Vivre loin de ses parents quand on est grand, c’est bénéfique pour un tas de raisons (même si on a parfois du réapprendre à (sur)vivre avec nos parents en confinement). Mais s’il y a bien un truc chiant, c’est de recevoir des appels de papa et maman. SURTOUT EN CONFINEMENT. Déjà parce qu’on n’aime pas le téléphone, on s’est pas fait chier à être trois milliards sur Facebook pour devoir encore se parler au téléphone bordel ! Surtout que les raisons de nous appeler sont sensiblement toujours les mêmes…
"Alors comment ça se passe ton 856e jour de confinement ?"
Bah rien de plus qu’hier en fait. Et comme hier on s’est déjà eu au téléphone… comme tous les autres jours… Bah en fait c’est pareil quoi.
"Tante Jeannine est morte"
Et encore. Si c’est tante Jeannine à la rigueur on est content. Enfin, pas pour tata Jeannine qu’on aimait bien quand même mais parce que pour une fois, le décès annoncé correspond à une personne que tu as déjà croisé dans ta vie. D’habitude la rubrique nécro couvre tous les morts de la région donc c’est plus difficile de t’en soucier.
"Le pc/la box/l'imprimante ne marche pas"
Mais putain je suis pas mécano ! Moi aussi je galère avec un ordinateur ! Je suis la génération sacrifiée qui est née avec des ordinateurs sans jamais comprendre comment ça fonctionnait, est-ce vraiment bien nécessaire de me renvoyer à mon échec à chaque fois que le wi-fi déconne ? Et non putain on dit pas « la wi-fi » mais « LE WI-FI » !
"Dis donc, tu donnes pas beaucoup de nouvelles"
Moteur n° 1 des appels de parents à enfants : le manque de nouvelle. Que tu les appelles tous les semestres, tous les mois, toutes les semaines, ça suffira jamais. Alors moi je vous propose de les écœurer en les appelant 8 fois par jour pendant un mois. Certes c’est un peu coûteux physiquement mais avec un peu de chance ça devrait les vacciner définitivement de ton existence.
"On a un nouveau canapé"
Yes. Alors on est clairement sur le niveau 0.2 de l’échelle du Jmenbranle (le niveau zéro étant je m’en branle de manière absolue, et le niveau 10 étant je m’en branle de manière raisonnable et acceptable).
"La voisine a divorcé"
C’est le deuxième degré de motivation pour appeler son enfant après les décès. Le troisième degré c’est les mariages des enfants de leurs amis, et le quatrième degré c’est la naissance des enfants des cousins et cousines. Globalement, rien de très passionnant pour ta vie de chômeur freelance célibataire et sans enfant.
"T'as pensé à faire ta déclaration d'impôts ?"
Bah non évidemment j’y ai pas pensé. Sauf que j’ai fait exprès de ne pas y penser. Et que maintenant qu’on m’a rappelé que je devais payer mes impôts je n’ai plus aucune excuse pour ne pas payer mes impôts. Eux-mêmes savent que les parents vont le rappeler à leurs enfants. Les parents ont signé un contrat avec eux ces enfoirés, c’est sûr.
"Tu voudras manger quoi pour le repas de Noël ?"
En soi, la question est légitime. Le fait qu’on soit au mois de mai la rend un tout petit peu moins légitime.
"Dis donc, tu donnes pas beaucoup de nouvelles"
Oui bon ça va on a compris ça suffit maintenant.
"Ton père m'a largué pour sa secrétaire il a claqué tout ton héritage pour lui acheter un appart, je suis sous anti-dépresseurs depuis ma dernière TS"
« – Bon écoute maman là j’ai pas le temps j’ai un ciné qui commence dans 3 minutes, j’te rappelle dans un mois. Bisous. »
Souffrance éternelle. La prochaine sortez leur une énigme difficile au téléphone, ça devrait les calmer avant le prochain coup de fil.