Picasso a bien eu sa période bleue. Oui. Mais c’était une période. Ce n’est pas forcément le cas des réalisateurs que nous mentionnons ici et qui sont obsédés par une couleur, une seule, et la casent partout. Ce qui est à la fois une forme de signature graphique et l’assurance que tous leurs films se ressembleront.
Jean-Pierre Jeunet et le jaune-vert
C’est simple, on a le sentiment que Jeunet passe son temps à regarder le monde à travers un intercalaire jaune. L’humanité entière transformée en Simpsons tirant sur le vert. Une obsession pour le pastis.
David Fincher et le vert-gris
Le bleu et le jaune se mélangent pour faire du vert ; ensuite, tous les arrières-plans sont gris. Couleur métallique en bichromie mate. Vous avez dit angoissant ?
Wes Anderson, chez qui tout est rosé
Du jaune rosé, du rouge rosé, des tons bonbecs ; et on ne parle pas que des murs des maisons et des robes des petites filles, on parle de la teinte de la lumière. Wes Anderson voit le monde à travers une fraise tagada.
Steven Spielberg et le bleu nuit
A partir des années 1980, Spielberg a décidé de tourner en bleu nuit (il vous suffit de vérifier en vous retaper les meilleurs films de Spielberg). Étonnamment, ensuite, J.J. Abrams a décidé de lui piquer sa palette de couleurs et de faire pareil.
Tim Burton et la bichromie noire-bleue
Burton passe son temps à contourner le noir et blanc en teintant son blanc de bleu, le plus souvent et en saturant ses niveaux. Une quasi-bichromie qu’on retrouve dans quasi tous ses films, la teinte bleue laissant parfois la place à du jaune ou du vert.
Francis Ford Coppola ou le sépia permanent
Pas tout à fait jaune, pas tout à fait rose : à partir du Parrain et au moins jusqu’à Twixt, en passant par Conversation secrète, Apocalypse now ou même Cotton Club, Coppola s’est totalement emparé du sépia, après un petit passage par la dominante bleue dans Les gens de la pluie, notamment.
Christopher Nolan ou le coup d'état du gris
Nolan a un tropisme gris. Il en fout partout : dans Inception, dans ses Batman, dans Memento, même dans Interstellar.
Tarantino, là où surnage le marron
Alors que ses films ont la réputation d’être pétaradants, les films de Tarantino sont en réalité dans des dominantes de tons marronnasses. Ca peut sembler étonnant, mais cela correspond aussi à l’influence très Sergio Leone qu’il revendique depuis le début de sa carrière.
(Bonus) Georges Méliès
Très noir et blanc, Méliès, très noir et blanc.
Voilà peut-être aussi pourquoi ils font partie des réalisateurs qu’on reconnait tout de suite.
Sources : Movies in color, The colors of Motion