« Tout ce qui néo est forcément de la merde ». Cette citation du regretté Lemmy Kilmister résume parfaitement l'animosité que le néo-metal a su s'attirer. Aujourd'hui moqué, il fut néanmoins pour beaucoup d'entre nous très important. Et si on n'écoute plus Limp Bizkit, Korn, Drowning Pool ou P.O.D autant qu'avant, c'est avec une certaine tendresse qu'on repense à cette époque...
- Le fameux bouc
Pas de moustaches dans le néo-metal, mais beaucoup de boucs ! Des touffes de poils regroupées (de temps en temps colorées) sur la pointe du menton, parfois réunies en tresse avec un maximum d'élastiques, comme chez le bassiste de System Of A Down. Ainsi, le bouc devenait l'expression même d'un style affirmé, donnant lieu à de nombreuses exubérances. Le pire du pire étant les boucs déplumés, fièrement portés par ceux qui assumaient leur pilosité capricieuse.
- Des coiffures improbables
On trouvait de tout. Du gras bien filasse, des colorations et des décolorations, du crane chauve à la Disturbed et bien sûr, le fin du fin, les fameuses constructions capillaires nécessitant l'usage d'un tube entier de gel méga puissant tous les matins, le néo-metal a mine de rien bousillé un nombre incalculable de chevelures. Les spikes à la Mudvayne étaient aussi très populaires. Même Rob Flynn de Machine Head s'y est essayé et doit aujourd'hui, comme nous tous, s'en mordre les doigts.
- Les baggys
Même si ils n'ont bien sûr pas totalement disparu, les baggys n'ont jamais été plus spectaculaires que depuis l'extinction du néo-métal. Gigantesque, donnant l'impression de porter un sac à patates noué au niveau des cuisses, très encombrant quand il s'agissait de courir (on ne courrait donc jamais, car courir c'était bon pour les loosers de sportifs et leurs flottants ridicules), les baggys aujourd'hui remisés dans les armoires se devaient d'être à l'opposé du slim, nous donnant l'impression d'avoir des jambes anormalement courtes...
- Les maillots de sport
À l'image de musiciens comme Reginald Arvizu de Korn, beaucoup de fans de néo-metal optaient volontiers pour le maillot de sport, avec une nette préférence pour les t-shirts (hyper larges eux aussi) de hockey, de base-ball ou de basket. À tel point que certains groupes comme Slipknot ont carrément sorti des maillots à leur effigie.
- Les chaussettes tirées jusqu'au genou et les sneakers qui vont avec
Quel fan de néo-métal digne de ce nom aurait eu l'idée de porter des boots ? Et les chaussettes alors, pourquoi les cacher ? L'été, ou même l'hiver pour les moins frileux, c'était baggy court, chaussettes remontées à fond et sneakers bien visibles ! - Les piercings et boucles d'oreille
Les plus populaires ? Les piercings à l'arcade, aujourd'hui rebouchés pour la plupart et au labret, comme Christina Aguilera, qui a d'ailleurs du choper l'idée chez Fred Durst quand les deux fricotaient, en plein âge d'or du néo-metal.
- Aduler Fred Durst
Que ceux qui n'ont pas aimé Fred Durst entre 1997 et 2003 lèvent la main ! Un type qui a incarné un peu à lui tout seul toute l'essence du genre. Plus grande gueule que Jonathan Davis, plus grand public aussi, Fred Durst a tout fait, y compris le pire (rappelez-vous la reprise de Behind Blue Eyes de The Who). Ainsi, si Limp Bizkit a contribué à la montée en puissance du néo-metal, il a aussi largement joué un rôle dans sa disparition. Depuis, Durst a bien essayé de rempiler et si la musique n'est pas si mauvaise que prévue, voire plutôt bonne, le succès n'est pas aussi flamboyant. Pour info, Durst réalise également des films qui sont d'ailleurs plutôt bon. - Préférer Jonathan Davis
Davis, c'était un peu l'ange noir du néo-metal. Le mec dépressif, un peu taré, ultra looké, qui pouvait à la fois faire une chanson sur Adidas et flirter avec le glauque, au rythme d'albums de KoRn salués par le plus grand nombre, dont la plupart ont mieux vieilli que beaucoup d'autres de la concurrence. Toujours au bord du gouffre, torturé à souhait, Davis incarnait tout ce que Fred Durst n'était pas. Et ça, pour beaucoup d'adolescents mal dans leur peau, ça ne comptait pas pour du beurre. - Écouter en boucle l'album The Burning Red de Machine Head
On se demande aujourd'hui ce qui est passé par la tête des mecs de Machine Head pour qu'ils aillent enregistrer un truc pareil, tournant le dos à une imagerie forgée depuis leurs débuts. Embrassant certains des codes du néo-metal, Robb Flynn et sa troupe ont depuis fait amende honorable.
- Bonus : Vomir au moindre solo de guitare
Combien de morceaux de pur néo-metal comptent un solo de guitare ? Réponse : aucun (ou presque). Totalement hors-sujet, la guitare se devait d'être au service du flow du chanteur, bien lourde et grasse si possible, mais pas du tout virtuose. Du moins à condition que cela ne se voit pas trop. En soi, une façon comme une autre de répudier les codes du heavy metal à l'ancienne et de tourner une page afin de s'affirmer comme un mouvement à part entière.
Quelqu'un écoute encore du néo-metal dans la salle ? (on ne juge pas)