Ils sont là, tapis dans l’ombre, derrière leurs masques de méchants, à rire sous cape (parce qu’ils ont des capes), tous puissants, tous riches, tous à hurler de bonheur à l’idée de dominer le monde et de nous tuer tous. Mais on ne sait pas qui ils sont tellement qu’ils sont cachés et méchants, et qu’ils nous font du mal en secret, les salauds.
Le Bohemian Club
Créé par des journalistes du San Francisco Examiner en 1972, le Bohemian Club est un club ultra conservateur de l’élité américaine. Il comprend 2000 membres tous masculins, principalement américains mais surtout bourrés de fric. Le club se réunit une fois par an, à la fin du mois de juillet dans un manoir, le Bohemian Grove. Si les gens sont aussi riches, c’est aussi que la cotis’ est quand même de 25.000 dollars tranquille et la liste d’attente de 21 ans, tout simplement. A chaque début de session annuelle, les membres procèdent au Cremation of care, avec des rites druidiques au bord d’un lac artificiel ; tout est bizarre : statue de hibou de 12 mètres qui parle, cercueil à la dérive, effigie d’enfant brûlée sur un bûcher, le tout à des fins de diffusion des idées conservatrices.
Les Skull and Bones
Crâne et Os : une société secrète à la cool, qu’on appelle aussi la Fraternité de la Mort et qui a vu le jour à Yale en 1832. Les membres de la société constituent l’élite des étudiants et, comme on est à Yale, la future élite de la nation. C’est une fraternité politique, mais qui se refuse au clivage politique classique et met en avant la dialectique (bref, on doit bien se faire chier pendant les séances avant les agapes) ; mais le but est quand même de dominer le monde politique, en créant des réseaux très puissants à la fois horizontaux et verticaux. Parmi les membres, on retrouve les noms de toutes les familles les plus puissantes des Etats-Unis, dont les Rockfeller, par exemple, ou les Goodyear ; et bien sûr de grands noms de la politique, dont le père Bush ou John Kerry.
Le Scroll and Key
Encore une société secrète fondée à Yale, comme scission de la Skull and Bones, cette fois-ci en 1842. Alors y’a plein de rites : à la clôture des sessions, on chante la chanson du Troubadour, on utilise un alphabet secret et des symboles, et il existe des réunions annuelles secrètes qu’on appelle les sessions-Z. Le but est le même que pour les autres sociétés : avoir une influence sur la société, mais la Scroll and Key est plus orientée autour des artistes, avec notamment la présence de Cole Porter ou de l’auteur de BD Gary Trudeau ou le réalisateur George Roy Hill parmi ses membres.
Le Broederbond
Cette organisation fraternelle a été créée pour la promotion des intérêts des Afrikaners en Afrique du Sud à la fin des années 30. De 1948 à 1994, l’ensemble de l’élite politique, militaire, ecclésiastique, enseignante et policière faisait partie de la société : toutes les décisions importantes prises par le gouvernement étaient débattues préalablement au sein du Broederbond, y compris le démantèlement de l’appartheid. A partir de ce moment-là, la société s’est ouverte aux noirs et aux femmes. Dans la foulée, le Broederbond a levé son secret, changé de nom et est devenu une organisation non politique visant à fluidifier les échanges dans la société sud-africaine.
Le Ching Pan
Le Ching Pan est une société secrète chinoise créée à la fin du XIX° siècle, très active lors du renversement des mandchous, dont le fonctionnement calqué sur le celui de la franc-maçonnerie. Le Ching Pan a pris une part active dans la lutte entre Tchang Kai-Tchek et les communistes et compte désormais une importante composante taïwanaise parmi ses membres, lesquels sont tous haut-placés dans l’armée et la marine taïwanaise. Mais le Ching Pan est très secret et il est difficile de connaître précisément son fonctionnement et l’état de ses adhésions.
La Foresters Friendly Society
On change d’ambiance avec cette amicale de forestiers créée en 1834 en Angleterre, dans le Yorkshire. La société est très active, puisqu’elle compte plus de 75.000 membres qui essaient de promouvoir via un système de réseau les intérêts des forestiers, avec une ouverture désormais aux problématiques environnementales et durables. Un genre de lobbying grâce aux contacts internes. La société pratique un rite d’initiation forestier assez bizarre et fournit à ses membres des polices d’assurance, un peu comme une boîte.
La Sacra corona unita
Oui, c’est une société secrète, mais c’est surtout une mafia. Fondée en 1981 depuis la prison de Trani, la Sacra corona unita agit dans les Pouilles en toute indépendance. La Sacra corona unita a réussi à défendre son territoire contre les autres mafias, notamment la Cosa nostra. La SCU a été reconnue comme une organisation mafieuse après avoir réalisé des attentats contre des tribunax à Lecce au début des années 90. Le rite d’entrée nécessite de prêter un serment sur une pointe de poignard baignée de sang. Le chiffre d’affaires de la SCU est de 10 milliards d’euros et l’organisation compte sur un grand nombre d’entreprises amies qui lui permettent de blanchir son argent.
La Société d'étudiants Helvétia
Cette société d’étudiants promeut la patrie, l’amitié et le progrès. Elle possède des antennes dans toute la Suisse, même si elle est beaucoup moins puissante qu’à sa fondation puisqu’elle ne compte plus qu’une centaine de membres actifs. Les membres sont exclusivement des hommes et l’adhésion se fait à vie. L’idée originelle était d’œuvrer pour la création d’une nation suisse. Aujourd’hui, la volonté libérale de l’organisation, issue d’une scission avec une organisation antérieure plus conservatrice, a un peu perdu pied au profit de la création d’un club de pensées entre gens riches. D’ailleurs, Sepp Blatter est passé par les rangs d’Helvétia.
La Stella Matutina
Cette société secrète fondée par Yeats en 1905 avait pour but de défendre une vision moins fermée de l’occultisme que celle pratiquée par L’Ordre hermétique de l’Aube dorée, aujourd’hui disparu, au tournant du siècle dernier. La société existe théoriquement encore mais est quasiment inactive depuis les années 70 malgré des tentatives pour la relancer en l’orientant davantage vers une sorte de société commémorant Yeats lui-même.
L'Ordo Templi Orientis
« Fais ce que tu voudras sera le tout de la loi ». Voilà en gros l’idée défendue par l’Ordo Templi Orientis, fondée au début du XX° siècle. L’Ordre reprend la structure de la franc-maçonnerie et comprend une branche religieuse catholique. Environ 500.000 personnes sont membres de la société, la moitié aux Etats-Unis, et celle-ci est considérée comme une secte en France. L’initiation se fait selon 13 étapes nommées grades et l’objectif déclaré est d’instruire le monde via allégories et symboles pour aider chacun à découvrir son identité. Ouais, une secte en fait.