Doctor Who a repris ce dimanche sur la BBC et la saison 11 va être diffusée sur France 4 à partir de jeudi soir en version originale sous-titrée. C’est une excellente nouvelle car Doctor Who est la meilleure série de l’Univers – contrairement à la Présidence de Emmanuel Macron par exemple, dont l’histoire s’épuise un peu au fur et à mesure – et voilà pourquoi.

C'est le concept le plus éclaté de la télé

Un extraterrestre (qui ressemble beaucoup à un être humain, épatante coïncidence) possède une machine à voyager dans le temps et dans l’espace, le TARDIS. Il se promène de planète en planète, d’époque en époque, avec un talent remarquable pour se mettre dans la mouise jusqu’aux genoux à peine arrivé à destination. Heureusement, cet extraterrestre n’est pas tout seul, puisqu’il est toujours accompagné de une ou plusieurs personnes bien de chez nous (chez nous = le Royaume-Uni, ne vous attendez pas à voir quelqu’un de la Creuse débarquer dans la série, le monde n’est pas prêt) qui lui permettent de garder les pieds sur terre. Chaque épisode est un prétexte pour voyager dans le temps, partir dans l’espace, découvrir des mondes impensables et voir ce qu’il s’y passe. Et où, en cas de problème, le Docteur intervient. Ca donne souvent des situations exceptionnelles, parfois drôles, parfois horrifiques, parfois émouvantes, souvent les trois à la fois, et donc des épisodes inoubliables.

C'est une série increvable

Le tout premier épisode de Doctor Who a été diffusé le 23 Novembre 1963. La série est donc plus vieille que la plupart des profs de maths que vous avez eu, mais elle est in-cre-va-ble. Le secret de cette longévité, c’est qu’à chaque fois que le Docteur est sur le point de mourir, il ne meurt pas vraiment mais change de corps. Cette filouterie scénaristique a été improvisée dans les années 60 et fait maintenant partie de la mythologie de la série si bien qu’à ce jour, plus de 13 acteurs ont incarné le Docteur. Et si la saison 11 qui commence cette semaine est très attendue, c’est que pour la première fois, le Docteur est incarnée par une femme : Jodie Whittaker (Broadchurch) (elle est géniale) (j’ai vu l’épisode et je l’aime tellement déjà)

Ce contenu n'existe plus

Il n'a pas souffert, promis

Ça ne se prend jamais au sérieux

Doctor Who, c’est kitsch, les extraterrestres sont parfois ridicules – les créatures les plus emblématiques s’appellent les Daleks et ce sont globalement des boites de conserve géantes à roulette avec un débouche-évier à la place du bras droit – mais c’est pas grave. C’est une série légère, pleine de merveilleux et de bonne humeur parsemée de moments graves, tristes et terrifiants, contrairement à beaucoup d’autres séries qui font souvent l’inverse. Après, on parle d’une série où la machine à voyage dans le temps et dans l’espace prend l’apparence d’une cabine de police anglaise plus grande à l’intérieure qu’à l’extérieur – comme les tentes dans Harry Potter et la Coupe de Feu, comme quoi J.K Rowling n’a rien inventé – alors une fois que vous avez accepté ça, tout est possible…

Vous pouvez commencer par n'importe quel épisode

Les fans vous diront qu’il faut commencer par la saison 1, celle de 2005, avec Christopher Eccleston. Ils auront raison. Les puristes vous diront qu’ils faut commencer par le TOUT PREMIER épisode, celui de 1963. Ils ont raison aussi, mais personne n’a assez de temps libre. En vrai, si vous voulez tester la série, presque tous les épisodes peuvent convenir. Ils sont presque tous indépendants, et surtout, ils respectent tous la même promesse d’aventures et d’émerveillement. Même si vous ne comprenez pas tout, vous allez très vite savoir si vous accrochez au rythme, au ton, à l’ambiance… Après, libre à vous de commencer dans l’ordre que vous voulez. Si vous regardez sur Netflix, par exemple, la série commence à partir de la saison 5. Vous pouvez commencer par là. La saison 11 est aussi un excellent point de départ, tout est nouveau, et vous n’allez pas être perdus si vous attaquez par là. Promis. Juré. Donc tout le monde a raison, sauf ceux qui disent « Ohlala j’ai 10 saisons à rattrapper avant de voir la 11 ??? », eux, non, c’est du pipeau, mais comme aucune autre série ne fonctionne comme ça, on ne peut que les comprendre.

