Aujourd’hui est un grand jour pour moi (et pour vous aussi si ça se trouve, peut-être que vous vous mariez, que c’est votre anniversaire ou que vous venez de rencontrer Christian Clavier dans la rue auquel cas je vous invite à dire en commentaire comment il est en vrai) puisque j’ai l’occasion de vous parler d’un personnage tout particulièrement passionnant qui n’est autre que Deadpool. Celui qu’on appelle le « merc with a mouth » (mercenaire qui parle beaucoup) est un personnage fascinant du monde du comics, une exception des standards qui a été adapté à l’écran avec brio non sans de nombreux changements quand même (dont nous allons évidemment parler). Alors ne perdons pas de temps, y’a du boulot.
Le projet de faire un film remonte à très loin
Si vous avez vu le film « Wolverine » de 2009, vous avez donc été témoin de la première « tentative d’adaptation » (appelons ça comme ça) du célèbre personnage au cinéma. Si le résultat à l’image vaut celui d’une coloscopie en 3D, il a quand même eu le mérite de donner l’occasion à Ryan Reynolds d’endosser le rôle du personnage après déjà cinq années de tentative pour faire un film. En effet, c’est en 2004 que Reynolds commence à travailler avec David Goyer pour adapter le personnage à l’écran. Si on peut dire que les débuts de Deadpool au cinéma ont clairement été mouvementés (les fans ont gueulé à juste titre en voyant le résultat atroce), son arrivée dans le monde du comics l’a été tout autant.
À la base Deadpool était (presque) un plagiat
C’est dans les années 90 que Fabian Nicieza et Rob Liefeld créent le personnage de Deadpool pour qu’il apparaisse dans un numéro des « nouveaux mutants ». Le personnage est alors supposé être un nouveau super méchant : un assassin (tueur à gage) super violent armé de deux katanas et de flingues affublé d’une combinaison rouge et noire. Liefeld dessine un premier jet de son nouveau personnage et le montre à son collègue qui directement rétorque « c’est une copie de Deathstroke ».
Deathstroke est lui un méchant de la maison de comics concurrente DC qui est également un assassin violent armé d’un sabre et de flingues et possède une combinaison jaune et bleue assez similaire. Assez logiquement les deux auteurs se disent qu’ils vont probablement risquer un procès s’ils sortent le personnage tel quel, mais plutôt que de tout changer ils assument complètement leur choix : l’identité de Deathstroke est « Slade Wilson », ils vont appeler Deadpool « Wade Wilson » en hommage et en faire un méchant tout aussi redoutable mais avec une sacré grande gueule.
Ryan Reynolds était très (très) motivé pour faire le film pour une raison vraiment drôle
Comme on disait plus haut, il s’est passé presque 12 ans entre le moment où l’acteur a voulu enfiler le costume (2004) et la sortie du premier volet (2016). On peut croire que Reynolds était fan du comics (ce qui est vrai) et qu’il partageait avec le mercenaire ses origines canadiennes (Wade Wilson est canadien comme l’acteur) mais la véritable raison pour laquelle Ryan Reynolds voulait faire le film est qu’il est directement cité dans le comics. En effet, lorsqu’on demande à Deadpool à quoi il ressemble dans l’un des numéros, il répond « un mélange entre l’acteur Ryan Reynolds et un Sharpei ». Une blague à la con, mais qui a été à l’origine de l’entrée en scène de Reynolds dans le projet.
Le film a probablement été validé grâce à un leak
Lorsque Deadpool arrive dans les comics, une fanbase grossit très rapidement autour du personnage singulier et il faut à peine deux ans pour que le méchant obtienne sa propre série dont il est le héros. Au cinéma, ce n’est pas uniquement son apparition foireuse dans Wolverine qui a créé sa nouvelle fanbase mais une scène du premier film qui avait fuité bien avant sa sortie.
Cette scène entièrement tournée était un test pour convaincre les studios de faire un film sur le personnage. Mais plutôt que de convaincre les producteurs, c’est les fans du personnage qui ont tout simplement été conquis lorsque la vidéo a fuité : dialogues, combats et blagues vaseuses; Deadpool fonctionnait à l’image et la vidéo est devenue virale, confirmant au studio qu’un film était une bonne idée et que Reynolds était parfait dans le rôle.
Le premier film était risqué pour le studio
Lorsque le premier film Deadpool entre en production il s’agit d’un pari risqué : il est le premier film de super-héros du studio « Rated R » : qui oblige les spectateurs de moins de 17 ans à être accompagnés par un adulte aux États-Unis. Comprenez par là que le nombre d’entrées au cinéma est donc supposé être moins important que les autres films du genre puisque nombreux jeunes spectateurs ne pourront pas le voir.
C’est pour cette raison que le studio était toujours resté frileux à l’idée de le mettre en image, Deadpool étant un personnage à l’humour pour ados / adultes et le lisser aurait été mal vu par les fans. Finalement la production est lancée et le budget pour un film de ce genre est assez bas puisqu’il est de 58 millions de dollars. Quelques mois plus tard au box-office le film devient un succès monumental et totalise un capital monstrueux de 783 millions de dollars.
Deadpool n'a pas les gadgets du comics
Si on peut assez aisément s’accorder sur le fait que l’essence du personnage est plus que respectée dans le film, il manque certains aspects et équipements du personnage à l’écran. Au niveau des gadgets, lors de ses débuts dans le comics Deadpool possède un téléporteur ainsi qu’un système d’hologramme sophistiqué qui lui permet de prendre l’apparence de n’importe qui (ce qui donne un numéro mémorable où il se fait passer pour Peter Parker). Avec le temps, ces deux gadgets ont été abandonnés par les auteurs (ce que Deadpool lui même ne manque pas de signaler) et ne trouvent donc pas leur place dans les films.
