Quand tu es parent, il y a certaines choses auxquelles tu ne peux pas échapper. Aller au parc avec ton môme et l’attendre sur un banc, ça en fait partie. Il s’amuse, joue avec ses potes de parc, grimpe dans les jeux, court partout, bref pour lui, c’est la grosse éclate. Et toi, tu te dis que c’est bien de l’emmener, au moins il peut se défouler, et tu peux espérer le coucher tôt ensuite, et te mater Netflix toute la soirée. Tous les moyens sont bons pour épuiser les mômes. Sauf que là, tout seul sur ton banc, le temps te parait long, très long. Et que tu le veuilles ou non, tu vas commencer à penser à des trucs chelou.
« Pourquoi j’ai fait un gosse déjà ? »
Tu es là, tout seul sur ton banc, alors que tu pourrais et voudrais être ailleurs. Tu repenses à tous ces parents qui t’ont dit, quand tu attendais le tien « tu vas voir, avoir des enfants, c’est merveilleux », et tu te demandes quelle drogue ils ont consommé pour dire des conneries pareilles. Parce qu’entre le manque de sommeil, les gastro à répétition, ton appart qui ressemble à Bagdad et les crises de larmes, tu ne vois pas à quel moment ça devient merveilleux.
« Quand je pense que je pourrais être en train de boire des bières avec mes potes »
Ouais, tu pourrais être en terrasse, avec une pinte de bière fraiche, tes potes, à parler des nouveaux crush du bureau, qui couche avec qui, etc.. Au lieu d’être là au milieu des gosses qui gueules, des nounous qui ragotent, le tout en évitant les crottes de pigeons.
« C’est marrant, le papa et son petit garçon ne se ressemblent pas du tout »
Quitte à être là, autant observer son environnement, non ? Et à chercher les ressemblances physiques entre les enfants et leur parents. Et te voilà à spéculer et à bitcher, en voyant un enfant et son papa, qui n’ont clairement aucun lien physique. Serait-ce le fils du facteur ?
« Pourquoi ai-je l’impression d’être dans un épisode de Desperate Housewives ? »
Les nounous, les enfants, les mères de famille qui parlent entre elles en buvant discrètement des petites flasques de whisky dissimulées dans des Pom’Potes… Il ne manque plus que Lynette qui hurle sur ses gamins, et on est bon.
« Est-ce que les gardiens de parc ont vraiment des pouvoirs ? »
Ils ont un uniforme, ils surveillent le parc depuis leur petite cabine verte, mais au fond, est-ce qu’ils ont vraiment du pouvoir sur ce qui se passe ? Imaginons, si on s’allume une clope, qu’est ce qu’il peut faire à part dire « vous avez pas le droit » ? Est-ce qu’ils peuvent matraquer les mauvais parents ? Leur coller une amende ? Te bannir du parc ?
« Pourquoi les pigeons ne chient que sur les bancs au soleil ? »
A croire que ces saloperies le font exprès. Comme par hasard, tous les bancs à l’ombre sont nickel, limites lustrés, tandis que ceux qui osent rencontrer un rayon de soleil sont mitraillés par ces rats volants. Je suis certaine qu’ils ont des cibles et que tout ça est calculé au millimètre près.
« Est-ce que ce mec qui vient tous les jours aime un peu trop les enfants ? »
Vu que t’es là tous les jours, tu commences à connaitre un peu les habitués du parc, à savoir à qui appartient tel ou tel enfant, etc. Tu peux limite faire un arbre généalogique pour chaque famille. Mais lui, ce type tout seul, assis en face des toboggans, tu sais qu’il n’est avec aucun gamin. Alors qu’est ce qu’il fout là, tous les jours après 16h30 ? Chelou.
« On peut pas inventer une machine qui coupe le son ambiant ? »
Ça, ça serait clairement le paradis. Imagine, tu as tous ces gamins qui courent et hurlent en même temps, et là: TAC ! Plus un bruit. Tu appuies sur un petit bouton près de ton oreille, et tu n’entends plus rien. C’est pas le bonheur ça ? Bon, on me dit que ça existe déjà et que ça s’appelle un sonotone en fait.
« Y’a vraiment des enfants moches »
A force de les observer en essayant de surveiller le tien, tu peux aisément constater que tous les gamins n’ont pas gagné à la loterie de la mignonnerie. Entre celui qui a hérité de l’énorme nez de son père, l’autre qui n’a toujours pas de cheveux alors qu’il a clairement 2 ans, et celui qui donne l’impression d’avoir un visage de 80 ans sur un corps d’enfant.. Ta progéniture a de la chance (ou alors tu n’arrives pas à être objectif.)
« On devrait peut-être déménager à la campagne »
La solution pour éviter le parc quand t’as un gamin ? Avoir un jardin. Et avoir un jardin quand tu vis en ville, c’est pas ce qu’il y a de plus simple, faut bien l’avouer. Et te voilà qui rêve d’espaces verts, sans bruits à part celui des oiseaux, une balançoire au fond d’un jardin entretenu par tes soins… Ça serait vraiment ça, la solution ?
Et toi, à quoi tu penses quand t’es tout seul sur ton banc ?