C'est le bingo des acteurs anglais

David Tennant (10e Docteur) a joué dans Harry Potter et Jessica Jones. Matt Smith (11e Docteur) était le Prince Philippe et a joué dans Terminator. Peter Capaldi (12e) est partout. Et je ne vous parle pas des seconds rôles qui ont tous joué dans Harry Potter ou Downton Abbey. Il y a un proverbe qui dit « Tu n’es pas un vrai acteur anglais si tu n’as pas joué dans Doctor Who » (c’est pas un vrai proverbe, je viens de l’inventer) (mais c’est une dure réalité pour la profession).

La série est magique

Doctor Who est célèbre pour avoir moins de budget que les grandes séries HBO ou Netflix. Si ce décalage se voyait encore il y a quelques années, la production est sérieusement montée en grade avec le temps. La série n’est vraiment passée en HD qu’avec la saison 5, et à partir de là, chaque saison est devenue plus belle que la précédente. Depuis la saison 9, Doctor Who regorge de plans à couper le souffle, et même le premier épisode la saison 11, « The Woman Who Fell To Earth », qui se déroule pourtant dans une ville moyenne d’Angleterre, est plus beau que beaucoup, beaucoup de séries qui tournent en ce moment.

Peter Jackson veut tourner un épisode

Et pardon mais moi le jour où le réalisateur du Seigneur des Anneaux veut commencer à filmer mes vacances au ski, je pense que j’aurai atteint un niveau dans ma vie qui sera pas dégueu.

La musique est canon

Doctor Who fait partie de ces séries qui sont blindées de musiques identifiables en une poignée de secondes et qui vont vous marquer à vie. Un peu comme Vegedream, mais sans les paroles. Vous avez déjà sûrement entendu le générique de Doctor Who à plein de reprises sans vous en rendre compte. Elle a déjà été jouée par un orchestre officiellement à Londres, reprise par un groupe électro… Iconique, je vous dis.

Pour les fans, deux mots : Vale. Decem.

Tout le monde dans l'Univers a un accent britannique

Que ce soit l’accent très anglais de Matt Smith ou David Tennant, les tons un brin écossais de Peter Capaldi ou les variations du nord de l’Angleterre de Christopher Eccleston et Jodie Whittaker, les accents britanniques sont les plus beaux accents du monde et ça fait TELLEMENT plaisir de s’en envoyer par saisons entières. Je SAIS qu’il existe une myriade d’autres séries dans lesquelles on peut profiter de ces accents, mais quand même. Un extraterrestre qui parle avec l’accent londonien, excusez-moi, mais on a jamais rien fait de mieux.

Il n'existe aucune série comme Doctor Who

Doctor Who est la série la plus improbable du monde, trop longue, trop kitsch, trop populaire pour être de la SF, trop fantastique et merveilleuse pour être un soap-opéra. C’est un hybride impossible qui ne correspond à aucun standard, qui ne répond à aucun formatage, qui n’a jamais eu aucun sens… et c’est malgré tout une des plus anciennes séries du monde, un monument ancré dans la culture britannique, une des rares séries qui peut réunir toute la famille, qui fait rire, trembler, qui émeut et surprend à faire rêver comme peu d’autres y arrivent. C’est une série qui expérimente avec le coeur, qui n’a pas peur de prendre des risques et d’aller là où personne n’aurait eu l’idée d’aller. C’est peut-être pour ça que c’est la meilleure série du monde : elle est aussi improbable que nous le sommes nous-même. Elle nous fait rencontrer Vincent Van Gogh un instant et nous fait visiter la plus grande bibliothèque de l’Univers l’instant d’après. Elle nous plonge dans les plus sombres heures de la plus sombre des guerres, puis nous fait découvrir des espaces et des époques que nous n’aurions jamais soupçonnées. Doctor Who est une invitation au voyage chaotique, bordélique, généreuse, bienveillante et qui ne s’éteindra jamais. Et le propre des invitations au voyage, c’est qu’elles ne périment jamais. Vous pouvez les accepter à tout instant.

Doctor Who, c’est comme une pizza. Quand c’est bon, c’est vraiment très bon. Et quand c’est pas bon, c’est pas grave, ça fait plaisir quand même.