A chaque ouverture de Jeux Paralympiques, c'est la même sérénade, oui, il faut saluer le courage de ces athlètes, oui, le service public devrait leur consacrer davantage de temps d'antenne, au moins autant que les valides, personne ne regardera, mais tout le monde aura bonne conscience. C'est dommage d'avoir ce genre de débat quand on sait que certaines disciplines sont assez bien conçues pour permettre à chacun d'avoir sa chance, handicapé ou valide, sans faire une version bricolée d'un sport populaire. Les Paralympiques, ça peut aussi être du grand spectacle :
- Le rugby en salle (fauteuil roulant)
Par grand chose finalement à voir avec le rugby puisque le but du jeu est de franchir un embut sur un terrain indoor. Les passes se font indifféremment vers l'avant ou l'arrière et tout se joue sur la relative inertie des fauteuils. Bloquer un type qui court, ce n'est pas évident. Bloquer un mec en fauteuil quand on est soit même assis sur un engin muni de boucliers en guise d'enjoliveur, ça devient carrément tactique. La subtilité tactique du foot américain et la brutalité du stock-car, c'est ce que vous promet cette super discipline des Paralympiques.
- Le Hockey sur Luge
Le Hockey sur glace, c'est spectaculaire. Mais les hockeyeurs n'ont pas vraiment besoin de sauter, de faire des "dunks" ou des "smashs". Du coup, on voit mal pourquoi le hockey assis ne serait pas aussi passionnant. Mêmes règles, même vitesse, même inertie sur la glace. La preuve, c'est que les nations qui touchent dans ce sport sont les mêmes que pour le hockey des valides.
- Le tennis en fauteuil
Là encore, la piètre maniabilité du fauteuil apporte tout le charme de ce sport certes moins rapide, mais tout aussi impressionnant que les tournois ATP. Tout l'art du contrepied ("contre-roue"?) dans une épreuve exigeant placement, vélocité et précision. Deux rebonds autorisés, interdiction de décoller les fesses du fauteuil, et c'est parti. Même avec deux jambes en parfaite état de fonctionnement, on a envie d'essayer.
- Le football à 5 (non-voyant)
Des clochettes un peu partout pour repérer le ballon et les limites du terrain et un gardien de but valide pour hurler des consignes à ses partenaires, le football non voyant est assez spectaculaire pour une raison simple : le non-voyant, face au but, n'essaie pas de "placer" son ballon, il balance un caramel de toutes ses forces sous la barre. Vous aimiez la Budesliga? Vous allez adorer le Football à 5.
- Cyclisme handisport
Difficile de comprendre, fondamentalement, pourquoi le cyclisme traditionnel devrait être plus populaire que le cyclisme handisport. Pourquoi d'ailleurs cette discipline devrait être réservée aux athlètes handicapés? Est-ce qu'on demande aux participants du Tour de France d'avoir un handicap aux bras? Quitte à être sur une machine qui exige d'en chier pour avancer, que ce soit avec les biceps ou les mollets, on pourrait considérer les deux disciplines avec le même respect.
- Haltérophilie handisport
Soulever de la fonte, qu'on soit allongé sur un banc ou debout, c'est du même ordre. Pourquoi alors ne pas inclure une catégorie "couché" aux épreuves d’haltérophilie des JO et l'ouvrir à tous, valides et handicapés? Pourquoi le type qui a des bras et des pectoraux en acier devrait être orienté différemment selon sa capacité à se servir de ses jambes, totalement inutiles dans cette épreuve? Si vous aimez l'haltérophilie, on comprendrait mal que vous n'accrochiez pas à cette spécialité.
- Les courses en fauteuil
Avaler une piste sur des roues qui tournent à la force des bras, ce n'est pas plus con que du cyclisme sur piste. Sauf qu'il n'y a pas de séance de "sur-place" qui pourrait s'avérer particulièrement pénible. De la tactique, des lièvres et des sprints, vous aurez tout dans les épreuves d'athlétisme en fauteuil.
- Le Volleyball assis
Comme ça, à première vue, ça ressemble à une bonne vieille partie de Balle aux Prisonniers, mais l'objectif n'est pas de toucher son adversaire, bien au contraire. Comme le rugby en salle, l'épreuve est ouverte aux valides pourvu qu'ils soient assis. Le vrai respect aux athlètes handicapés est finalement de leur donner l'occasion de battre les valides dans un sport conçu pour être ouvert à tous.
- Le Goalball
Réservé aux mal voyants et non-voyants (voire aux valides, tout le monde doit se bander les yeux), le goalball est un jeu génial qu'on pourrait pratiquer avec bonheur dans les cours d'école. Un ballon avec des clochettes, et une règle toute simple : faire rouler le ballon au-delà de la ligne de but adverse en évitant les défenseurs qui s'allongent sur le terrain pour se trouver sur la trajectoire de la balle. Brillant.
- Judo handisport
Seul art martial représenté aux Paralympiques de Londres, le Judo pour non-voyant a le mérite d'être aussi spectaculaire que son équivalent chez les valides et ne change que très peu pour s'adapter aux déficiences visuelles : un revêtement différent pour indiquer les zones du terrain et un combat qui ne commence que quand les deux adversaires se sont empoignés. Réflexion faite, c'est même plus spectaculaire que le Judo chez les valides.
- Basketball en fauteuil
Revenir à l'essence du basket : pas de dunk, pas de alley-oop et pas de joueur surcôtés comme Yao Ming qui compte sur sa taille gigantesque pour accumuler des stats au rebond. Le basket en fauteuil nous rappelle que ce sport est avant tout tactique et collectif. Le faux appel, le mouvement, la bonne passe au bon moment et le soupçon de précision et de concentration qui font la différence, une bénédiction pour un sport dans lequel tous les gens de moins de 2m10 sont de toute façon handicapés.
Et vous, vous allez suivre les Paralympiques?
Source : le blog de Topito sur Yahoo