Se lancer dans une série télé, c'est une lourde décision, un investissement en temps sur lequel on attend un retour. Réaliser au bout de 8 ou 9 épisodes qu'on est en train de regarder une merde au lieu de voir grandir ses enfants (ou de les faire), c'est cruel. Fort heureusement, il existe des indices qui, dès le pilote, vous permettent de déterminer si une série porte encore un peu d'espoir ou si vous êtes définitivement devant une escroquerie télévisuelle. S01E01, "Play", et on commence à cocher.
- Un air de déjà vu
Vous avez aimé Rome, jetez un œil sur Spartacus. Vous avez aimé Mad Men ? jetez-vous sur PanAm! Okokok... vous vous êtes fait avoir deux ou trois fois, alors méfiez vous un peu des prochaines séries de zombies, d'évasion de prison ou d'île mystérieuse. - De la musique tout le temps
Que ce soit un tapis de claviers en fond des dernières saisons de Prison Break ("Tremble téléspectateur, on a mis de la musique qui fait peur!") ou une une guitare enjouée venant ponctuée les bons mots de Courteney Cox dans Cougar Town ("Ris de bon cœur, téléspectateur, tu viens d'assister à un gag!"), les mauvaises séries comptent sur l'habillage musical pour indiquer aux sceptiques comment réagir. Ce n'est jamais bon signe. Dans The Wire, point de musique en dehors du générique, CQFD. - L'adaptation en série d'un film
Un indice tout simple : si les acteurs et le réalisateur du film original ne se sont pas mouillés, c'est louche. Nikita, Terminator, Robocop, Stargate... Bien souvent, soyez honnête, vous auriez mieux fait de vous refaire le DVD. - Du recyclage d'acteur
Qu'un acteur se retrouve dans une nouvelle production, admettons, mais quand vous passez l'essentiel du pilote à vous dire "mais bordel, où je l'ai vu lui ?" au lieu de suivre l'intrigue, ce n'est jamais bon. A ce petit jeu, Once Upon a Time se défend bien avec une distribution qui ressemble à un spectacle de charité tant il y a de visages connus. - Une présentation "Par les Créateurs de..."
"Les Créateurs de..." font en général le choix de rester anonyme. Et ce pluriel arrange bien du monde. LE créateur, on aurait pu le retrouver et lui demander ce qu'il a branlé. Mais LES créateurs, mystère. Dans le cas de "Breakout Kings par les créateurs de Prison Break", on parle en fait d'un scénariste et d'un producteur, dans le cas de Night Stalker : Le Guetteur, par les créateurs de X-files, il s'agit en fait d'un mec qui a bossé sur le scénario du film X-files, et absolument pas sur la série. - Un duo de héros inattendu, la "buddy-série"
C'est au moment où on voit le gros Hurley de Lost débarquer sur une scène de crime tenue par l'insipide Sarah Jones dans Alcatraz qu'on réalise que J.J. Abrams est en train de nous prendre pour des cons. Il nous avait déjà fait le coup avec Fringe. Les séries de "buddies", on n'en fait plus depuis Deux Flics à Miami et Amicalement Votre. - La reprise de série
Dallas, K-2000, Hawai Police d’État, V, Beverly Hills, Charlie's Angels, Melrose Place... Si vous êtes encore déçu par un "reboot", vous n'aurez aucune excuse, vous êtes plus que prévenus. - Une coproduction internationale
La Américains savent faire de bonnes séries. Les Anglais et les Danois aussi. Les Français se cherchent et commencent à se trouver. Mais quand tout ce petit monde s'associent et cherchent à plaire à son propre public, ça donne le "Astérix aux Jeux Olympiques" de la série télé : Le Transporteur, série franco-germano-canado-britanno-américaine, Les Tudors, série canado-irlandaise... Peut-être qu'en fait, c'est le Canada le problème... - Des rires et des réactions enregistrées
Comme pour la musique, les réactions du publics doivent orienter le sentiment du téléspectateur trop con pour comprendre ce qu'il regarde. Si les rires enregistrés peuvent être présent sur de bonnes sitcom (Seinfeld, The IT Crowd), les "WOUUUUUUUH" quand un personnage lâche une réplique assassine et les "OUAIIIIIS" suivis d'applaudissements quand deux protagonistes s'embrassent ou quand un guest fait son apparition, c'est impardonnable. - Les bastons qui sentent un peu trop le kung-fu
Dès le premier affrontement dans Révolution, vous savez qu'il serait plus sage de laisser tomber. Christian Slater est un peu trop agile pour être honnête dans Mon Meilleur Ennemi et ça tatanne un peu trop dans la nouvelle mouture de Charlie's Angel. Au premier high-kick, passe ton chemin. C'est ce qu'on a tous fait pour Painkiller Jane. - (bonus) Les séries qui cumulent
L'Immortelle, suite de la série Highlander et adaptation du film du même nom, avec un ancien second rôle de Parker Lewis, co-production franco-canadienne, une saison, on n'en parle plus. Pile ce qu'il fallait pour "La Trilogie du Samedi sur M6". Nikita réalise à peu près le même combo, bravo à elle.
Et vous, vous arrivez à repérer les séries pourries dès le pilote ?