qui accumulait les clichés envers les Indiens, à commencer par un nom de famille incroyablement long (Nahasapeemapetilon). Bien sûr, Apu était épicier et il avait un accent indien hyper prononcé alors qu’il était doublé par un acteur blanc. Mais, en 2020, les créateurs de la série ont décidé d’arrêter avec l’accent et se sont excusés, du coup on peut pardonner et passer à autre chose.

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"*TUIUIUIUIUIU* Oui allô ? / Oui ce serait pour signaler un lien disparu / Ok on envoie nos équipes d'enquêteurs sur le coup"

Le slut shaming

Critiquer une fille qui a des rapports sexuels avec des garçons, ça se fait encore beaucoup (trop), alors pas étonnant qu’on trouve pas mal de slut shaming dans nos vieilles séries. Pour illustrer ça, on part du côté de Dawson, où Jen était traitée comme une traînée parce qu’elle avait fait du sexe à 16 ans alors que Pacey couchait avec sa prof et que là ça ne posait aucun souci à personne. Ça me reste encore en travers de la gorge.

Le sexisme dans Code Lisa

Allez, on rajoute une petite couche de sexisme (il y en avait tellement que c’était impossible de n’en faire qu’un point) avec Code Lisa, série dans laquelle deux mecs créaient une femme sexy pour qu’elle accomplisse tous leurs désirs. Là on est sur un niveau de machisme incroyablement élevé.

Le intello-shaming

Je ne connais pas le terme pour désigner le fait qu’on se moquait toujours des intellos dans les vieilles séries, alors on va appeler ça de l’intello-shaming. C’est malheureusement un truc qui existe en vrai : à l’école, les gosses se moquent des premiers de la classe parce que vous comprenez, c’est trop nul d’être intelligent. Et les séries d’il y a 20-30 ans se sont approprié le truc en créant des personnages binoclards premiers de la classe qui ne pouvaient être ni drôles, ni beaux. Parce que quand on est intelligent, on est juste intelligent et puis c’est tout. Pour le coup, quasiment toutes les séries qui se passaient au lycée véhiculaient ce cliché avec les élèves du « club de sciences » qui étaient des espèces de weirdos moches dénués d’humour. Pas sympa.

Les BG étaient tous nuls en cours

Allez, vu qu’on a défendu les intellos, défendons aussi les beaux-gosses de séries qui avaient tous pour point commun de se ramasser des F à tous leurs exams. Comme si on ne pouvait pas être beau et intelligent à la fois. Dans Parker Lewis, ils avaient réussi à accumuler les trois clichés dans le trio : on avait Jerry, l’intello moche, Mikey, le bg un peu con, et Parker, le mec drôle dans la moyenne. C’est fort non ?

Voilà, maintenant que c’est dit, on peut quand même avouer qu’on aime toujours Malcolm, Parker Lewis et Friends (non, pas Friends en fait), et on peut aussi se souvenir avec nostalgie des séries oubliées de notre enfance. Tout n’est pas à jeter non plus.