La / les personnalité(s) du personnage changée(s) pour le film
C’est sur l’aspect « mental » de Deadpool que le film a été obligé de faire un changement majeur. Dans le comics, Wade Wilson a développé plusieurs « fragments » de personnalité, de nombreux dialogues ont lieu entre lui et lui même au travers de bulles de dialogue aux couleurs et à l’encrage différents pour comprendre lequel de ces fragments s’exprime. Cette singularité aurait probablement été trop complexe à mettre en scène à l’écran et c’est compréhensible, on a donc décidé d’abandonner ces voix secondaires du personnage mais le tout reste très drôle comme ces meilleures répliques de Deadpool le prouvent.
Le personnage de Cable n'est pas un simple personnage secondaire dans les comics
Le personnage de Cable est extrêmement important dans l’univers de Deadpool puisque les deux personnages ont partagé beaucoup de numéros d’une série de comics sobrement intitulée « Cable and Deadpool ». Le fait que le deuxième film fasse apparaitre le personnage avec un rôle majeur est donc logique si on suit l’ordre de parution des comics. Le décalage entre le sérieux de Cable et la perpétuelle connerie de Deadpool fonctionne très bien à l’écran, tout comme il fonctionnait merveilleusement dans les comics.
Deadpool 3 marque l'entrée du héros dans le MCU
L’une des choses principalement attendue par les fans est l’entrée en scène du mercenaire dans le MCU. Ce qui peut faire peur est la possibilité que le personnage soit « lissé » pour coller au ton moins « violent et adulte » des films qui s’adressent généralement à un public plus jeune (pas Rated R). On peut donc espérer que cela se passera aussi bien au cinéma que dans les comics où Deadpool s’intègre parfaitement dans les numéros d’autres super héros en exaspérant à peu près tout le monde. Encore de quoi découvrir de nombreuses raisons de penser que Deadpool déboite tous les autres super-héros.
C'est grâce à Deadpool qu'on a eu le film Logan
C’est après le succès monumental du premier film Deadpool que le studio a été en confiance pour réaliser un autre film de super héros « Rated R » sur un personnage beaucoup plus bankable qui n’est autre que Wolverine et cela a donné l’excellent film « Logan ». Sombre, adulte, violent et réellement différent de tout ce qu’on avait pu voir jusqu’ici, cela n’aurait probablement pas été possible sans l’aide de Deadpool. Ça avait même donné une blague entre Ryan Reynolds et Hugh Jackman quand ce dernier a fait demander par un policier à Reynolds de lui donner un rôle dans Deadpool 3. Des gamins.
Deadpool est fan de Captain America et Spiderman
S’il y a une chose certaine, c’est que Deadpool exaspère tous les super héros avec lesquels il doit travailler. Qu’il s’agisse des X-men qui le voient comme un psychopathe ou de Spiderman qui ne supporte pas ses blagues, le mercenaire est un poids que tout Marvel doit supporter. Wade Wilson est également un immense fan de Captain America depuis son enfance et se montre toujours extrêmement gênant quand il le croise. De quoi donner des situations assez drôles dans les prochains films.
Deadpool et Spiderman ont un enfant ensemble
C’est pas forcément de la façon dont vous l’imaginez, mais en gros le méchant du nom de « Patient zéro » a créé une femme à partir de l’ADN de Peter Parker et de Wade Wilson. Le résultat de l’opération est le personnage d’Itsy Bitsy, méchante aux pouvoirs d’araignée mortels et à l’humour costaud comme celui de son deuxième père. S’il n’est pas un père idéal, Deadpool ferait un gendre idéal et ça c’est indéniable.
Deadpool a déjà tué la plupart des personnages Marvel (et bien plus encore)
Dans l’excellente série de comics « Deadpool kills the Marvel universe » le mercenaire dézingue presque tous vos héros préférés avant de passer aux grandes oeuvres littéraires dans « Deadpool killustrated ». Il se bat alors contre Sherlock Holmes qui tente de l’empêcher de buter tous les héros de la littérature. Ensuite Deadpool n’ayant plus grand monde à tuer décide de parcourir le multivers Marvel pour se tuer lui même dans toutes ses versions dans « Deadpool kills deadpool ». Voilà, des pistes de lecture sympa si vous voulez découvrir le personnage vu qu’il est assez peu crédible que ces arcs narratifs soient adaptés dans le MCU un jour.
Le plus grand pouvoir de Deadpool pour les auteurs est le "comics awareness"
Vous l’avez probablement remarqué dans les films, Deadpool casse souvent le 4ème mur pour s’adresser au spectateur et critique même la production du film sur le budget. Dans le comics, Deadpool est tout à fait conscient qu’il est dans un comics, aussi quand un acolyte demande « où est-ce qu’on est ? » le personnage répond souvent un truc du genre « page 12 case numéro 3 ». Mais en plus d’être un moyen de faire des blagues en s’adressant au lecteur, cela amène un pouvoir tout à fait hallucinant à Deadpool : il est potentiellement au courant de tout ce qui se passe dans les autres comics et connaît par conséquent des choses que seuls les lecteurs connaissent. Le seul personnage de Marvel à prendre Deadpool au sérieux sur ce point est évidemment Loki.
Bon, on espère que vous aurez appris quelques trucs dans ce top, en tout cas Deadpool revient enfin au cinéma et ça c’est vraiment cool.
Sources : Polygon, Cracked, Wikipédia, Screenrant.