Si le concept de tueur en série en tant que tel date des années 60 ou 70, les mecs qui tuaient pour tuer ont toujours existé, depuis l’Antiquité la plus lointaine. Seul hic, la documentation n’est pas exactement la même en Chine médiévale et à San Francisco en 1974 : il est donc plus difficile de trouver des traces de ces personnages étranges, dont on ignore s’ils ont fait les frais d’une psychose des sorciers ou s’ils étaient réellement coupables. Toujours est-il que leurs histoires sont intéressantes.
Gilles de Rais
Compagnon d’armes de Jeanne d’Arc pendant la Guerre de Cent ans, le baron de Rais est promu maréchal de France en 1429 pour son apport à la levée du siège d’Orléans. En conflit avec Jean le Ferron quant à la propriété d’un château, de Rais fait arrêter son rival non sans avoir préalablement violé le sol d’une église pour y prendre des clercs en otage. Autant dire qu’il n’a pas bonne presse. C’est alors qu’une enquête est ouverte sur la base d’une rumeur : le baron aurait violé et tué énormément d’enfants. L’église et la justice s’emparent du dossier et de Rais est jugé en 1440. Accusé de rébellion, de pacte avec le diable et de sodomie (à l’époque toute pratique en dehors des clous), de Rais finit par avouer ses crimes. Evidemment, ses meurtres et viols d’enfants passent mal, mais moins mal tout de même que le supposé pacte passé par le baron avec le diable. De Rais termine sur le bûcher de Nantes.
Liu Pengli
On n’est pas tout à fait au Moyen-âge mais plus tout à fait à l’Antiquité, puisqu’on est déjà sous les Han, en Chine. Selon l’historien chinois Sima Qian, Liu Pengli était le prince de la province de Jidong. Sur ce royaume totalement artificiel, Pengli règne en maître. Il s’appuie sur des esclaves et des bandits pour piller, tuer, violer la population lui-même ou au travers de ses sbires. Les expéditions, totalement gratos, ont souvent lieu de nuit et la plupart des sujets préfèrent se terrer chez eux. Il faut attendre 30 ans pour que le fils d’une de ses victimes ait le courage de dénoncer les faits de Pengli à l’empereur, lequel le met immédiatement à pied et lui retire ses titres, après qu’une enquête a démontré qu’il y avait au moins 100 victimes.
Zu Shenatir
Au V° siècle, le noble Zu Shenatir vivait dans l’ancien Yémen. Son modus operandi, peu détaillé compte tenu de l’ancienneté des faits, consistait à attirer des jeunes garçons chez lui contre la promesse d’un peu d’argent et d’un bon repas. Ensuite, il les désapait, les violait, puis les tuait en les balançant par une fenêtre cachée. Tout ça a duré un petit moment, jusqu’au jour où une victime a eu l’intelligence de lui planter un couteau dans le corps. C’en était fini de Julie Zenatti euh de Zu Shenatir.
Peter Niers
Au départ, Niers était un bandit de grands chemins dans ce qui, à l’époque, ne s’appelait pas encore vraiment l’Allemagne : nous étions au XVI° siècle et il semait la terreur dans les campagnes avec son crew de voleurs et de vagabonds. Niers tuait les bergers qu’il croisait, violait les femmes, n’épargnait pas les enfants. En 1577, il est arrêté et avoue 75 meurtres, puis parvient à s’évader. A partir de là et jusqu’à son arrestation définitive, son histoire rejoint le mythe : on lui prête des pouvoirs surnaturels, décrit à son sujet des actes de cannibalisme ou de magie noire, on écrit des chansons qui racontent ses faits de gloire. Selon l’une de ces ballades, Niers aurait été arrêté alors qu’il se trouvait dans des bains publics. En fouillant son sac, des curieux auraient découvert des mains coupées et des foetus humains. Torturé, Niers a été démembré.
Peter Stumbb
Cette histoire allemande date du XVI° siècle, mais les faits en attestant ont été retrouvés à Londres en 1920, via une brochure d’une dizaine de pages. Stumbb était un fermier allemand très riche et unanimement respecté dans sa communauté. Jusqu’à ce qu’il soit rattrapé par une bonne vieille histoire de loup-garou. Selon la brochure, Stumbb aurait été arrêté après s’être cassé les dents en tentant de mordre une fillette au cou. Torturé, il aurait avoué s’être adonné à la magie noire et avoir tué et mangé 14 enfants et deux femmes enceintes. Sans compter tous les animaux dont il aurait bu le sang. Ecorché vif et soumis au supplice de la roue, Stumbb n’était pas forcément coupable pour autant : en pleines guerres de religion, il est tout à fait possible que Stumbb, protestant, ait fait les frais d’une justice politique et expiatoire.
Christman Genipperteinga
964 : c’est le nombre de victimes que l’on attribue à ce gentil petit bandit dont le bilan est moyen compatible avec son nom d’inspiration chrétienne. En plein Saint-Empire germanique, il était habité par le meurtre et espérait atteindre le chiffre symbolique de 1000 victimes. Entre 1568 et 1581 il a ainsi assassiné des hommes, des femmes, des enfants, transformant certaines de ses victimes en esclaves et les enfermant dans sa cave. Encore une fois, compte tenu de la période, ces faits semblent un peu dingues et ressemblent à une construction a posteriori. Mais bon, l’histoire est marrante. Plus que le supplice de la roue auquel Genipperteinga aurait été condamné.
Gilles Garnier
Surnommé le loup-garou de Dole, Garnier a tué et mangé deux filles et deux garçon. Cet ermite, qui vivait à l’écart de la ville de Dole, tuait la nuit puis mangeait les cuisses (et se conservait des petites parts de côté pour les durs mois d’hiver). Un jour, les villageois partirent à la recherche de ce qu’ils pensaient être un loup et tombèrent sur Garnier. Pour se défendre, Garnier explique avoir cherché à se nourrir lui et sa femme et avoir bénéficié de l’aide d’un sorcier qui lui avait offert une pommade à même de le transformer en loup. « SORCIER ! », qu’on cria. Bûcher, qu’on alluma.
Élisabeth Báthory
La dame sanglante de Csejte n’était pas une déconneuse à proprement parler. De nationalité hongroise mais sur l’actuel territoire slovaque, cette comtesse de haut rang aurait tué plusieurs jeunes femmes avec l’aide de ses complices une fois son mari mort. On racontait qu’elle se baignait dans le sang des filles mortes pour essayer de conserver sa jeunesse et sa beauté – on racontait toutes sortes de choses. La comtesse attirait apparemment des paysannes au château contre la promesse d’un travail et crac, ça faisait des Chocapic. Malheureusement, rien ne vient vraiment étayer ces affirmations, basées sur des témoignages populaires et seulement corroborées par des aveux obtenus sous la torture. La noblesse de la comtesse lui évita le bûcher. On la condamna à rester dans son château où elle mourut en 1614.
Björn Pétursson
Une auberge rouge en Islande. Pétursson aurait assassiné une dizaine de voyageurs qui faisaient halte dans son auberge, au XVI° siècle. Entre faits historiques et folklore, il est difficile de démêler le vrai du faux. Apparemment, les crimes de Pétursson étaient d’inspiration crapuleuse, mais bon. On lui aurait brisé les jambes avant de le décapiter après avoir retrouvé des cadavres dans son étable. Pas bien cachés, sans doute.
Tueur en série, en ancien français, ça se dit « SORCIIIIER ! »
Source : Listverse, Stéphane Bourgoin, Wikipédia