Dans ton souvenir, le collège était un long moment d’agonie au cours duquel tu étais cerné par les poussées d’acné, les vents des personnes avec qui tu voulais sortir et les moqueries des autres ; mais ton gosse ne vit pas la même expérience : apparemment, lui, il est très heureux au collège, en tous les cas beaucoup plus qu’avec ses « cons de parents qui comprennent rien à rien ». Bon. Il y a des conclusions à en tirer.
Il/elle s'habille bien (enfin tout est relatif)
En tous les cas, tu ne l’entends jamais dire « Y’a machin qui s’est moqué de mes chaussures orthopédiques et les a jetées dans les toilettes après le cours d’EPS ». Ni « Kevin m’a traité de clodo ». En général, c’est bon signe.
Il/elle est entouré d'un minimum de 10 congénères à chaque récré ; pareil à la sortie
Tous ces congénères le regardent avec un air d’envie comme si ton gosse était Ryan Gosling en version acnéique.
Il/elle a des notes plutôt moyennes
« Tu comprends papa, je peux pas à la fois gérer un réseau d’amitiés fortes, entretenir des relations, et réviser les maths comme il faut : c’est juste pas possible. »
Il/elle tellement insolent que tu te demandes parfois s'il est de toi
Sa popularité lui a fait naître un melon transgénique. Tu t’es retrouvé à comparer son visage à celui de Sarko pour être sûr que c’était pas une erreur de maternité.
Vous êtes souvent convoqués par le dirlo parce qu'il ambiance un peu trop la classe
Son imitation du prof de latin borgne et dépressif a mal tourné. Non pas qu’il l’imitait mal, mais dans « dépressif », il y a « dépression », et dans « dépression » il y a « arrêt maladie » et dans « arrêt maladie » il n’y a plus de cours de latin.
Il/elle est invité à toutes les fêtes des potes
Ca commence à coûter cher en cadeaux, ces conneries. Mais comme il est programmé pour qu’on lui offre des téléphones portables à des soirées open bar dans des grands hôtels, il trouve ça normal, lui.
Quand on lui demande ce qu'il ou elle veut faire plus tard, elle répond "people"
T’as ressorti le Quid pour lui prouver que « people » n’était pas un métier ; malheureusement, à l’époque du Quid, le mot « people » n’existait pas.
Il/elle lit de plus en plus de trucs sur la royauté dans le monde
Et c’est plus l’ambiance robe de princesse de quand le gosse avait 5 ans. C’est plutôt comme s’il révisait qui est qui en prévision des invitations à venir. (Au moins, ça lui fera remonter sa moyenne en histoire, parce que c’est pas terrible terrible, tout ça).
Mais pas trop quand même, parce qu'il faudrait pas virer intello
Intello et populaire, c’est incompatible.
D'ailleurs, il/elle traite les gens d'intellos comme si c'était une insulte
« Cet intello de prof d’histoire, là ! »
Euh, mon petit Patrick, tu sais qu’intello, c’est pas synonyme de nazi, hein ?
Envoie le à l’usine un été, voir s’il est aussi populaire qu’en cours.