Il est un endroit, à la frontière italo-suisse, qui est plus beau que le plus beau de tous les endroits du monde. Il est un endroit qui invite à boire continuellement du vin blanc en s’extasiant de sa beauté. Il est un endroit où le confort de vie a l’air d’excéder de loin tous les autres lieux de la planète. I que s’apelorio le Lac Majeur.
Parce que c'est d'une rare beauté
Les pré-Alpes comme autant de pains de sucre se découpant sur l’horizon du lac dans une brume légère : c’est une vision fantastique, à l’aube, au crépuscule et toute la journée. Quand le temps se dégage, on voit les sommets enneigés au loin. Un havre de quiétude et un bon endroit pour commettre un meurtre (sisi, voir l’entrée sur l’atmosphère mystérieuse).
Pour le palais Borromeo
Un palais baroque complètement dingue avec vue sur le lac où Bonaparte et Joséphine ont même passé une nuit en revenant d’Egypte. Kitchouille, couvert de tableaux fous, avec des paons et des statues étranges dans les jardins. Point négatif : c’est un peu cher ; point positif, c’est immanquable et très amusant à défaut d’être objectivement beau. On appréciera la devise des Borromée : « Humilitas », complètement en désaccord avec le faste de la déco.
Pour les jardins de la villa Taranto
16 hectares de jardins avec un fort dénivelé, avec une flore d’une diversité et d’une beauté rare. Située à Pallanza, la villa Taranto est accessible tout au long de l’année, mais c’est surtout au début de l’été que son jardin botanique impressionne par sa richesse et ses couleurs. On n’a même pas besoin de s’y connaître en jardinage pour apprécier.
Pour l'ambiance Belle époque
Ancienne destination ultra-touristique, le lac Majeur a peu à peu été déserté au profit de Côme et l’ambiance de station balnéaire surannée est restée figée dans le passé. Des hôtels au nom évocateur, des stores vénitiens, des balustrades en fer forgé, des balcons arrondis, un calme général… On se croirait quelque part entre la Belle époque et les années 1940. Les villages au bord du lac ont miraculeusement échappé à la frénésie de construction fasciste, et c’est tant mieux.
Pour la vue imprenable depuis le mont Mottarone
On monte dans des œufs pendant 20 longues minutes où l’on pense que l’on va mourir. Ensuite, on a un panorama à 180 degrés sur le lac dont on peut profiter avec un spritz sur une petite terrasse. Il y a pire.
Pour les petits restaurants de la isola dei pescatori
Plus petite des îles Borromée, avec ses rues enchevêtrées, l’île des pêcheurs, ou île supérieure, propose des petits restaurants très bons où l’on peut déguster des poissons du lac pour des prix raisonnables avec une bonne grosse bouteille de blanc italien. Plaisir plaisir bonheur bonheur.
Parce qu'on peut s'y baigner dans une eau turquoise
Ce n’est jamais désagréable.
Pour l'atmosphère mystérieuse
Quelque chose entre Hercule Poirot pour le côte meurtre au soleil et Modiano pour l’ambiance un peu désertique d’ancienne station balnéaire. On sent que l’on pourrait retrouver un cadavre, un matin, dans la brume ; à moins qu’il ne s’agisse seulement du cadavre de son passé. C’est cette légère brume… Quoiqu’il en soit, quand il faudra mener l’enquête, on le fera piano piano.
Pour la villa Giulia, à Pallanza
Une petite villa. Un grand jardin. Des chaises en fer forgé. La possibilité de boire un verre. Parfois, une fête électro. Un genre de Grand Train en version mieux. Et moins chère. Et en Italie.
Parce qu'on peut y assister au festival du film de Locarno
Bon, ce coup-ci, c’est côté Suisse. Mais c’est quand même le Cannes suisse, avec une appétence évidente pour le cinéma d’auteur. Plutôt cool. Plutôt glamour. Plutôt paillettes. Et un festival qui décerne des léopards d’or, ça vaut son pesant de cacahuètes.
Je meurs d’envie d’y retourner.