Henri Désiré Landru est probablement le serial killer français le plus célèbre de l’Histoire. Celui qu’on appelait « le Barbe-Bleue de Gambais » s’est bâti une chouette réputation en tuant des veuves pour les dépouiller de leurs richesses avant de faire disparaître leur corps dans sa cheminée, ce qui fait de lui un personnage qu’on qualifiera de « pas très très gentil ». Mais cette histoire-là, on en a beaucoup entendu parler, contrairement au reste de son existence qui est tout aussi fou. Il est donc temps de réparer cette erreur en vous racontant un peu l’histoire de Landru, l’escroc tueur en série qui ne faisait rien comme tout le monde.
Landru a inventé le vélo à moteur
Landru a commencé sa vie professionnelle comme inventeur et escroc, parce qu’il avait des bonnes idées alliées à une mythomanie un peu prononcée. Et l’un de ses premiers coups d’éclat, c’est d’avoir lancé la commercialisation d’une bicyclette à moteur fonctionnant au pétrole à la toute fin du XIXe siècle. Seulement, le bougre avait demandé aux intéressés d’avancer un tiers du prix de l’engin pour le précommander, alors que de son côté il n’avait pas du tout lancé la production des bicyclettes. Du coup, une fois qu’il avait encaissé le pognon de ses clients, Landru s’est fait la malle. Pouf ! Disparition. La belle arnaque.
Landru a brisé le cœur d'une jeune (presque) mariée
En 1909, alors qu’il avait déjà fait de la prison pour escroquerie, Landru a séduit une femme, Jeanne Isoré, qu’il a promis d’épouser. Les deux tourtereaux s’étaient fiancés et la pauvre naïve avait remis ses économies à Landru qui, la veille du mariage, a tout simplement disparu. Il a finalement été condamné à une nouvelle peine de prison pour ça, et a très mal vécu son incarcération. Il était mal traité dans sa cellule et avait dû faire face au décès de ses parents pendant qu’il était derrière les barreaux, ce qui lui a mis une nouvelle idée en tête : plus jamais il ne ferait de la prison. Et surtout : plus jamais il ne laisserait de témoins derrière lui après ses escroqueries. Vous la sentez venir, la reconversion en tueur ?
Landru aurait eu plus de 283 conquêtes dans sa vie
La technique du criminel parisien pour trouver ses victimes était relativement simple : il publiait des annonces matrimoniales dans les journaux pour rencontrer des veuves et les dépouiller de leurs économies avant de les tuer et de faire disparaître leur corps dans sa cuisinière. C’est de cette manière que Landru a tué 10 femmes (plus le fils de l’une d’entre elles), mais il en a rencontré des centaines suite à ses annonces. On parle de 283 femmes qu’il aurait séduites, mais le tueur en série ne sélectionnait que celles qui étaient assez éloignées de leur famille pour éviter que leur disparition n’attire trop l’attention. Toutes les autres ont eu beaucoup de bol, finalement.
Comme à chaque fois, Landru s'est fait choper
En janvier 1919, la sœur d’une des victimes de Landru est allée voir la police. Inquiète de ne plus avoir de nouvelles de sa frangine, elle les a mis sur la piste de Lucien Frémyet, l’homme avec lequel sa sœur s’était fiancée. A partir de là, les policiers ont commencé à recouper toutes les fausses identités de Landru (dont celle de « Lucien Frémyet ») et ont perquisitionné son domicile où ils ont retrouvé des ossements humains ainsi que des carnets où le tueur recensait toutes les femmes qu’il séduisait. Ça a marqué le début de « l’Affaire Landru », le mec qui, finalement, laissait toujours trop d’indices derrière lui.
Il a lâché plusieurs punchlines pendant son procès
Landru n’était pas du tout intimidé devant la salle d’audience. Niant fermement avoir tué les victimes, il a reconnu les avoir escroquées et s’est exprimé sans bafouiller à coup de jolies punchlines du genre : « Moi ? J’ai fait disparaître quelqu’un ? Eh bien, ça alors ! Si vous croyez ce que racontent les journaux ! » Le mec se payait le luxe de faire rire toute l’assemblée avec ses réparties, ce qui agaçait le juge et a mené à ce dialogue surréaliste :
Le juge : « Si les rires continuent, je vais demander à chacun de rentrer chez soi ! »
Landru : « Pour mon compte, monsieur le Président, ce n’est pas de refus ! »
Le culot total.
L'avocat de Landru a tenté la défense la plus audacieuse qu'on n'ait jamais vue
Au cours du procès, Vincent de Moro-Giafferri, l’avocat du tueur, a annoncé au public qu’il allait prouver que les victimes de Landru n’étaient pas mortes en les faisant intervenir. Il a indiqué la porte d’entrée de la salle d’audience, et tout le monde s’est retourné pour voir entrer les victimes. Forcément, personne n’est arrivé, mais l’avocat, satisfait, a déclaré que tous ceux qui s’étaient retournés avaient démontré qu’ils ne croyaient pas que Landru avait tué qui que ce soit. Un coup de maître. Enfin, presque, puisque l’avocat général a alors fait remarquer à tout le monde que Landru, lui, ne s’était pas retourné vers la porte. C’est con, puisque si Landru avait été bon comédien, cette défense aurait pu sérieusement faire douter les jurés.
Le jour de sa mort, Landru a encore lâché une belle punchline
Condamné à la guillotine, Landru a été exécuté le 25 février 1922 au petit matin. On raconte que l’aumônier est venu le chercher dans sa cellule une heure avant pour lui demander s’il croyait en Dieu, ce à quoi Landru aurait répondu : « Monsieur le curé, je vais mourir et vous jouez aux devinettes ». Apparemment, il avait encore de l’humour.
En fait, jusqu'à la fin, Landru lâchait des petites vannes
Juste avant de passer à la guillotine, on a proposé un verre de rhum et une cigarette à Landru histoire de se détendre, ce qu’il a refusé en expliquant : « Ce n’est pas bon pour la santé. » Alors ouais, le mec n’en est pas moins une ordure, mais il faut bien avouer qu’il savait être drôle.
Il a reçu plus de 800 demandes en mariage
Pendant toute sa détention, entre son procès et son exécution, Landru n’a pas manqué de lecture. Il aurait reçu plus de 4000 lettres d’admiratrices dont 800 demandes en mariage. Rien que ça. C’est un phénomène assez courant de voir des gens attirés par des personnes qui ont commis des crimes, mais 800 demandes en mariage pour un mec qui était de toute manière destiné à se faire trancher la tête, ça fait quand même un peu beaucoup.
C'est Laurent Ruquier qui possède la cuisinière dans laquelle Landru a brûlé les corps de ses victimes
Quelques années après le procès de Landru, le four qu’il avait utilisé pour faire disparaître les corps de ses amantes a été vendu aux enchères. Il a été pendant un temps la propriété du Musée Grévin, mais c’est finalement Laurent Ruquier, passionné par l’histoire de Landru, qui a racheté l’objet. En 2005, Ruquier avait d’ailleurs écrit et mis en scène une pièce sur le tueur en série, et il en avait profité pour exposer la cuisinière dans l’entrée du théâtre. A priori, il n’a fait disparaître aucun corps dedans. C’est quand même mieux de le préciser.
Le pire, c’est qu’avec tout ça, Landru est encore loin de faire partie des serial killers les plus flippants de l’Histoire.
Sources : Francebleu, Wikipedia, enapagen, curieuseshistoires.