Prendre le train quotidiennement, c'est faire partie d'une grande famille. Mais s'il devait y avoir un danger, on sauverait notre peau comme un blaireau qui défend son terrier, faut pas se leurrer. Dans ce milieu où le simple fait de parler ou de sourire est synonyme d'agression, il est plus que nécessaire de s'adapter au troupeau. Et rapidement. Pour ne pas faire partie de cette bande de petits contestataires qu'on souhaiterait couvrir de bisous pour mieux les tuer ensuite. Vous les avez forcément croisés un jour :
- Celui qui parle fort : donner un récital en pleine heure de pointe, ça dérange. Non content d'être bruyant, il est aussi bavard. La combinaison ultime qui vous donne envie de mourir instantanément. Mais ce serait trop de sacrifice pour un tel personnage.
- La grand-mère désagréable : quand elle repère une place, l'âge et les rhumatismes ne sont plus un handicap. Elle se faufile avec une étrange rapidité dans les allées, pour vous la chouraver sous le nez, quitte à user de sa canne s'il le faut. Dans le cas où vous lui cédez volontairement votre place, vous pouvez toujours crever pour récolter un "merci".
- La dame un peu trop sociable : beaucoup trop. Elle n'en est pas à son premier voyage en train et cherche une proie facile avec qui elle pourra discuter pendant ce long trajet. Elle utilise une stratégie bien huilée qui consiste à demander naïvement si le train s'arrête bien à Melun. Pour ensuite ne plus vous lâcher la grappe et vous parler des dégâts que la pluie a causés dans son pavillon.
- Le bébé : quand vous le repérez, il est déjà trop tard. Il finira automatiquement par hurler et vous le savez. Le plus angoissant, c'est de savoir quand.
- Le pervers-lourdingue : qui regarde tout ce qui ressemble vaguement à une femme, des seins ou des fesses. Il vous dégoûte, mais lui ne l'entend pas de cette oreille, question de fierté. Il est persuadé de vous charmer en vous fixant et en se mordouillant les lèvres.
- L'outre à vin : qui parfume l'air d'une douce odeur de vinasse bon marché quand il passe dans les allées, et qui donne l'impression d'être assis à côté d'une bouteille de Merlot.
- Celui qui a des vers dans le cul : il lui est impossible de rester assis sans bouger. Il vérifiera deux ou trois fois si son portable est bien dans son sac, en jouant des coudes, ça va de soi. Il shootera également dans vos pieds et prendra un malin plaisir à retirer son manteau une fois que tout le monde sera installé.
- Le voyageur malade : le plus célèbre. Il hante les gares et se manifeste assez régulièrement pour qu'on le garde toujours dans un coin de notre tête. Personne ne l'a jamais vu, mais tout le monde soupçonne tout le monde. Il attaque quand on s'y attend le moins et veut qu'on se souvienne de lui.
- Le kéké-lascard : fin mélomane, il aime par dessus tout partager avec vous son goût pour la bonne musique. Le kéké a aussi des amis, qu'il appelle très souvent, et un quota de "bâtard" et "je m'en bats les couilles" à placer dans ses conversations téléphoniques.
- Le raleur : un rien l'énerve et pour lui, tout le monde est incompétent. Si le train est retenu à quai pour un problème quelconque, ce sera le premier à récupérer sa mallette et à quitter la rame en grognant. Ses phrases préférées : "c'est n'importe quoi","c'est scandaleux"et "on est mal assis".
- Le retardataire : il veut CE train là et pas un autre. Alors il court comme un mort de faim tout en sachant qu'il en a un autre dans 10min. Le signal de fermeture des portes ne l'intimide pas, et c'est avec un certain courage qu'il se jette dans le premier wagon et se fait prendre en sandwich, bloquant ainsi le mécanisme. Les autres retardataires qui s'étaient fait une raison voient là une seconde chance de se ruer à leur tour dans le wagon.
- Celui qui est dans le pâté : et qui ne demande qu'un peu de douceur et de réconfort après un réveil plus que traumatisant. En chaque siège, il voit un substitut de lit. Il sursaute au moindre virage et prend involontairement appui contre son voisin. Il s'excusera dans la foulée, mais recommencera aussitôt.
Et vous, quels sont les spécimens qui illuminent votre journée ?