Après les signes évidents trahissant des études scientifiques, poursuivons la stigmatisation de la population étudiante avec les signes évidents d'une inscription en fac de langues orientales. Et si vous aviez encore des doutes, il serait temps de s'en apercevoir. Voici donc les dix signes qui ne trompent pas quant à votre orientation en langues orientales, un monde à part complètement dépaysant, auquel on ne s'habitue jamais vraiment. Ce qui est plutôt une bonne chose.
- Le nombre impressionnant de vieux au m²
Prolifération cacochyme qui donne même l'impression d'être stagiaire dans un hospice. On serait presque tenté-e de signaler à toutes ces personnes en cessation d'activité surgies des tréfonds de nulle part, tuant le temps en attendant la mort (imminente) durant un TD d'ethno-linguistique, qu'il n'y a pas de distribution de Flamby à 16 heures. - L'incompréhension totale ou la barrière culturelle
Il suffit d'étudier une langue orientale pour que le reste du monde vous demande si vous parlez chinois. L'étude des langues orientales implique un syllogisme universel: si vous étudiez le coréen, vous savez forcément dire des trucs en chinois. Ben si, vous savez dire des trucs en mandarin, forcément. Allez, tu comprends ce qu'il dit Jacky Chan? Cet état de fait est navrant, quelque soit la langue étudiée. - La proportion impressionnante de filles
Comme pour toutes les matières dites "littéraires", ou "sciences humaines", la population féminine est sur-représentée. L'avantage, pour les filles, c'est la garantie de ne jamais connaître la pénurie de tampons. L'inconvénient, ce sont les quelques représentants masculins, qui sont en général (pas tous, mais une bonne majorité tout de même) inscrits dans une perspective copulatoire ethnocentrée: en clair, la chasse à la jeune fille asiatique. Les clichés ont la dent dure. - Le prédateur érudit d'âge moyen rôdant dans le coin
Ce monsieur à la réputation de pervers avéré, qui reprend vaguement un master d'on ne sait trop quoi, vient tenir le crachoir exclusivement aux plus jolies étudiantes. Et leur proposer une soirée diapo de son voyage en Asie. - La jalousie des autres étudiants
Les camarades inscrits en socio/éco/droit/autre vous traitent de crâneur-se parce que vous avez pris l'habitude de pratiquer intensément la langue que vous apprenez tous les jours, et que parfois, vous leur répondez en coréen/japonais/sanskrit/ourdou sans le faire exprès. (Mais vous vous la racontez un peu quand même, il faut bien l'admettre). Parfois, ce sont eux qui poussent le vice en demandant "vas-y dis nous un truc en chinois, quoi t'apprends le coréen, ben c'est pareil, non ?" Non. - La dépréciation de sa matière
Les maths faisant référence à de très lointaines pratiques de torture mentale dans votre esprit au point que pour vous, un facteur ne peut désigner qu'Olivier Besancenot, vous êtes donc rangé-e d'office dans la catégorie des études inutiles, par opposition aux sciences dites dures. On vous demande souvent à quoi servent vos études. Par conséquent, vous vous inscrivez en cours de langage universel de batte de baseball afin d'être en mesure de produire une réponse appropriée. - Le soutien familial
Grand-Mère/Tata/Cousin Roger a ouï dire que vous étiez en fac de langues orientales, et garde précieusement un paquet d'articles ou documents de toute sorte concernant de près ou de loin (même parfois de plusieurs milliers de kilomètres, voire sur le continent indien, mais c'est pareil, non? Non.) l'Extrême Orient et ses mystères. C'est ainsi que vous êtes l'heureux-se bénéficiaire d'un reportage enregistré sur K7 traitant de la vente clandestine d'organes de caniches nains en Mandchourie au XVIe siècle. Le tout sous-titré en mandarin, mais tu comprends le chinois, maintenant, non? Non. - Le voyage à peu de frais
Rien qu'en allant à la fac, vous rencontrez des gens du monde en entier. Vous avez des correspondants au Venezuela, au Kazhakstan, en Mongolie, en Inde... ce qui est pratique quand vous ne disposez que d'une carte Orange pour vous déplacer. En revanche, pour tailler une bavette, vous êtes obligé-e de vous aligner sur plusieurs fuseaux horaires différents. Pas grave, vous dormirez en cours de chinois. Ou de coréen. C'est pareil, non ? - L'aventure financée par l'université
Vous avez réussi à obtenir un stage en Master, à vous les grands espaces, la découverte, la vie quoi. Vous allez donc être parachuté-e sur une destination surprise que vous découvrirez la veille du départ-temps qu'il aura fallu à l'administration de la fac pour envoyer votre dossier. Et une fois que vous aurez fait tous vos vaccins, renouvelé votre passeport et emballé vos affaires, vous découvrez non sans émotion que la destination mystérieuse, c'est le campus Erasme d'Anderlecht. Vous serez quand même dépaysé-e, de toutes façons, le flamand, c'est du chinois pour vous. - Les examens abstraits
Point n'est question d'une bonne vieille dissertation pour valider la fin de semestre. Vous devez "discuter" avec vos amis d'ailleurs-là-bas-très-loin. Quand vous êtes capable de commander une bière et que vous connaissez une centaine d'insultes dont vingt évoquent des pratiques sexuelles traditionnelles ancestrales, c'est que vous êtes prêt-e Petit Scarabée. Et vous pourrez alors être initié-e au Grand Mystère de l'étude de langues étrangères : la technique redoutable du "j'ai pas eu le temps de corriger votre compte-rendu sur votre papote avec votre correspondant chinois-coréen-c'est-pareil, si si c'est pareil, j'étais en séminaire en Mongolie".
Top écrit par BoRam